Chapitre 16: Accepte ta peine

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— Il n'y a rien à comprendre Léto, tu as tué avec froideur un homme innocent et bon avec toi. Tu mérites ta punition. Ce n'est pas parce que tu sauves des vies par ailleurs que cela te permet de prendre la vie d'un autre. Ce n'est pas comme cela que le monde fonctionne. Ce n'est pas une vie contre une autre.

C'est bon, j'en ai fini de lui trouver des excuses.

— Réponse étonnante de la part d'un homme qui me disait que l'on pouvait tuer pour se sauver soit ou un autre. Qui mérite donc de vivre ou de mourir alors ?

— Là n'est pas la question, ne cherche pas à détourner la conversation.

— Ce que je voulais te dire c'est qu'il n'y a pas qu'une seule raison qui justifie de tuer. Tuer pour se sauver n'est pas la seule. Tuer pour sauver la vie d'une personne qu'on aime n'est pas la seule. Tuer pour protéger la population d'une empoisonneuse n'est pas la seule. Je suis sûre que tu as tué pour protéger ta princesse ?

— Oui et alors ? Cela n'a rien à voir, je la protégeais.

Mon cœur s'emballe, je sens le rouge me monter aux joues et je n'arrive pas à comprendre si ce qui me met dans un tel état, les justifications de Léto ou le fait qu'elle évoque des souvenirs de mon ancienne vie.

— Et moi aussi je le protégeais.

— Non toi tu l'as tué.

— Justement.

Elle déraille. Leto ne vit pas dans notre monde, ce n'est pas possible. Les règles sont simples pourtant, on ne tue jamais un innocent donc comment peut-elle avoir la conscience tranquille ? J'essaye donc de mieux la comprendre.

— Tu le protégeais ? Mais de quoi ? Tu étais le seul danger.

— Avant de tout t'expliquer laisse moi te présenter mon mari.

— Cela ne changera en rien à sa pauvre fin.

— Avant de juger, tais-toi et écoute.

Je suis agacé par le ton qu'elle prend pour s'adresser à moi mais à cause de son charisme inexplicable je m'exécute.

— Il était un homme doux, gentil intelligent et surtout pas comme les autres. Et pour la simple et bonne raison qu'il était vraiment différent. Ici les hommes épousent les femmes, parfois sans même se connaître. Et avec un peu de chance ils finissent par s'aimer. Mais il n'y a pas d'autre voie possible. Mais lui, n'en avait que faire des conventions et à décider de vivre comme il le voulait.

— C'est-à-dire ?

— Je t'ai déjà dit de me laisser parler, ne t'inquiète pas tu vas vite comprendre.

Mes dieux qu'elle est agaçante. Mais comme d'habitude je m'exécute et elle continue son discours les yeux plein d'étoiles.

— Avant de me connaître il a connu l'amour, le grand.

— Donc pourquoi ne pas l'avoir épousé elle au lieu de toi ?

— Car ça n'était pas elle, c'était il.

— Et alors ? Il n'avait qu'à l'épouser lui alors.

— Ici, ce genre d'union n'est pas accepté, ils devaient déjà se cacher aux yeux de tous, donc tu imagines bien qu'ils n'ont pas pu se marier. Donc son amoureux s'est marié en premier avec une inconnue puis c'était à notre tour. Nous ne nous étions vus que quelques fois mais cela était suffisant pour nos familles. Surtout pour la sienne qui voulait faire taire les rumeurs qui se propageaient encore plus vite qu'une tempête de sable.

— Il ne t'a jamais aimé alors ? Ton amour était à sens unique.

— Tu sais Kha il y a plusieurs formes d'amour. Peut-être qu'il l'aimait lui, mais je suis sûre que mes sentiments étaient partagés. Je ne me suis jamais senti aussi aimé et choyé par un autre que lui.

— Comment peux-tu en être sûre ?

— Il a été forcé de m'épouser mais à aucun moment je ne me suis sentie repoussée par lui. À ses côtés je me sentais en sécurité, nous pouvions nous parler pendant des heures. Nous avions les mêmes passions, les mêmes pensées, les mêmes rêves. Quand on m'a obligé à l'épouser je pensais m'unir à un inconnu. Mais en réalité j'avais le sentiment de l'avoir toujours connu. Nous étions des âmes sœurs même si je sais qu'il aimait toujours son premier amour.

— Tu veux dire...

— Oui, ils se fréquentaient toujours et je le savais très bien.

— Et ça ne te dérangeait pas, c'était ton mari il te devait la fidélité.

— Peu importe ce que disent les vœux que nous n'avons pas le choix de prononcer pendant notre mariage, un autre être humain ne peut nous appartenir, il devait rester libre d'aimer. Je ne pouvais pas l'empêcher de ne plus voir celui qui faisait battre son cœur sous prétexte que j'avais une bague au doigt qui signifiait qu'il était à moi. Jamais, jamais personne ne m'appartiendra. Donc Kha... Je suis désolée.

— Désolée de quoi ?

— Du chantage que je t'ai fait, du faux mariage que je t'oblige à jouer afin de me libérer. J'ai été égoïste. Je n'ai pensé qu'à ma liberté quitte à te priver de la tienne. J'ai compris ce que tu voulais dire quand tu me parlais de ta volonté. J'étais tellement aveuglé par ma recherche de liberté que j'en ai oublié la tienne. Et pour être honnête avec toi, te retenir prisonnier de ce faux mariage ne me rend pas plus heureuse. Qui pourrait se penser libre alors que sa liberté repose sur un oiseau en cage à ses côtés ? La vraie liberté implique de ne pas en priver l'autre et grâce à toi je l'ai appris. Je vais apprendre à l'obtenir par moi-même, je ne sais pas encore comment faire, mais je vais au moins essayer. Je le regrette tellement, si tu savais. Donc je voulais te dire... Kha tu es libre maintenant. Fais ce que tu veux, quitte-moi, pars loin ou reste ici si le cœur t'en dit mais je t'en supplie... Reste en vie.

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Merci d'être là cher lecteur, t'es le meilleur
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Kha: L'amour impossibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant