Spa, camping et petit-déjà-vu

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L'expérience exquise des bains bouillonnants avait permis aux trois amis de se détendre profondément. Ils l'avaient bien mérité, après cette longue journée à rouler sur des routes déglinguées, sans compter le stress subi la veille.

La nuit fut calme, si on passe sous silence les quelques piqûres de moustiques-garous, féroces et en nombre dans ces zones humides. Le trio, tellement fourbu, ne fut pas dérangé le moins du monde par le passage de quelques animaux aquatiques nocturnes, tels que des gre­nouilles chiliennes à quatre yeux et des hordes de cerfs des marais. Les premières entonnèrent leur hymne de ralliement à gorge déployée au clair de lune, tandis que les seconds improvisèrent une petite ribouldingue et un concours du brame le plus viril tout à côté de la tente.

De bon matin, Avedis tâcha, non sans difficulté, de sortir de sa torpeur et de son sac de couchage douillet, dans lesquels il était profondément emmitouflé, puis prépara le petit-déjà-vu. Cela consistait en un petit-déjeuner tout ce qu'il y avait de plus classique, mais avec en bonus un petit air de déjà-vu : faire un brin de toilette, entretenir le feu, remplir les récipients avec un supplément de feuilles de coca pour encaisser le mal d'altitude, cuire les œufs tout frais pondus, déjeuner, puis replier les sacs de couchage, ranger la tente, et couvrir le feu pour terminer. Et ils referaient tout ceci dans le sens inverse ce soir.

Pour autant, ces petits gestes qui seraient bientôt routiniers ne dérangeaient pas Avedis, puisque, en dehors de la conduite un peu périlleuse du side-car, le reste de la journée serait à n'en pas douter une succession de moments agréablement insolites, dans des lieux tout aussi surprenants.

Comme à leur habitude, pendant que leur humain préféré préparait le repas, Euphrosine et Arsenic faisaient ensemble une séance d'étirements, parfaits pour se réveiller en douceur, suivie par leur petite séance de méditation transcendantale, devenue un rendez-vous incontournable pour les deux amis à quatre pattes.

La brebis, malgré la fatigue, se languissait de poursuivre leur voyage.

— Alors, qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ?

— La même chose que tous les jours, Euphrosine, tenter de découvrir le monde ! répondit Avedis, d'une voix teintée de mystère et d'excitation non dissimulée.

— Euh, c'est à dire ?

— Eh bien, je me disais qu'on pourrait suivre l'un des célèbres Chemins de l'Inca, pour nous rendre ensuite vers la fabuleuse citadelle du Machu Picchu. Il paraît que c'est un lieu absolument somptueux ! C'est au Pérou, nous sortirions donc du Chili pour de bon. Espérons que nous n'aurons pas de soucis avec la maréchaussée à la frontière...

Euphrosine regarda son ami d'un air rassurant. Elle, sa candeur, et sa possible naïveté étaient persuadées que tout se passerait bien.

— Qu'est-ce qu'on attend ? Allons-y ! piaffa-t-elle.

Ils déjeunèrent, rangèrent tout le matériel, puis étudièrent la carte routière, afin de rejoindre l'un de ces fameux Chemins de l'Inca. C'était reparti pour un tour !

Les tribulations d'Euphrosine - Une aventure dont vous êtes un peu le héros !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant