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- tu appelles ça un caprice?

- oui Ibti c'est un caprice et tous les hommes du monde sont ainsi, pourquoi viens-tu pleurnicher dès ton cinquième jour en tant que femme mariée? Ne devrais-tu rester chez toi et prendre soin de ton époux?

- mais ma' ...-

- ça suffit! Rentre chez toi tout de suite et deviens une vraie femme. Mais quelle honte tu me fais là, dit ma mère désespérée.

C'est la conversation que j'ai eue avec elle il y a quelques minutes. Elle ne me comprend pas et ça me brise le cœur.

Je passe chez le boucher prendre de la viande, évidemment, puis je rentre.
Je vais faire un repas pour deux et j'espère enfin voir mon mari rentrer.

Quand j'ai terminé, je vais me doucher et me changer. Je me maquille légèrement, les yeux et les lèvres rien d'autre. Je mets par la suite mon voile que je pose bien, puis un peu de parfum.
Je sais en ayant observé ma mère et ses sœurs qu'une femme doit toujours être propre et sentir bon, surtout lorsqu'elle est jeune mariée.
Mais toutes les femmes nouvellement mariées,  font-elles face à la même situation que moi?
Voient-elles leur homme disparaître le soir de la cérémonie du mariage?

Kamel n'a jamais voulu cette union, mais moi non plus. Enfin si car moi je l'aime, il m'a toujours plu depuis ma tendre enfance mais je n'ai jamais dis quoi que ce soit à qui que ce soit. Oui je suis heureuse d'être sa femme mais c'est dur d'être la femme d'un fantôme. Je ne peux même pas le contacter et je dois avouer que je n'ai jamais eu le numéro de téléphone de mon mari.
Honte à moi, merci.

Je soupire et descends les marches de l'escalier, il doit être 19h.
Je fais rapidement salât et vais me poser devant la télé. Il n'y a rien de bon mais je n'ai aucun autre moyen d'attendre mon mari sans mourir d'ennui. Puis je ne comprends pas trop pourquoi j'ouvre les yeux morte de fatigue et c'est le jour!

Je me lève de là en catastrophe, je m'endors vraiment partout moi c'est dingue.
Mon ventre gargouillant est la première chose qui me dit bonjour, sans compter la télévision toujours allumée.
Qu'est-ce que j'ai faim, j'aurais du dîner avant d'attendre cet homme.

Un peu plus tard dans la journée, la porte s'ouvre sur mon mari. Enfin il est rentré.

Il est dans un teeshirt et le pantalon qu'il avait le jour de notre mariage, en plus des chaussures.

- salam Kamel, je me suis inquiété pour toi tu sais. Où étais-tu passé?

Il ne répond rien et se contente de se caler un peu plus confortablement dans le fauteuil puis allume la télé.

- Kamel?

Je l'appelle encore une fois, puis deux, puis quatre mais il ne répond pas.
Je vais donc éteindre cette fichue télé et me mettre devant lui.

- tu disparais le soir de notre cérémonie alors que les personnes normales s'envolent pour leur lun...-

Je ne termine pas ma phrase parce que je sens ma joue bruler, et très fort. Il n'y est pas allé de main morte.

- tu oses me parler? Tu oses ouvrir ta bouche pour me parler? Dégage de ma vue avant que je le te fasse regretter d'être née.

Je m'enfuis dès qu'il prononce ces mots alors que les larmes me montent aux yeux. Jamais encore un homme n'avait levé la main sur moi, ça pique un peu au niveau de ma joue. Je regarde tout ça dans le miroir et elle est un peu rougie, rien de grave.

Je vais me coucher puis sans trop savoir à quel moment je m'endors.
Quelques temps après je sens quelqu'un passer des doigts sur mon visage, je me retiens s'ouvrir les yeux. Je sais que c'est Kamel.
Il vient peut-être s'excuser mais je comprends que non quand je ses doigts descendent sur mes hanches puis sur mes fesses.

- t'as une belle gueule et t'as l'air bonne Ibti mais je ne veux pas de toi

Il l'a chuchoté et ça aurait pu être tellement sensuel s'il avait tenu d'autres propos.
Je ne me retiens pas et ouvre directement les yeux puis me retourne vers lui

- je n'ai jamais demandé non plus à me retrouver mariée Kamel, mais moi contrairement à toi je ne pouvais pas dire non à ma famille. Pourquoi as-tu accepté si tu ne veux pas de moi ?

- je ne te dois aucune explication, fait-il en s'éloignant de moi comme si tout à coup je puais.

- tu as raison mais ce qui est fait est déjà fait, et si on essayait? Et si on faisait un effort?

Il ne dit rien et me demande de le servir.
Je descends et lui sers son repas. J'aurais pu m'asseoir avec lui mais je crois bien que je vais lui laisser son espace.
Je me fais aussi une assiette et mange rapidement avant de faire la vaisselle et faire ma prière. Mais à peine je pose le front sur le tapis que j'entends mon mari m'appeler.
Je continue tout de même, il verra ce que je fais quand il viendra.
Mais bon, j'aurais dû savoir que je n'ai pas un mari comme les autres.

Kamel me tire par le col de ma robe pour me redresser et quand je suis bien en face de lui je sens encore une fois  sa main me frapper, mais à l'arrière de ma tête heureusement.

- tu es devenue sourde? Je t'appelle depuis six ans

- je priais comme tu peux le voir Kamel

- tsss je sors et je reviens pour dîner avec mes amis alors fais quelque chose de bon et sois présentable.

- combien?

- combien quoi?

- combien vous serez Kamel?

Il ne répond pas et tourne déjà les talons, puis me crie qu'il espère ne pas regretter plus que maintenant d'avoir passé une fichue bague à mon doigt.

Mon subconscient me fait faire exactement ce qui est évident et je pose mes yeux sur mon alliance. C'est moi qui les ai choisies, lui s'est désintéressé de tout.

Moi je regrette déjà Kamel, mais je ne peux pas revenir en arrière. Je ne le veux pas surtout...
Je t'aime tellement

 Ibtikeh Où les histoires vivent. Découvrez maintenant