IX.1

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    Ainsi, notre jeune écuyère suivit ce rythme durant presque cinq ans. Elle en était heureuse. À aucun moment elle ne regretta son choix. Il faut dire qu'elle était devenue une jeune écuyère des plus prometteuses avec qui seul Égilon arrivait à rivaliser.

    Alors qu'une fois de plus sire Léothéric l'avait laissée aux soins de dame Cléophée pour partir en mission diplomatique en empire, un grave incident se produisit.

    Les jumeaux avaient poursuivi leur éducation auprès de leurs précepteurs, maître d'armes et de maître Lómelindi. À leurs quatorze ans, devant leur sérieux et leur talent, on leur avait finalement donné quelques responsabilités au sein du château. Ils étaient déjà sûrement plus responsables que leurs parents. Ils avaient montré dès le début qu'ils étaient efficaces et sérieux. C'était ainsi que naturellement, alors que les deux souverains étaient partis faire leur devoir en suivant la grande procession, qu'on leur avait confié une grande partie des responsabilités au château.

    Et ce fut d'ailleurs vers eux qu'accourut un messager affolé et essoufflé au beau matin :

    — Les pirates ! Les pirates ont enlevé Leurs Majestés ! Il... Il...

    — Du calme, stoppa sèchement Palantir dont seuls les yeux laissaient légèrement voir sa détresse intérieure. Mélis, fais venir tous les ministres disponibles en urgence.

    — En évitant que la rumeur se répande plus vite que nécessaire, précisa sèchement Éledhwen.

    — Bien, Altesses.

    — Et que quelqu'un fasse venir Élentir, ajouta Palantir.

    En très peu de temps, tout ce beau monde fut réuni dans la grande salle et la situation leur fut rapportée.

    Alors que la grande procession avait quitté la ville de Kélinial, sur la côte à trois jours de cheval au nord, le convoi royal fut attaqué par une bande de pirates de l'Ouest très organisée. Même si une partie de la procession avait réussi à se disperser, parmi tous les chevaliers, soldats, serviteurs et nobles enlevés, seul le couple royal avait été gardé en vie. Le roi Bëor et la reine Daïna servaient d'otages. Les pirates avaient déclaré vouloir négocier avec ce qu'il restait de gens influents sur le continent.

    — Mon frère et moi irons négocier, déclara Éledhwen à la fin du rapport. Cependant, je ne pense pas que nous pourrons accepter un quelconque accord. Nous savons tous très bien ce qu'attendent de nous les pirates de l'Ouest. Élentir, tu vas former une équipe qui se chargera de libérer nos souverains. Tu as carte blanche.

    Un instant, les ministres furent déstabilisées, mais le mécontentement ne tarda pas à se lire sur leurs visages. Sire Godefroy, général et ministre des Armées, fut le premier à intervenir :

    — Vous ne pouvez pas faire cela ! Que vous soyez les négociateurs n'est pas raisonnable, mais que ce soit Élentir, une écuyère qui est loin d'avoir fini sa formation qui se charge de l'exfiltration, c'est... C'est impensable...

L'enfant du dragon (TERMINE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant