Ainsi, la fillette commença sa vie d'écuyère. Elle dut changer à nouveau de chambre, emportant ses rares affaires dans une petite remise de la chambre de sire Léothéric où elle allait dormir à présent. Son devoir d'écuyère lui imposait d'être toujours auprès du chevalier qu'elle servait. Je ne vous cacherai pas que cette idée ne la réjouissait guère, mais elle savait qu'elle devait faire des sacrifices si elle voulait être libre par la suite. Elle découvrit le célèbre chevalier, le suivant et servant comme le voulait la tradition, mais surtout apprenant plus qu'elle n'avait jamais appris. Le chevalier était certes aussi sévère, voire plus que ne le disait la rumeur, mais il attendait beaucoup d'elle. Et elle supportait facilement cette pression, car il y avait un autre revers à la médaille. Sire Léothéric était également quelqu'un de naturellement bon et juste. Il savait quand lui faire des reproches, quand lui en demander plus ou quand la féliciter et la récompenser. Avec lui, elle dépassa ses limites à de nombreuses reprises, finissant ses journées fatiguées sur le plan mental comme physique.
Ils passèrent les premiers mois de son service au château. Pourtant, elle ne trouva même pas le temps de voir ses amis en dehors des cours. Pour la première fois de sa vie, elle n'avait pas le moindre temps libre ni la possibilité de s'en créer. Elle se levait tôt, avant même le soleil, pour suivre un entraînement matinal avec son maître. Au programme, étirements, course, escalade et natation qu'il vente, pleuve ou neige. Il finissait par un petit échange de passes. Les premiers jours, elle tenait à peine debout. Poussée à bout, elle ressentit vite des changements se produire dans son corps. Elle avait toujours été particulièrement fine, souple et musclée ; mais après quelques semaines à ce rythme, elle avait encore gagné en souplesse et en force. Elle avait déjà l'impression que son corps lui répondait plus rapidement.
Après cet entraînement, ils revenaient dans leurs appartements pour prendre leur petit déjeuner. Par chance, ou par bonté bien avisée, sire Léothéric ne demandait pas, contrairement à beaucoup des autres chevaliers, à ses écuyers d'aller chercher le plateau-repas aux cuisines. Une servante se chargeait de le monter et maître et élève déjeunaient ensemble, le premier surveillant que, malgré la fatigue, la seconde mange correctement. Ils en profitaient également pour discuter. Elle pouvait poser toutes les questions qu'elle souhaitait, il y répondait avec patience et pédagogie. Il comprit très vite qu'il ne s'était pas trompé en la choisissant comme apprentie. En plus de ses talents physiques et magiques, elle avait un intellect très développé pour son âge. Parler avec elle était un réel plaisir pour l'adulte. La curiosité et la vivacité de l'enfant les entraînaient dans des conversations et des réflexions insolites.
Après avoir repris des forces en mangeant, la première partie de la matinée était consacrée à l'apprentissage de la magie, chose assez nouvelle pour elle. Bien qu'elle ait lu un certain nombre de livres sur le sujet, elle n'avait jamais tenté l'expérience.
Pour les chevaucheurs, la magie venait de la capacité à manier la matière originale laissée par les consciences quand elles eurent fini de créer le monde. Cette matière invisible, encore vierge de toute règle hormis celle du temps, pouvait ainsi prendre toute forme voulue par le mage si tant est qu'il soit suffisamment doué. Élentir, qui ne savait pas vraiment si elle croyait en ces consciences, avait choisi cependant de croire, du moins temporairement, à l'existence de cette matière.
Elle apprit qu'il existait plusieurs types de magie. Les chevaucheurs utilisaient une magie liée à la langue draconique. Un mage pouvait lancer des sorts ou user de rituels. Les sorts étaient plus rapides à lancer, il suffisait généralement de quelques mots bien utilisés pour les lancer, bien qu'on puisse se servir d'artéfacts. Toutefois, leur puissance était limitée. On pouvait converser par la pensée avec une personne et dans un rayon dépendant de la puissance du mage, mais dépassant rarement vingt mètres. Tandis qu'avec des rituels, nécessitant plus de temps, d'incantations et d'ingrédients, le mage pouvait créer un lien temporaire entre les esprits de plusieurs personnes permettant de se contacter à plusieurs kilomètres de distance. Mais l'apprentissage de la plupart des sorts ou rituels demandait un long et fastidieux entraînement, si bien que seuls les mages disposaient d'un grand panel de sorts et rituels, ainsi que quelques chevaliers spécialisés en magie. Si certains sorts ne nécessitaient que quelques semaines d'apprentissage, d'autres prenaient des années.
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L'enfant du dragon (TERMINE)
FantasyDans une prairie enneigée, une fillette d'à peine cinq fut trouvé à la fin de l'hiver. Cette mystérieuse enfant grandit dans le palais royal développant d'étrange pouvoir. Mais sa tranquille enfance va prendre fin de façon brutale.