Tome 2 : Tsamsiyu Yisé X Aonung

Chapitre 3 : Réunion de famille

Musique conseillée : Payakan de Simon Franglen (voir la vidéo)

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Naolur - Dis, t'aurais pas vu mon pagne ? Tu sais, celui que j'ai fait avec les touches de couleurs violettes ?

Je regarde mon frère avec un air dubitatif. Je ne sais pas trop de quel pagne il parle. Après tout, il l'a peut être laissé là bas, dans la forêt. C'est lui qui s'est occupé des bagages, il devrait le savoir.

Naolur - Mais siii celui de, oh eh puis tu sais quoi ? Laisse tomber. Laisse moi deviner, tu ne sais pas de quoi je parle, c'est ça ?

Moi - Naolur je regrette mais je ne connais pas tes vêtements par coeur. Et puis de toute façon, c'est toi qui a fait les bagages, tu devrais le savoir. Il est peut-être resté là-bas et on ne le reverra jamais. D'ailleurs on ne reverra jamais les affaires que nous n'avons pas eu le temps de prendre, celles que nous ne pouvions pas prendre. Ah mais attends, on ne reverra jamais non plus les personnes que nous connaissions aussi, celles qui étaient chères à nos cœurs, nos parents à l'arbre des âmes et...

Soudain je m'arrête de parler me rendant compte de ce que je viens de lui dire. Je me connais, si je continue je vais aller beaucoup trop loin dans mes paroles. Ou je suis déjà peut-être partie trop loin. Je m'énerve sur mon frère sans le vouloir. J'en veux tellement à la terre entière pour tout ce qu'on nous a pris. Tout ça c'est trop pour moi et il ne le mérite pas. Il ne mérite pas ma colère, lui aussi est dans la même situation que moi.

Il m'observe avec ses grands yeux jaunes, ne sachant pas trop quoi me répondre. Il doit deviner ce à quoi je pense et pourquoi je dis tout ça. Accroupie, je baisse les yeux, regardant la caisse dans laquelle j'étais en train de fouiller, pensant à ce que je venais de lui dire. Dans ma main, la tenue que je portais à mon dernier anniversaire. Celle qui me rappelle les beaux souvenirs de ma mère car elle la portait autrefois mais également de mauvais souvenirs puisque c'est celle que je portais quand notre père nous a quittés.

Les larmes commencent à monter. Je ne suis pas bien en ce moment et je ne sais pas si je suis prête à aller mieux. Chacune de mes pensées me ramènent à nos parents ou à la forêt, notre chez nous qui me manquent tellement. Mes habitudes, mes repères, mes endroits préférés... Naolur me coupe dans mes pensées en s'approchant de moi, sa main relevant mon menton.

Naolur - Eh petite sœur... Je sais que c'est dur, c'est dur pour moi aussi. Mais je suis là et les Sully sont là aussi. Jamais je ne te laisserai. Je te le promets.

Il passe sa main dans mes cheveux. Ce geste me rassure, il le fait tout le temps, depuis notre plus jeune âge. A chaque fois que j'étais triste ou encore quand j'avais peur de l'orage. Ça m'apaise... C'est vrai, jamais il ne m'a laissé tomber mais même si je l'aime énormément, il ne remplacera jamais le vide que nos parents ont laissé. Je lui souris alors, malgré deux trois larmes qui coulent sur mes joues.

Moi - Toi et moi contre le monde ?

Naolur - Toi et moi contre le monde.

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Après cette discussion, nous avons fini de ranger nos affaires et nous nous sommes préparés dans un silence complet. Étonnamment reposant. Nous avons une réunion de famille avec les Sully, comme ils aiment si bien le dire. Le fait qu'ils nous considèrent comme des membres de la famille me fait chaud au cœur. C'est vrai que sans eux, je ne sais pas ce que nous aurions fait mon frère et moi. Je leur en serais toujours reconnaissante.

Jake - Les Sully et les Eyktan rassemblement !
Neteyam s'adresse à Lo'ak en tirant celui-ci par le bras pour qu'il s'assoit.

Neteyam - T'as oublié ? Réunion familiale.

Kiri a les bras croisés, elle ne doit sûrement pas aimer être ici. Je la comprends, la forêt me manque à moi aussi, pour elle et son espèce de lien avec Eywa ça doit être encore pire. Tout ce qu'elle connaissait et avec quoi elle entretenait un lien, venait de disparaître en quelques heures à peine. D'ailleurs, avec tout ce qui s'est passé je n'ai même pas eu le temps de lui demandé comment elle allait. Je sais qu'elle a pris des nouvelles de moi à mon frère quand je ne voulais voir personne, quand je n'allais pas bien.

Tout le monde s'assoit alors je fais de même en l'observant. Elle prend du temps à le faire et a l'air quelque peu agacée par tout ça. Neytiri la regarde avec autorité, le comportement typique d'une mère qui sait se faire comprendre en un regard.

Neytiri - Kiri !

Kiri, s'asseyant - Quoi !?

Jake - Bien. Je vous demande d'avoir un comportement exemplaire. C'est important. Apprenez vite, mettez y du coeur. Et évitez les problèmes.

Jake regarde Lo'ak en disant ces dernières paroles. Eh oui ! Lo'ak a pu en faire des bêtises depuis qu'il est petit, désobéir c'est le deuxième mot qu'il a appris. Mais bon c'est pour ça qu'on l'aime, sinon il ne serait pas Lo'ak.

Jake - C'est clair ?

Lo'ak - Oui chef.

Lo'ak hoche la tête et Neteyam le regarde en souriant avant de la lui frotter, d'un geste affectif. D'un coup, on pouvait entendre des pleurs, c'était celles de Tuk...

Tuk, sanglotant - Je veux rentrer à la maison moi...

Neytiri - Oh... Tuk...

Jake, en lui prenant la main - Tuk c'est aussi notre maison maintenant. ... Je suis sûr qu'on y arrivera. On y arrivera si on est tous là les uns pour les autres. Compris ?

Neytiri - Que dit toujours votre père ? En s'adressant à nous : Que dit toujours Jake ?

Neteyam, Lo'ak, Kiri et Tuk répondirent d'une voix faible : Les Sully se serrent les coudes.

J'ajouta :

Moi - Les Sully et les Eyktan se serrent les coudes !

Jake - Oui c'est exact les Sully et les Eyktan serrent les coudes. Avec plus de conviction cette fois et tous ensemble.

Tout le monde - Les Sully et les Eyktan se serrent les coudes.

Kiri m'adressa un regard que je lui rendis avec un doux sourire pour essayer d'apaiser ses peines. Naolur m'entoura de son bras chaleureusement et nous sourions tous, petit à petit.
C'est cette image là dont je veux me souvenir. Une image de famille même si elle est en quelque sorte recomposée. C'est cette image qui va m'aider à avancer seule et à me relever comme je le fais toujours. C'est ce petit plus qui me manquait...