𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟖

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« Si quelque chose est trop beau , c'est que c'est probablement le cas. »




IFE




Ça fait si longtemps que je ne suis pas revenue au lycée, et que dire hormis qu'il ne m'avait vraiment pas manqué.

Je me rends à la salle de journalisme, qui, une fois de plus, a changé d'emplacement. Comme si le lycée voulait constamment me rappeler que rien ne reste jamais stable ici.

D'après les garçons, elle est beaucoup mieux que l'ancienne. Du moins, il y a des ordinateurs qui fonctionnent parfaitement et un chauffage. Il a quand même fallu que Joshua  aille en parler à son père et que ce dernier vienne remonter les bretelles du directeur.

Bizarrement face à son père le directeur était devenu bien gentil et poli.

Comme quoi, il sait avec qui faire le fou...

En me rapprochant de la salle, j'entends une voix féminine ... c'est celle de Jennifer. Si ce n'était pas le jour de la photo de l'école, un fardeau que le directeur nous a gracieusement refilé parce qu'il ne voulait pas investir dans un photographe pro, je me serais demandé ce qu'elle faisait ici.

Devant la porte, je jette un œil par la fente pour observer ce qui se passe. Ezekiel est occupé derrière l'appareil, effectuant quelques réglages, tandis que Joshua, à côté de Jennifer, lui indique comment poser pour que son futur portrait soit à son meilleur. Non loin d'eux, Cataleya est assise sur la table, savourant sa boisson  tout en balançant ses jambes mine de rien.

—    Tu devrais attacher tes cheveux, lui conseille t'il.

—    Vraiment ? demande t'elle .

—    Ouais, ça irait mieux.

—    Je ne suis pas sûr... J'ai plutôt de grandes oreilles et si les autres voient ma photo, ils vont se moquer de moi.

—   T'as qu'à mieux choisir tes amies au lieu de chialer ! Ici c'est pas le bureau des plaintes, on peut rien faire pour toi. crache Ezekiel, son aversion clairement palpable.

—   Ezekiel ! le reprend Joshua.

Il se contente de révolver les yeux, avant de retourner à son activité. Jennifer, quant à elle, gonfle ses joues dans un geste enfantin.

— Je ne comprends pas, dit Cataleya en jouant avec ses cheveux. Si tu es si maltraitée, pourquoi restes-tu avec eux ?

— Parce qu'en dehors d'eux, je n'ai personne.

— Tu ne te laisses même pas la chance de faire d'autres rencontres. Ça fait des années que tu les suis, malgré leur mépris et leurs humiliations quotidiennes, et tu ne dis rien. Je commence à me demander si, en réalité, ça ne te plaît pas.

— Pas du tout... c'est juste que l'avidité humaine est sans fin, commence-t-elle. Car nous répétons toujours les mêmes erreurs, en lançant les dés de la destinée, espérant naïvement être épargnés.

— Mets-toi droite, lui dit Ezekiel, interrompant son élan, son ton brusque.

— Comme... hésite-t-elle.

Elle n'a même pas le temps de terminer sa phrase que le flash jaillit de l'appareil. Il se redresse, pour lui indiquer qu'il a fini. Joshua, curieux, se penche derrière l'écran pour voir le résultat. À sa réaction, je devine que le cliché ne doit pas être joli du tout.

— Reprends-en une autre, elle ne la met pas en valeur, déclare t'il.

— C'est un souvenir de sa meilleure année scolaire, répond Ezekiel avec un sarcasme à peine voilé. Pas un portrait pour qu'elle aille postuler chez Playboy ou Victoria's Secret.

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