Kha: L'amour impossible

Chapitre 20. La maison et la prison

— Et voilà c'est fini, annonce une Léto conquérante.

       Elle peut être fière d'elle elle a fait un excellent travail. Et le mien disons qu'il a été... participatif. Mais je reste heureux d'avoir appris autant. J'ai beaucoup progressé et bientôt je pourrais même me débrouiller tout seul, surtout avec une si bonne professeure.

       Nous avons en parallèle continué notre travail de « fleuriste » qui a été couronné de succès. Que des personnes qui se sentent mieux après notre passage, cela est si valorisant.

       Et après ces mêmes personnes nous insultent, avec tous les autres, pour rejoindre le troupeau de moutons et ne surtout pas s'en éloigner. Personne ne veut avouer avoir eu recours aux soins d'une sorcière au risque de faire bientôt partie de ceux qu'on rejette. Même les personnes qui ont survécu grâce à Léto l'insultent, au mieux ils se taisent mais jamais ils ne la protègent.

       Puis un jour, aux détours de nos visites c'est à mon tour de tomber malade, à force de les côtoyer selon Léto, « Les risques du métier » dit-elle.
Je ne peux m'empêcher de tousser pendant nos traversées infernales dans le village et tout le monde commence à remarquer que je deviens pâle. Léto décide donc pour moi qu'il est mieux que je reste à la maison quelques jours mais que je ne m'inquiète pas, ce n'est pas grave et elle a de quoi faire baisser la fièvre. Elle doit seulement aller chercher quelques plantes pour m'aider et bientôt j'irai mieux.

       Un matin elle part donc, me laissant seul dans notre petite maison. Mais le temps passe, le soleil court pour s'enfoncer au plus profond de la terre. De fatigue je m'endors mais lorsque je me réveille Léto n'est toujours pas de retour. Ce n'est pas normal, elle n'aurait jamais passé la nuit seule dehors. Elle est la première à dire que la vie est dangereuse pour une femme, je ne peux donc m'empêcher d'avoir ces paroles qui résonnent dans mon esprit. Et s'il lui était arrivé un malheur ? La peur me fait oublier la fièvre et je décide donc d'aller la chercher malgré mon état.

Les insultes du village continuent d'affluer dans tous les sens mais à ma plus grande stupeur, cette fois-ci elles sont différentes.

— Enfin, ta sorcière de femme est en prison.

— Bientôt le bûcher.

— Ça sera un vrai plaisir de la voir brûler.

Je reste stupéfait. Léto s'est fait arrêter ? Comment ces gens peuvent-ils parler de ma femme de cette façon ? Je perds donc mon calme.

— Mais pourquoi ne dites-vous rien, hurle je alors le doigt pointé en direction de toutes les personnes qui ont eu recours aux soins de Léto, toutes celles qu'elle a sauvées, soignées, soulagées.

Mais je n'obtiens aucune réaction, elles ne font que se cacher, que disparaître dans l'ombre.

— Mais regarde-toi, tu as vu ton état ? Elle t'a empoisonné mon pauvre garçon, comme son premier mari.

— Non c'est faux. Dis-je en me redressant dans l'espoir de cacher mon état.

— Fais-toi une raison, elle a été prise en flagrant délit.

— En flagrant délit ? Comment ça ?

Ma respiration se bloque, je ne peux m'empêcher de hausser les sourcils même si je ne veux pas offrir ce spectacle à ceux qui accusent Léto.