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     Quelques mois après la rencontre de ses nouveaux amis, Élentir dut faire un choix difficile. Elle devait en effet choisir ce qu'elle voulait faire de son avenir.

     Effectivement, à l'âge de dix ans tous les jeunes chevaucheurs devaient choisir un apprentissage. Ce dernier déterminait bien souvent le métier et l'avenir de l'enfant. Cependant, ce n'était pas une obligation ; on raconte que certains jeunes changeaient jusqu'à cinq fois de voie avant de se fixer. Ajoutons que la condition sociale et la richesse n'avaient pas d'influence sur le choix de l'apprentissage. Un enfant de fermier pouvait très bien entrer en apprentissage auprès d'un marchand, un fils de marchand devenir agriculteur. Ainsi, si un enfant sortait de son cercle familial pour découvrir un métier qui ne lui était jusqu'alors connu que de vue, il n'était pas rare qu'il se réoriente en découvrant un métier qui lui correspondait plus. Pour entrer en apprentissage, il fallait juste avoir les capacités nécessaires selon le maître que l'on choisissait. Une volonté de fer était souvent utile pour des métiers qui leur étaient inconnus. Je tiens à préciser que malgré tout, bien des enfants préféraient suivre la même voie que leurs parents.

     Une fois en apprentissage, le maître devenait alors un second tuteur. Il devait s'assurer que l'enfant ne manquait de rien. Il n'était d'ailleurs pas rare que l'apprenti vienne vivre chez lui. Il lui donnait de quoi vivre et il l'envoyait généralement suivre, en plus de la formation initiale, des cours généralistes au temple de Grys, Conscience de la connaissance et du savoir. L'apprenti recevait également un léger salaire en fonction de son âge. Bien que dans la plupart des cas, entre dix et treize ans ce salaire était mis de côté par le maître ou les parents selon chez qui l'enfant vivait.

     Pour beaucoup de jeunes chevaucheurs, le choix était évident. Le plus souvent, ils choisissaient le métier d'un de leurs parents. Pourtant, Élentir n'était pas intéressée à devenir cuisinière. Et même, si le métier de scribe l'attirait un peu plus, elle n'arrivait pas à se décider. Toutefois, pour comprendre ses difficultés, il faut comprendre son raisonnement. En effet, elle ne comprenait pas la nécessité de faire si jeune un choix qui allait déterminer le reste de sa vie. Surtout qu'elle n'avait aucune préférence dans les métiers qu'on lui proposait. Effectivement, les propositions d'apprentissage ne tarissaient pas. Entre la cuisine, les écuries, la forge, la bibliothèque, la salle d'armes et bien d'autres encore, Élentir ne savait que choisir. Bien qu'elle ait déjà exclu certaines possibilités, le dilemme restait entier. Elle ne pouvait même pas imaginer une vie sans passer un jour à la bibliothèque. Accepter d'être l'élève de Lómelindi, c'était être la potentielle future gardienne du savoir, et ciel, elle ne pouvait rêver mieux. Dans ce cas où est le dilemme, vous demandez-vous ? Souvenez-vous plutôt de ce que je vous ai dit sur elle. Élentir avait un réel besoin de liberté, d'air frais, et de nature. Rien qu'en s'imaginant les journées enfermée dans la bibliothèque avec trop peu de temps libre pour aller courir, elle prenait peur à en devenir malade. Alors le choix qui s'offrait à elle, c'était soi de travailler comme palefrenière, soit comme apprentie dresseuse, ainsi elle serait à l'air libre des journées entière. Cependant, elle ne pouvait nier que le peu de temps qu'elle passerait à la bibliothèque ne serait pas suffisant. Surtout qu'elle savait déjà que la conversation avec les gens des écuries n'était pas forcément la plus instructive et intéressante. Et même la compagnie apaisante des animaux ne suffirait pas à la réconforter. Ainsi, elle avait envisagé une seconde d'accepter l'invitation d'Astal de devenir écuyère et ainsi qu'une future chevalière, un honneur pour tout chevaucheur. Mais l'idée de devoir obéir des années durant a un autre qu'elle-même la rebutait. Elle n'avait pas assez d'humilité pour cela. Même s'il est vrai que finalement, être écuyère rassemblait sûrement le plus de ses centres d'intérêt ; elle devrait étudier et passer peut-être de longues heures à la bibliothèque avec Lómelindi comme instructeur ; elle devrait s'occuper des bêtes de son chevalier ; passerait des heures dehors à s'entraîner...

L'enfant du dragon (TERMINE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant