XXI - Sine qua non

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Encore une. Encore une et je ne tiens plus. J'ai l'impression qu'encore une inspiration et ma gorge se transforme en terrain aride sur laquelle le feu règne en maître. L'air n'est plus aussi agréable que la seconde d'avant. Ce n'est pas provoqué par la fumée d'un incendie, ni par du gaz ou ni même aucun échange chimique incluant trop de co2.

Non, c'est la sensation étouffante d'être incomprise. D'être trop. D'être trop consciente de sa propre présence. Ce moment de trop, ce rire de trop, cette phrase de trop, cette hésitation de trop... Ça me donne l'impression de déranger, toujours, même quand il est important que je parle, que l'information que je partage est nécessaire pour la bonne continuité des événements. J'ai l'étrange sentiment que je ne suis pas à ma place et que je ne devrais pas être là. Et je me fais avaler par cette ombre noire qui valse et virevolte au travers du monde et des âges. J'ai vu une vidéo un jour expliquant que le pire des fléaux est le doute. Beaucoup contrediraient cette affirmation, et pourtant ce sont les doutes de l'homme qui ont créés les pires atrocités au delà du temps.

Mais la pire des destructions est le doute de soi. Vous n'imaginez pas à quel point lorsque l'on accepte cette petite couette qui au départ semble si douce, agréable et légère, on oublie souvent qu'avec les années son poids s'alourdit et sa douceur devient rêche. On s'écorche, car ce qui au départ est du doute positif devient une obsession, une excuse, une validation. Et on finit par s'oublier soi même dans cet océan de pensées dont le flot ne veut se tarir. Comme une relation toxique dont on ne veut pas s'éloigner.

Et j'obtempère tandis que ma respiration s'agite. Je me fais des films, j'interprète, je me blesse et je détruis. Car je n'ai jamais réellement vécu ce sentiment de sécurité. Partiellement j'entends, mais pas assez pour être totalement transparente, authentique et sincère avec moi même. J'ai finis par croire à mon propre écran de fumée que je montrais aux autres.

Aurais-je assez de courage pour le relevé et ne plus avoir peur de moi, de mes capacités, et surtout de toi qui au fur et à mesure du temps me donne l'impression que je ne suis pas si étouffante que ça...

First BlowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant