𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟔

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˚⊱ On ne réalise pas la valeur d'un moment, jusqu'à ce qu'il ne devienne un souvenir.⊰˚











IFE






Je me faufile entre les étroites allées de cette épicerie nocturne , la liste d'articles griffonnée par Solveig est serrée dans ma main.

Arrivé devant l'étalage des boissons alcoolisées, je m'arrête, les yeux scrutant les bouteilles disposées. Son Jack Daniel's doit bien être là quelque part.

À travers la vitre légèrement embuée, je distingue un groupe stationnant sur le parking. Parmi eux, Archibald.

Il est là, devant moi, bien portant, en train de rigoler avec ses amis comme si de rien n'était. Comme s'il ne m'avait pas agressée ce soir-là. Comme s'il ne m'avait pas détruite...

Le voir comme ça tandis que j'ai rêvé de mourir tellement de fois, que j'ai tenté de mettre fin à mes jours un nombre incalculable de fois quand personne ne regardait, m'énerve au plus haut point.

Le monde autour de moi semble se rétrécir, se concentrant uniquement sur cette figure qui incarne toutes mes souffrances.

Comment peut-il être si léger quand je me sens si lourde, si brisée?

Une sueur froide perle sur mon front, glissant lentement le long de ma tempe, tandis que mes entrailles se tordent.

Je sens mes jambes trembler, menaçant de dérober sous le poids de cette confrontation inattendue. Mon champ de vision se rétrécit davantage, la pièce qui m'entoure, auparavant éclaboussée de lumière, se transforme en une ombre d'elle-même, terne et sans vie. Seule sa silhouette reste nette, mon regard ce concentre QUE sur lui, ignorant tout le reste.

— Enfin, je t'ai trouvée ! braille Ayse en posant son bras sur mon épaule, m'écrasant de tout son poids. Qu'est-ce que tu fais depuis tout à l'heure ? On t'attend.

Mon esprit, encore englué dans ce maelström émotionnel, peine à réagir.

— Je... balbutié-je. Je suis venue chercher le Jack Daniel's !

Ayse, sans prêter attention à mon trouble, pose son regard sur l'étagère à notre droite. D'un mouvement rapide et désinvolte, elle attrape la bouteille de whisky et me la tend.

— Allez, viens, on nous attend, dit-elle en me tirant vers les caisses.

Nous rejoignons aussitôt les filles, et je force un sourire, un masque de plus dans cette mascarade. Je lève la bouteille en signe de triomphe, mais mon esprit, lui, reste prisonnier de cette vision d'Archibald, de cette douleur sourde et dévorante qui ne me quitte pas.

— T'étais en train de t'envoyer un employé pour prendre autant de temps ? demande Solveig.

— Pas du tout, rigolé-je légèrement gênée.

— Arrête de l'embêter ! me défend Catelaya. Et toi, dit-elle en dévisageant Ayse, j'espère que tu as payé ces chips ou que tu vas les payer.

— Tu insinues que je compte les voler parce que je suis arabe ? rétorque-t-elle.

— Ne me force pas à t'insulter avant le Ramadan.

CARELESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant