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- tu peux rester chez moi autant que tu le voudras ma puce, dit mon amie la voix encore endormie en me prenant dans ses bras. Comment es-tu arrivée jusqu'ici? Où est Adil? Demande t'elle en me frictionnant les bras

- je... j'ai marché..., répondis je difficilement alors qu'elle retire ses mains de ma peau et ferme derrière moi

- monte directement dans ma chambre je reviens tout de suite.

Elle s'éloigne tandis que je grimpe les marches en n'étant pas sûre d'avoir mal à la tête, aux jambes ou à mon âme pourri et complètement contaminé. Toutes ces douleurs sont confuses dans mon esprit embrumé.
Je suis consciente d'avoir presque les lèvres bleues et je dois être dans un état si piteux que j'ai réussi à choquer mon amie qui pour la première fois à perdu ses mots face à moi. Je pouvais pourtant lire toute l'horreur du moment dans son regard.

Dans sa belle chambre, j'ai tout de suite beaucoup moins froid et je me contente de m'asseoir sur la chaise en face de son grand miroir. Je ressemble réellement à une morte vivante sortie d'un film apocalyptique. Et c'est réellement ce que je suis.
Je respire encore certes mais je suis bel et bien morte. Morte dans mon âme et mon corps suivra certainement bien vite.

Mon amie me rejoint et me prévient qu'elle est déjà appelé Diya. Cette dernière a affirmé qu'elle serait là aussitôt que sa tante sortirait des soins intensifs.

Je sens que j'aurais dû fondre en larmes à ces mots mais absolument rien ne se passe. Ni un hoquet ni un sursaut précurseur d'une montée de liquide salé, rien.
Je suis consciente d'affoler la jeune femme en face de moi mais je n'arrive pas à sortir un seul mot de ma gorge qui m'a l'air enflammée, ni une seule larme de mon corps certainement asséché.
Elle se contente juste de me prendre dans ses bras et me chuchote qu'il me faut prendre un bain avant d'attraper la mort, ce qui est trop tard.

Dans les instants qui suivent et après avoir vidé le maigre contenu de mon estomac, je suis dans un bain brûlant, en train de regarder dans le vide après mettre écorché la peau qu'il me fallait absolument nettoyer de toutes ses souillures; pendant que mon amie me fait avaler une soupe que je me contente mécaniquement d'ingurgiter.
Une fois fait, elle m'enroule dans un peignoir doux puis me réinstalle devant le miroir qui me projette une bien meilleure image de moi, mais même aussi propre mes péchés resteraient à jamais inscrits sur moi. J'ai beau m'être lavée à sang, ce que j'ai fait ne me quittera jamais. J'ai à nouveau envie de vomir tellement je me sens sale et abusée.

J'ai laissé un imposteur profiter de moi et j'ai aimé ça, je me suis donnée à lui corps et âme. J'ai fini par douter de la suite de mon mariage et j'ai fini par un jour laisser le divorce s'immiscer en moi afin de me retrouver avec lui, avec cet homme qui n'avait rien d'autre en tête que de faire du mal à son frère et de m'humilier. Et moi comme la reine des putes, je lui ai servi sur un plateau d'or tout ce qu'il fallait pour arriver à ses fins.

Chaque inspiration m'est douloureuse, chaque cellule de mon corps profané me rappelle que cet homme a posé les mains sur moi et me hurle qu'il faut en finir. Ma conscience me met constamment en face de ses horribles souvenirs de moi en train de jouir d'un nectar interdit qui me poussait à chaque baiser et chaque touché empoisonné vers ma mort.
Je ne mérite plus rien et encore moins d'être encore en vie.

Oui, il me faut en finir.

Elle s'applique à me sécher les cheveux et me faire une jolie tresse, le tout dans un silence religieux avant de me demander de me changer parmi donc impressionnant choix de pyjamas.
Voyant que je ne réagissais pas, elle opte à ma place pour un pantalon et un large tee-shirt que j'enfile mais tout ce que je réussis à réclamer quand j'arrive à ouvrir la bouche c'est la chemise que j'avais sur le dos, elle porte encore l'odeur de mon mari et je la veux contre moi.

 Ibtikeh Où les histoires vivent. Découvrez maintenant