chapitre 16

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16 : les emmerdes ne prennent pas de jour de congés

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- Vous êtes l'héritage de William Altmann ...

Si le choc que lui cause cette phrase prononcée par le patriarche Walcott est immense, Madeline reste parfaitement stoïque. Le monde a beau se mettre à tourner autour d'elle, une tempête peut bien se déclencher sous son crâne, elle demeure maître de ses émotions et de celles qu'elle désire afficher.

- Comment connaissez-vous mon père ? lui demande-t-elle, d'une voix ferme emplie de détermination

Une porte s'est entrouverte, lui permettant d'accéder à d'éventuelles réponses. Nul besoin d'hésiter longtemps avant de s'y engouffrer. Cependant, le père de Tia ne semble pas des plus disposés à se montrer coopératif. Un sourire progressif soulève ses traits, une sorte de rictus dénué de chaleur et désagréablement sinistre.

- Pauvre petite fille qui ignore tout de son père, si désespérée de trouver un modèle sur lequel s'appuyer, fanfaronne-t-il en ajustant les pans de sa veste de costume bleu marine
- À choisir, je préfère avoir grandi sans mon père biologique plutôt qu'avec un abruti dans votre genre ... on voit ce que ça a donné pour l'éducation de vos enfants, réplique la blonde en jetant un œil à Tia

Cette dernière, sentant son orgueil être attaqué, bondit furieusement vers l'immaculée. Son père l'empêche de poursuivre son offensive en lui barrant la route de son bras. Il n'accorde aucun regard à sa fille, ses yeux restent ancrés dans ceux de Madeline. Bien décidée à ne pas se laisser intimidée par ce baltringue en costume, elle soutient son regard et fait complètement abstraction du saignement de son nez ou de la brûlure sur le dos de sa main. Elle hausse un de ses sourcils et relève le menton, ouvertement provocante.

- Oui ... vous me le rappelez bien là ..., sussurre-t-il en plissant ses petits yeux étriqués. Lui aussi aimait défier les autres en s'accompagnant d'une attitude insolente et il ne s'en cachait jamais. Nombreux l'ont admiré pour ça mais cet instinct séditieux lui a causé bien des torts

Ça ne fait plus aucun doute, le père de Tia a connu William et de façon assez profonde visiblement. Pourquoi est-ce que toutes les personnes qui ont connu mon père ne me donnent pas envie de prendre le thé avec elles pour en discuter ? pense Madeline en retenant un soupir las. Elle songe au même instant à Priscilla Elder, la superviseure ayant évoqué le souvenir de son père lorsqu'elles se sont croisées près du kiosque abandonné dans les bois. Bien qu'elle ne soit pas de la même trempe que Gregor Walcott, on ne peut pas dire qu'une chaleur immense émane d'elle.

- Au moins, vous vous souvenez de lui. C'est bon signe, réplique l'immaculée
- Personne ne saurait oublier William Altmann, affirme le père Walcott avec un sérieux glaçant. Il avait compris avant tout le monde la voie qu'il était préférable de suivre. C'était un visionnaire, un guide à nul autre pareil. Irremplaçable, pour sûr

Il y a quelque chose d'étrange dans la façon dont Gregor évoque la mémoire de William, Madeline s'en trouve perturbée.

- Vous étiez proche de mon père, n'est-ce pas ? À vous entendre, on dirait qu'il était pour vous un modèle
- Ma petite, c'est bien plus que ça

L'immaculée s'apprêtait à rétorquer une phrase bien sentie qui pourrait faire ravaler à monsieur Walcott son petit air condescendant, mais Tia prend la parole avant qu'elle n'en ait la possibilité.

𝐋𝐔𝐍𝐀𝐈𝐑𝐄 ↝ tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant