Kha: L'amour impossible

Chapitre 10: Ne me touche pas

— Que faites-vous ici encore ? Partez maintenant. Hurle Ozul, comme s'il n'était pas capable de parler autrement.

— Hein ? Où veux-tu que l'on aille papa ?

Léto semble perdu et cherche à s'approcher de ses parents avant de s'arrêter net, comme si elle se souvenait qu'elle ne devait pas faire un pas de plus. J'ai le sentiment à ce moment précis que Léto et son père parlent une autre langue, comme s'ils ne venaient tous les deux pas du même continent et que comme deux étrangers ils étaient incapables pour eux de communiquer ensemble.

— Bah chez toi espèce d'idiote ? Ne viens-tu pas de me dire que vous aviez une maison ? Donc allez-y, on ne va pas vous garder chez nous indéfiniment. Et que cette fois-ci soit la bonne, si jamais celui-ci, dit Ozul en me pointant du doigt, fini comme l'autre, tu te débrouilles, on ne veut plus de toi chez nous.

— Ne dis pas ça chéri, dit d'une voix douce Rhéa pour calmer Ozul, ce n'est pas de sa faute si elle est veuve, il est normal que ses parents la soutiennent.

— Ah car ce n'est pas de sa faute, tu penses ? Quelle pauvre femme naïve ai-je épousé. Tout le monde sait qu'elle l'a tué, tu es la dernière idiote à la croire innocente. C'est pour cela que je voulais la marier à ce vieux boiteux, au moins en le tuant une fois qu'elle se serait lassée de lui, elle aurait fait une bonne action en abrégeant les souffrances de ce vieillard alcoolique. Mais non, entre-temps vous vous ramenez avec cet abruti qui est, soit aussi bêtes que vous, soit complètement suicidaire. Ne tenez-vous pas à la vie jeune homme ?

Je reste sans voix et fixe Ozul hébété. Pour ma défense l'abruti que je suis n'était pas au courant de tout ce qui se disait sur Léto. Mais pour dire cela, il faudrait alors que j'avoue que je suis l'ancien empereur devenu un monstre et en fuite et non pas un gentil fleuriste du village. Mais il a raison, je ne tiens pas à la vie. Mais cela ne m'empêche pas de commencer à craindre Léto pour autant. Je souhaite mourir oui, mais comme je le voudrai et quand je le souhaiterai. Ce n'est pas à elle de me voler mon dernier instant de vie. Je ne sais pas pourquoi mais bien que je souhaite disparaître le fait que cela puisse m'arriver d'un moment à un autre des mains de cette femme me terrifie.

Même son père ne la croit pas, la seule personne à la penser innocente est sa mère mais nous savons tous qu'elles ne sont que rarement impartiales avec leurs enfants. Mais je ne fuirais pas. Si jamais je découvre que Léto est vraiment une tueuse alors je soulagerais ce monde et l'emmènerai aux enfers avec moi.

Mais je vais devoir enquêter, juste des rumeurs de villages ne seront pas suffisant pour la condamner. Une chance que je puisse vivre à ses côtés, je devrais bientôt tout savoir d'elle et faire mon choix. Elle semble réussir à échapper aux juges, mais elle ne m'échappera pas, pas à moi. Je ne la laisserai pas tuer de pauvres innocents même si cela fait de moi un assassin.

— Ton père a raison Léto, il est venu pour nous le temps de nous installer dans notre demeure. Je suis désolé monsieur de vous avoir dérangé, ne vous en faites pas, je prendrais soin de votre fille et ferais mon maximum pour qu'elle ne soit plus une charge pour vous.

Quitte à la tuer me dis-je alors intérieurement.

Je prends alors Léto par la main et la tire avec moi, je ne sais pas où nous allons mais j'ai hâte de quitter cet endroit rempli de haine et de colère. Au bout de quelques mètres, une fois que nous ne sommes plus visibles, Léto ne se laisse plus faire et se débat pour que je la lâche, ce que je fais.

— Ne me touche pas, tu as compris, ne me touche plus jamais me hurle-t-elle comme prise de panique. Tiens il y a un ruisseau là-bas va te laver les mains et frotte au maximum.

— Pour quoi faire ? Tu n'es pas si sale que ça ?

— Fais ce que je te dis.

Elle me regarde droit dans les yeux, je ne dirais pas qu'elle me fait peur mais sa détermination est si forte que je n'ose pas la contredire. Je fais alors ce qu'elle m'ordonne en étant en plus surveillé.