Chapitre 10

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Mon regard se perd sur la ville ,et sa vue à couper le souffle. N'allons pas se mentir, Las Vegas est vraiment une ville vertigineuse. Placée devant cette baie vitrée, les bras croisés sous ma poitrine, j'observe la vie des autres. Je suis spectatrice d'une liberté dont on m'a privé. Je croyais que je pourrais m'y opposer, mais je ne suis que du bétail, depuis le début, et pour tout le monde. C'est douloureux de s'en rendre compte.

Je me suis perdue, en voulant être présente pour tout le monde. Mais aujourd'hui, personne n'est là pour m'aider, je suis seule. Et c'est cette solitude qui me blesse le plus lourdement.

La porte de la suite s'ouvre, mais je ne prends même pas la peine de me retourner. Mes larmes ont énormément coulé, aucunes n'a été bénéfiques. Depuis que je me suis rendue à l'évidence, je ne ressens plus rien. Comme si mes émotions avaient été mises dans une bouteille, dont on avait vidé le contenu dans un évier. Je suis vidée de tout.

- Tu te prends de passion à observer la vie des autres ? siffle la voix de Livio dans mon dos. Tu y trouves ton bonheur ?

Je serre les dents, mais ne réponds pas. Il m'a kidnappé devant chez moi, sans même avoir l'ombre d'un remord. Il m'a suivi dans la rue, à forcer l'entrée de mon appartement, dans l'unique but de me contraindre à le suivre. J'ai beau y penser, cette vérité est dure à réaliser. Je n'aurais jamais pensé que cela m'arrive un jour, malgré toutes mes précautions pour éviter les détraqués de ce monde de merde. Je le hais.

- Eléonore, ce n'est que pour quelques jours, tu vas rentrer chez toi ensuite, soupire Livio, presque agacé.

Je déteste quand il prend ce ton, on dirait qu'il rassure une gamine. Sauf qu'il n'a pas l'air de se rendre compte de la gravité de ses actes bordel. Il m'a enlevé.

- Va te faire foutre, crachais-je froidement.

Je me retourne pour lui faire face, lui reste impassible, sa cigarette dans la main gauche. C' est tout ce que je déteste dans leur milieu. Il est calculateur, froid et ne pense qu'à ses propres intérêts. Bordel, que j'ai essayé d'éviter de croiser ce genre de type.

- Quand tu me regardes comme ça, que tu me hais, ça me donne de lourdes envies, soupire Livio un sourire en coin.

Il me dégoûte.

- C'est drôle pour un mec qui voulait me "protéger" des types qui refusaient mes refus...tu n'a pas écouté quand je t'ai dis non.

Livio se raidit lourdement, mais je ne réagis pas. Il fait le justicier, il croit se racheter une conscience quand je suis secouée, ou agresser par des hommes dans le club. Mais quand j'ai refusé de le suivre, il n'a pas écouté, il m'a emmené de force. Il ne vaut pas mieux.

Il souffle sa fumée, s'avance vers moi, et sans que je n'ai pu avoir le temps de quoique ce soit, il enroule sa main autour de mon cou, et me plaque contre le mur. Sa main autour de mon cou ne se fait pas violente, mais opère tout de même une légère pression. Quand son regard bleu rencontre le mien, mon souffle s'envole.

- Fais attention à tes mots, jolie Eléonore...Je n'ai rien avoir avec ce genre de spécimen. Ne me contrarie pas.

Je déglutis, sans sourciller. Il n'a pas besoin d'être violent, pour écraser les autres.

- Quelques jours loin de tout...et ensuite, tu pourras repartir à ta petite vie pathétique, siffle-t-il.

Il me relâche sans ménagement, et s'éloigne. Je baisse les yeux quelques instants, avant de lâcher un profond soupir. Je pars me réinstaller devant la vitre, assise sur une chaise, de dos à lui. Mes yeux s'embuent de larmes, mais j'arrive à les retenir. Je ne voulais pas en arriver là, je voulais seulement faire les choses biens...

Evil ShadowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant