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Je me dépêche de prendre mes clés puisque Diya doit m'attendre depuis une bonne heure déjà, on a prévu de se relayer au chevet de ma tante alors qu'elle avait passé la nuit à l'hôpital. Elle a besoin de rentrer et de souffler un peu.
Je me repose entièrement sur elle en ce moment pour prendre soin de ma tante, car je sais que personne d'autre qu'elle et moi ne le ferait.
Ma mère m'assure qu'elle viendrait aussi vite qu'elle peut, c'est-à-dire quand elle en aura marre de me voir refuser ses appels; et mon frère n'est resté pas plus qu'une matinée.
Qu'elle magnifique famille je peux avoir !

Mais avant que je n'ai pu refermer ma porte d'entrée, je reste figé à cause de ce que je vois. Ou du moins par la personne que je vois stationnée et ne s'étant visiblement pas trompée de maison.
Elle avance à pas chaloupés vers moi et je ne peux m'empêcher de la fixer.

- salut Kam, dit-elle en promenant son regard sur moi, ça fait longtemps.

Je déglutis en la regardant de la tête aux pieds. Elle n'a pas changé d'un iota, sinon qu'elle est toujours aussi belle que dans mes souvenirs et s'est coupé ses longues boucles très courtes. J'en aurais été fort mécontent si j'étais encore son homme.
Elle lance une rapide coup d'œil à la façade de la maison et je me retrouve vite décontenancé.

Des souvenirs de moi me ridiculisant au maximum et de toutes les manières possibles pour cette perle des Caraïbes que j'ai adoré de toute mon âme, me remontent en pleine face. Je me suis plié en sept pour elle mais j'ai été impuissant face à ce qu'elle pourrait supporter, la cruauté de ma mère et le fossé de religions alors que je ne suis moi-même pas pratiquant.

- salut, répondis je en me souvenant de mes bonnes manières.

Ses yeux ont toujours ce magnétisme qui lui met tout le monde dans sa poche en un claquement de doigt, et elle ferait de n'importe qui ce qu'elle veut et ce, n'importe où et n'importe comment. Ses mots me sortent rapidement de ma rêverie.

- faut qu'on parle Kam.

Je la regarde avancer lentement alors que les mots de mon frère et les mises en gardes de mon ami me montent à la mémoire. C'est donc pour ça qu'elle s'est rapprochée de ma femme? Pour revenir vers moi?
Ça n'a aucun putain de sens, d'autant plus que c'est elle qui a refusé de se battre pour nous alors que j'étais prêt à remuer ciel, terre et enfer pour ses beaux yeux.
Merde.

- écoute, lui dis-je simplement sentant la colère poindre en moi, j'ignore ce que tu fiches là mais j'ai énormément de choses à faire ce matin et nous n'avons plus rien à nous dire toi et moi

- je sais que tu dois te rendre à l'hôpital pour que Diya aille se reposer mais on doit d'abord parler et ne t'en fais pas j'ai dépêché ton beau-frère pour prendre le relais avant ton arrivée.

Je reste hébété avant que ses paroles ne me parviennent toutes au cerveau. Elle parle de quel beau-frère là? Mais putain ça doit être pire que tout les scénarios imaginables. Il me faut peu de temps pour intervenir.

- quoi !? M'écrirai-je une fois qu'un sens ait été mis sur chaque mot, d'où tu connais tous ces gens e...-

- ce n'est pas important, me coupe-t-elle avec un sourire moqueur, si tu veux bien qu'on s'essaye quelques minutes je t'expliquerai ce que je fais là.

Je me décale alors et ouvre largement la porte pour la laisser passer avant de refermer après nous.
Je la regarde explorer des yeux l'intérieur de la maison et je me sens assez gêné. Elle également doit l'être puisque cette folie que j'ai fait par amour n'a jamais été rien que pour elle, mais ne semble pas le moins du monde étonnée ou perturbée. De quoi confirmer ce qui m'a été auparavant rapporté par mon frère.
À sa place, j'aurais été des plus embêté de me retrouver là, dans une maison en façade et en intérieur identique à la mienne. Avec du recul, c'est vraiment un projet fou et j'en aurais pris peur, j'ai vraiment eu tout d'un psychopathe à cette époque si je peux le dire ainsi.

 Ibtikeh Où les histoires vivent. Découvrez maintenant