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- J'ai peur de ne pas comprendre ce que tu me dis

- c'est pourtant très simple, Kamel est ton mari et tu dois faire tout ce qu'il te dira de faire ou arrêter ce qu'il t'interdira de faire

- mais ça n'a aucun sens, je ne peux pas désobéir à mon créateur à cause d'un mari trop capricieux

- si tu veux garder ton foyer ma fille, arrête de te plaindre et fait ce que je te dis

- alors mari est supérieur à mon créateur c'est bien ça que tu es en train de me dire maman ?
Tu es la première à nous avoir fustigé mes sœurs et moi pour que nous nous couvrions et maintenant tu me dis ça!? Fais-je en m'énervant. Maman je te dis que cet homme qui est mon mari m'empêche même de faire mes prières. Ce n'est pas assez grave pour toi ça ?

- tu es si têtue, quand tu auras fini d'exposer ton mariage sur la place rentre chez toi. Me dit-elle d'une voix calme avant de rentrer dans sa chambre et me laissant totalement sidérée.

J'y repense encore souvent, à cette conversation avec ma génitrice et je n'y trouve aucune logique, ou du moins aucune compassion de sa part. Ma mère, je me demande même si elle m'a déjà au moins une fois porté dans son cœur comme mes sœurs...

Je suis violemment sortie de mon sommeil par un énorme vacarme provenant d'en bas. Je me recouche aussitôt, ayant l'habitude de ce scénario quasi quotidien avec Kamel qui sort et passe des jours je ne sais où, avant rentrer à des heures improbables et toujours dans de sales états.

J'essaie de me rendormir mais c'est impossible, mon cœur se serre et mes larmes n'arrêtent pas de ruisseler. Cela fait un an depuis la dernière fois que je vous ai partagé un pan de ma vie et rien n'a changé sinon que tout a empiré. Une année que les améliorations que j'avais remarquées dans le comportement Kamel ont totalement disparues. Il est devenu méconnaissable et je dirais même pire qu'avant. Je l'aime tellement cet homme, je ne cesse de m'interroger sur ce que je n'ai pas ou que je dois avoir pour être une vraie femme à ses yeux.

Le matin, je le retrouve étendu entre deux canapés. Ivre mort je dirais vu l'odeur qui provient de ses vêtements.
J'ai envoyé tout à l'heure un sms à Ozan qui est mon sauveur ces temps-ci; chaque fois que cet homme rentre de son escapade, mon beau-frère m'aide à m'occuper de lui.

Ce dernier arrive 20 minutes plu tard et avec lui une Diya au visage désolé. J'ai envie de lui dire que j'ai l'habitude mais qu'est-ce que j'ai mal.
Elle me serre fort dans des bras sans dire un mot. Ce genre de scène elle, tout comme moi, nous y sommes accoutumées. C'est juste moi qui ne m'en remet jamais.
Quelle disgrâce! Mon mariage est un véritable gâchis et je ne peux même pas lever la tête lorsque je sors de chez moi. Les gens n'arrêtent pas de dire des choses sur moi et sachant les femmes plus cruelles envers leurs semblables, c'est avec elles que je m'en prends le plus dans la gueule.

Pardonnez ma vulgarité.

Pendant qu'Ozan le trimbale jusqu'à la baignoire, suivi de près par moi, Diya décide de s'occuper de faire à manger. Cette femme, je ne sais comment la remercier pour tout.
Je reste mal alaise avec Ozan dans les parages et quand il nous laisse le temps que je le nettoie, je le déshabille avec difficulté pour voir des marques sur son torse et son cou. Il a aussi des griffures sur le dos.
Il semble s'être bien amusé pendant ces cinq jours passé certainement à collectionner les maîtresses.

Mon cœur va finir par éclater en dix milles morceaux dans cette maison.

Je ne vois plus rien de ce que je fais à cause de mes yeux humides, je n'y mets plus de soin comme avant et dès que j'ai fini de lui mettre un caleçon, Ozan vient se charger du reste.
Comme d'habitude, il ne dit rien, se contente de me transmettre de la force par son regard et je lui suis reconnaissante. Comme toujours.

 Ibtikeh Où les histoires vivent. Découvrez maintenant