44-

216 4 4
                                    



J'avoue j'ai fait le sourd longtemps et ça m'agace. Je brûle de savoir ce qui s'est passé pour que je croule sous les appels et les différents messages.

Mais avant tout, j'ai enfin décidé d'aller voir mon amie. Quand elle m'a appelé j'ai débarqué aussi rapidement possible chez moi comme un fou. Elle était dans un tel état que j'ai cru qu'une meute de chiens sauvages l'avait attaqué. Et quelle ne fut ma désagréable surprise d'apprendre que c'était en fait Ibti qui l'avait mise dans cet état.

J'en aurait ri si ce n'était pas aussi sérieux, aussi grave. J'ai découvert plusieurs facettes de ma femme mais je ne l'avais sûrement jamais imaginé aussi sauvage et violente.
J'en avais honte, tellement que quand nous nous sommes séparés dans cette ambulance, je n'ai pas osé retourner la voir. Je n'ai eu de ses nouvelles que par son fiancé qui évidemment n'est pas très chaud de me voir là-bas ou même me parler. Néanmoins il a été assez classe de m'informer de son état et de faire comme le lui a demandé l'avocate, c'est-à-dire laisser tomber la plainte.
Notre amitié va en prendre un sacré coup c'est certain, mais le plus important est qu'elle aille bien. Et je lui suis reconnaissant pour ce geste.

J'ai pris du recul, j'avais besoin de m'éloigner de tout et de tout le monde; même de ma tante désolé.
Pour souffler un peu. J'en avais marre tout simplement et mon meilleur ami qui est la prise de tête en personne a compris cela. Même si je sentais bien dans nos échanges téléphoniques que ça le démangeait de faire son moralisateur. Lui qui n'arrêtait pas de me traiter de borné ou tête de mule.
J'ai hâte de savoir ce que j'ai raté et quel autre dégât j'ai encore fait.

Il vient me chercher à l'heure prévue à la gare. Ses traits sont durs et beaucoup trop sévères pour être normal. Quelque chose ne va sûrement pas et j'espère que ma tante n'a rien de grave. D'ailleurs je compte de ce pas me rendre à l'hôpital avant de rentrer chez moi.

- ça va mon frère?

- ça ira quand tu auras posé ton cul dans ce siège et qu'on sera allé à l'hosto

- tu lis vraiment dans mes pensées, lui dis-je avant de balancer mon sac sur la banquette arrière et de mettre ma ceinture de sécurité

- tu as enfin ouvert ton téléphone, fait-il remarqué dans un reproche à peine voilé

- je l'ai fait uniquement pour te parler, lui répondis-je en sortant une barre chocolatée que je dévore d'une traite

- alors tu ne sais pas, dit-il en s'engageant sur l'autoroute

- qu'est-ce que je dois savoir? Commençai-je à réellement m'inquiéter, qu'est-il arrivé à tata?

- Elle va bien mais tu verras une fois qu'on y sera, dit-il sans rien ajouter de plus et se concentrant sur la route.

Mon cœur accélère ses battements d'un rythme complètement fou. C'était visiblement une mauvais idée de partir comme ça sur un coup de tête.
Mais sérieux il ne peut vraiment pas se passer quelques petits jours sans que ma vie ne connaisse un événement!? Déjà de retour et déjà les maux de tête.

En fin de compte changer de pays pour repartir de zéro c'est vraiment ça que je devrais faire. Je n'en peux plus de tous ces drames qui pullulent ma vie. J'ai certes fait du mal autour de moi, mais le retour de bâton est beaucoup trop mouvementé pour moi. Je vais tout simplement jeter l'éponge au risque de finir complètement dingue.

Quand nous sommes à l'hôpital, on ne me permet pas de voir ma tante qui a besoin de beaucoup de repos. Je vais prendre alors une canette de soda au distributeur où j'attire l'attention de mon frère sur un homme. L'homme dont il m'a montré la photo et qui était récemment devenu très proche de Ibti.

 Ibtikeh Où les histoires vivent. Découvrez maintenant