chapitre 11

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11 : juste une mise au point

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Le silence. Rien d'autre qu'un silence épais, embarrassé et distant. Personne n'ose briser ce silence, comme craignant de faire savoir à tous les autres de sa présence dans la salle de conférence. Les échanges de regard sont timides, un brin penauds et emplis de questionnements silencieux.

Ainsi tous rassemblés dans cette pièce circulaire aux arcades taillées à même la pierre, les élèves ont du mal à rester immobiles sur leurs chaises, disposées en arc de cercle autour d'une estrade ronde en bois. Ce qui est certain, c'est qu'ils se demandent tous ce qui les attend. Enfin tous, pas vraiment. Trois chaises sont vacantes et vont très certainement le rester.

Certains se sont habillés avec la première chose qui leur tombait sous la main, d'autres n'ont pas eu le temps de faire plus d'effort aux vues des tignasses décoiffées ou des pantalons en flannelle à carreaux.

Assise entre Phoebe et Jefferson, Madeline observe le vernis bleu pâle de ses ongles. Plus agité qu'elle, son jumeau n'a de cesse de se trémousser sur sa chaise en scrutant tout ce que ses yeux peuvent voir.

- Je vais finir par croire que tu as un ressort coincé dans le derrière, Zébulon, murmure la blonde
- Tu crois qu'on va tous se faire renvoyer ? lui demande-t-il en se penchant vers elle. Ou qu'on va se faire enfermer dans un cachot ? Ou pire, ils vont nous couper la tête ...
- Tu es vraiment intenable quand tu n'as pas le temps de prendre de petit-déj toi

Jefferson allait répliquer mais des claquements de talons, retentissant dans un couloir tout proche, coupe court à son envie de rébellion. Dès que la porte près de l'estrade s'ouvre, ce seul mouvement accompagné d'un grincement stressant de porte suffit à faire se redresser tout le monde sur sa chaise.

Grace Lington entre dans la salle de conférence, perçant le silence environnant. La directrice de l'Académie Dawson prend place au centre de l'estrade, la posture bien droite. Les deux mains posées sur le pommeau de sa canne, elle balaye d'un regard dénué d'émotions l'ensemble des élèves. Contrairement au jour de la rentrée où son charisme professionnel était adouci d'une sympathie engageante, son avenance est proprement contenu à présent.

- Bonjour à tous, merci de répondre présent à l'annonce que j'ai faite passé ce matin. J'aurais préféré ne pas avoir à vous convoquer de si bonne heure et vous laisser dormir plus longtemps, je regrette que votre premier week-end à l'Académie ne débute pas dans des conditions idéales. Mais malheureusement, je me devais de prendre la parole afin de revenir sur les événements d'hier soir

La soirée de rentrée occupe encore tous les esprits, plus particulièrement la bagarre qui a éclaté entre les frères Lington et Dashton Walcott. Entre le coup de poing de Zadig, la crise de panique de Phoebe et l'attitude odieuse - et les propos tout aussi révoltants - des Walcott, Madeline a énormément ressassé ces quelques heures, à tel point qu'elle a eu du mal à trouver le sommeil.

- En tant que directrice, j'avais nourri beaucoup d'espoir quant à cette soirée de bienvenue. J'espérais qu'un cadre plus libre, moins protocolaire que vos cours, faciliterait les échanges entre chacun d'entre vous. Que ça encouragerait l'ouverture sur les autres, la bienveillance et la camaraderie. Quel bel échec ! Dès la première semaine de cours, une bagarre éclate en pleine salle commune !

Ses traits sont durcis par une colère froide, ses yeux s'embrasent d'une noirceur intimidante. Mais au-delà de ce sentiment bouillonnant, la mère Lington semble éprouvée, touchée au plus profond d'elle par la déception et l'amertume.

𝐋𝐔𝐍𝐀𝐈𝐑𝐄 ↝ tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant