chapitre 23

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23 : c'est vraiment l'hôpital qui se fout de la charité

☽⁂☾

Piégée dans un flou distant, voilà la sensation que ressent Madeline. À certains moments, elle ne se sent plus maîtresse de son être. À d'autres, le reste du monde lui paraît si éloigné qu'elle craint de ne plus jamais y avoir pied.

Les heures - ou jours, elle l'ignore - qui suivent sont nimbées d'un brouillard trop épais pour être percé. L'inconscience et la lucidité se confondent, telles deux entités siamoises. On ne sait pas où l'une se termine et où l'autre commence.

Par moment, la blonde sent son esprit s'éveiller mais sans parvenir à atteindre son corps. La seconde d'après, ses membres aimeraient se manifester mais subitement, elle n'est plus rien d'autre qu'une coquille vide. Une bataille intérieure fait rage, la jeune femme s'efforce de faire coïncider les points essentiels à son réveil, en vain.

Dans son état, tout est trop dur, trop épuisant. L'espace d'un moment de capitulation, Madeline rend les armes. Et c'est là qu'une voix surgit dans son esprit. Une voix inconnue, celle d'un homme d'âge mûr à l'accent anglais très prononcé.

- Madeline ... tu dois te réveiller. Bats-toi et ouvre les yeux

Une telle douceur émane de cette voix qu'une impression de chaleur emplit la blonde. Elle n'a jamais entendu cette personne auparavant, pourtant ce ton paternel lui apporte un réconfort immédiat. Ainsi qu'un regain de force et de détermination.

Rendre les armes n'est pas dans ses habitudes, hors de question de le faire maintenant. Madeline redouble d'effort, pousse sa volonté à son maximum et brise une barrière mentale. Et enfin, elle parvient à ouvrir les yeux.

Sa première impression est que la lumière environnante est trop blanche, trop vive. Elle est tentée de refermer les paupières mais craint de ne plus réussir à les rouvrir par la suite. Alors elle cligne plusieurs fois des yeux pour essayer de s'accommoder à la luminosité.

- Chérie, elle se réveille, dit une voix
- Oh mon dieu ! s'exclame une autre

Son corps lui paraît un peu engourdi, comme s'il avait été anesthésié avec une triple dose. Elle ne ressent que vaguement la main qui presse la sienne, ainsi que le tube glissé dans ses narines. Les yeux plissés, elle se concentre sur la personne lui tenant la main. Cette action, simple en somme, lui coûte pourtant beaucoup d'effort, une vague de fatigue l'embrume de nouveau.

- Tout va bien, mon poussin ... tout va s'arranger. Les médecins s'occupent de toi, tu peux te reposer

Madeline a tout juste le temps de comprendre qu'il s'agit de ses parents, Jodie et Peter, avant que le voile sombre du sommeil ne s'abatte à nouveau sur elle.

☽⁂☾

Au milieu de cette brume dense, Madeline oscille entre rêves inconscients et tressauts brefs dans la réalité. La plupart de ces moments de clarté sont si furtifs qu'elle n'est pas entièrement sûre d'être réveillée.

Parmi les inventions qui occupent son esprit lors de son repos, l'une d'elles se distingue des autres car elle n'a rien d'une machination onirique. La jeune femme est portée dans une journée s'étant réellement passée. Elle replonge dans le souvenir d'un après-midi entre amis, dans la salle d'art du château, en plein mois de février.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 27 ⏰

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𝐋𝐔𝐍𝐀𝐈𝐑𝐄 ↝ tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant