CARELESS

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟗

« S'ouvrir au risque de souffrir.»

IFE

Ces derniers temps, j'ai l'impression que mes journées s'entrelacent dans une monotonie étouffante. Mes soirées s'écoulent à l'extérieur, entourée des filles. Nous discutons, de tout et de rien en explorant des rêves éphémères qui s'épanouissent au gré de nos mots. La plupart du temps, nos échanges naviguent autour de l'avenir, où nous serons dans dix ans, les chemins que nous emprunterons, et si l'idée de la vie de couple nous séduira, avec tout ce que cela implique. En réalité, ce sont surtout elles qui s'enflamment pour ces sujets, car pour ma part, l'idée du mariage ne me fait pas vibrer.

Je ne me vois pas aux côtés de quelqu'un... quelqu'un qui pourrait m'aimer.

Avec du recul c'est assez ironique de s'appeler ife mais de n'en avoir jamais réellement ressue.

—    Du coup, qu'est-ce qu'il a eu ? me demande Ayse, en tirant sur sa paille .

—    Eh bien, il a été exclu de l'établissement pour une durée indéterminée, réponds-je en soupirant.

Du moins jusqu'à ce qu'il présente des excuses sincères à Archibald, mais il refuse catégoriquement , même quand on le supplie de mettre de côté sa fierté. Si son entêtement persiste, le directeur menace d'inscrire cet incident dans son bulletin scolaire, une telle annotation risquerait de compromettre ses chances d'admission dans de futures universités. Pourtant, il semble totalement insensible à la gravité de la situation.

Une colère m'envahit à l'encontre de son comportement, mais je me blâme encore plus, réalisant à quel point j'ai été naïve. Avec le recul, je me dis que j'aurais dû le voir venir, comprendre que c'était un terrain glissant, propice à une dégénération inéluctable.

Au départ, le directeur avait évoqué la possibilité que les parents d'Archibald portent plainte, un scénario qui aurait nécessité une visite à l'hôpital pour évaluer la gravité des blessures. Pourtant, quand le moment est venu, son père a catégoriquement rejeté cette idée, balayant d'un geste désinvolte l'éventualité que cela puisse aller aussi loin. Il a affirmé que ce n'était qu'une simple querelle entre garçons.

En vérité, il était terrifié à l'idée que les médecins découvrent les marques sur le corps de son fils, ces cicatrices invisibles dissimulées sous des couches de vêtements, les bleus et peut-être même des os fracturés ... un châtiment qu'il lui avait lui-même infligée.

—    Entre nous, commence Cataleya. Il était pas trop trop sexy, surtout quand il a souri à la fin.

—    Euh, je ne te suis pas trop là, dis-je, perplexe.

—    C'est ton meilleur ami, normal que tu n'arrives pas à être objective, répond-elle. Je peux te jurer qu'à partir du moment où il a commencé à le frapper, je l'ai vu d'un tout autre œil..., il avait vraiment l'air d'un homme.

—    Mhouais, fait Solveig en haussant les épaules. Je crois que tu es juste en période d'ovulation, parce que pour moi, il reste le même petit con qui s'amusait à mater sous nos jupes au collège pour passer le temps.

— Cathy, t'es sur que ça va ? Demande Ayse, en scrutant son visage comme si elle cherchait des indices d'une possible folie passagère.

Je hoche la tête en signe d'approbation, confirmant ses paroles.

—   Toi, c'est parce que ton style de mec, ce sont les talibans, comme dit Ed, rappelle Cataleya en riant légèrement.

—   Peter ne me plaît absolument pas pour commencer, et ce n'est pas un taliban, rétorque-t-elle, un brin agacée.