IX.2

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    Elle passa ensuite aux écuries récupérer son cheval et descendit en ville. Après sa visite à Niniel, qui accepta de se joindre à la mission après une courte hésitation en apprenant que Dael faisait partie du groupe, elle se rendit à la forge de Gleen. Ce dernier, bien qu'apprenti forgeron, restait un très bon combattant avec trop d'énergie à revendre pour passer le reste de sa vie dans une forge. De plus, elle le connaissait bien, et s'il n'avait peut-être pas le niveau d'un chevalier, elle savait qu'il servirait de ciment à son groupe. En effet, le jeune homme était très sociable, il se mêlerait sans problème à tous ses compagnons y compris ceux que les ministres choisiraient.

    Il accepta sans hésiter, bien trop heureux d'avoir une excuse pour s'éloigner de la forge. Ses parents et patrons furent moins enthousiasmés, mais Élentir n'eut pas de mal à les convaincre. Il faut dire qu'à dix-huit ans, le jeune homme était adulte depuis un an.

    Élentir se dirigea donc à la rencontre de la dernière personne qu'elle avait en tête. Elle n'avait pas osé en parler à Auriane de peur que cette dernière pose un veto. Elle descendit dans les quartiers pauvres. Très vite, elle fut la seule montée à cheval et sa progression fut ralentie par la route déformée et la foule. Elle fut presque soulagée quand elle tourna dans une petite ruelle peu fréquentée. Elle descendit de selle.

    — Luce, tu pourrais garder ma monture, je viens discuter avec Rian et Salvin.

    — Je ne le fais pas gratuitement, dit fièrement la petite.

    Élentir prit un air déçu :

    — Ma reconnaissance ne te suffit pas...

    Elle lui glissa une pièce en lui promettant sa petite sœur quand elle récupérerait sa monture. Elle descendit les escaliers bancals et sombres. L'odeur âcre et la forte chaleur lui firent remonter une certaine nostalgie. Elle arriva dans une grande salle décorée de toutes sortes d'objets dépareillés. Une bibliothèque grossièrement faite sur laquelle étaient entassés toutes sortes de bouquins. De magnifiques livres reliés de cuir, des rouleaux de parchemin et de papier, des livres vieux et en lambeaux avec des couvertures en papier ou tissu. Devant, se trouvait une bande d'enfants plus ou moins jeunes qui feuilletaient des ouvrages avec une concentration presque religieuse. Un groupe de bambins entourait une jeune femme qui leur faisait la lecture.

    Le reste des murs étaient tapissés de tableaux qui n'avaient clairement pas leur place ici, d'étagères remplies de bibelots en tout genre. Au centre de la pièce, un attroupement avait lieu où chacun se vantait des trouvailles du jour.

    Parmi tout ce beau monde, Élentir faisait clairement tache. Ils étaient tous vêtus de guenilles rapiécées et sales. Aucun ne devait fréquenter assidûment les bains publics. Pas plus en tout cas qu'ils ne mangeaient de véritables repas. Une grande partie d'entre eux étaient si maigre qu'on s'étonnait presque de les voir bouger. Si la moyenne d'âge était assez basse, les quelques jeunes adultes semblaient bien plus âgés qu'ils ne l'étaient réellement et aucun n'avait de denture complète. Ils se tenaient à l'écart, observant d'un œil protecteur les plus jeunes. Ces derniers, malgré leur flagrante pauvreté, semblaient tout heureux d'être là, ils rigolaient, se coursaient de bon cœur. Cela rafraîchissait le tableau sombre.

    Si notre jeune écuyère détonnait, il n'en restait pas moins qu'elle se glissa sans difficulté dans le groupe, comme si elle en faisait partie. Quelques enfants vinrent l'accueillir en rigolant et en lui courant dans les pattes, lui réclamant de nouvelles histoires. Un jeune homme vint à son tour à sa rencontre, avec un grand sourire :

L'enfant du dragon (TERMINE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant