𝐋𝐔𝐍𝐀𝐈𝐑𝐄 ↝ tome 1

chapitre 22

22 : quand les démons de minuit viennent gâcher la fête

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- C'est au nom de ton père que je suis là, Madeline Harvey. Et ce soir, je ne te laisserai pas voir une pleine lune de plus

Madeline n'a pas le temps de s'étonner quant à la mention de son père, la folle dingue projette son bras vers l'avant, paume ouverte dans sa direction. Aussitôt, une violente bourrasque de vent s'éveille à travers la ruelle, faisant voltiger des feuilles et des grains de poussière en tourbillons désorganisés. La femme écarte les doigts et les resserre lentement vers sa paume comme des crochets, le souffle de vent gagne en intensité. La blonde se retrouve projetée en arrière. Son corps percute brutalement un mur, faisant sortir tout l'air de ses poumons dans un cri de douleur étouffé. Elle s'écrase au sol en grognant, à l'instant où sa rivale fait taire son ouragan. Cette dernière revient à la charge et brandit un poignard, qu'elle sort de la poche de son pantalon.

- Ne me dites pas que vous recommencez avec votre couteau ..., soupire l'immaculée en se redressant sur les mains
- Tant que tu n'auras pas rendu ton dernier soupir, ce couteau sera mon seul compagnon
- C'est d'une tristesse

Madeline attrape le poignet de l'assaillante et interrompt son attaque, elle profite de cette proximité pour la pousser des deux pieds en lui donnant un coup dans le ventre. La femme titube en arrière, ce qui laisse le temps à la blonde de se remettre debout.

- Je n'aime pas trop la fixette que vous faîtes sur moi, ni sur mon frère. D'ailleurs, vous avez eu tort de vous en prendre à lui
- Tu crois que tu me fais peur, immaculée ? Tu n'es qu'une erreur de la nature, une impureté dont on doit se débarrasser au plus vite
- Oh je suis sûre et certaine que je ne vous fais pas peur. Et c'est là que vous faîtes la plus grosse erreur de votre vie

La pianiste esquive l'attaque armée de l'inconnue hostile et lui décroche un coup de poing dans la mâchoire. Loin de vouloir s'arrêter en si bon chemin, elle met toute sa force à exécuter une clef de bras à son adversaire, et la plaque contre le mur, face contre les briques. Cette dernière grogne à travers ses mâchoires serrées tandis qu'elle finit par lâcher son poignard, la lame tombe au sol dans un tintement métallique. Galvanisée par sa colère, elle-même largement nourrie par la peur pour son frère, Madeline resserre sa prise sur le bras de la femme, le remontant de plus en plus dans son dos.

- Qu'avez-vous fait à mon frère ? la cingle-t-elle en laissant libre court à sa rage
- Tu ne devrais pas t'en faire pour lui, quelqu'un est en train de se charger de ton impure de jumeau, crache-t-elle avec venin. Tout comme je m'apprête à m'occuper de toi

Des craquements se font entendre dans le dos de Madeline tandis qu'elle sent une nouvelle minie tornade se mettre à souffler. Elle jette un coup d'œil par-dessus son épaule et comprend l'origine de ce bruit inquiétant.

Un des réverbères semble céder sous les assauts incessants de la bourrasque, il se met à pencher de plus en plus dangereusement vers l'avant. Des pavés se soulèvent au niveau de son pied, alors que son poids s'apprête à l'emporter. L'impressionnante rafale tournoie avec d'autant plus de vigueur autour du réverbère et, au milieu d'étincelles d'électricité, il bascule vers l'avant. Droit sur Madeline, qui est contrainte de lâcher son adversaire et de s'écarter pour ne pas finir écrasée sous le lampadaire en fer forgé. Ses deux lanternes se brisent alors que sa tête s'encastre dans le mur. À présent à demi-couché en travers de la ruelle, le réverbère sépare malgré lui les deux femmes, qui entament une autre sorte de bataille.

La blonde braque ses yeux verts dans ceux noirs de la folle dingue et sous aucun prétexte elle ne s'en détournera. Hors de question de se défiler ou de battre en retraite, cette déglinguée ne s'en sortira pas comme ça, se promet Madeline.