Chapitre 21

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LIVIO

Elle m'empoisonne, pourtant je la laisse volontiers faire. La fumée de ma clope envahit l'air, le silence m'enrobe de manière beaucoup plus sournoise. La vérité est sombre, elle refuse de le voir, mais je ferais en sorte qu'elle ne se perde pas. Elle est si fragile derrière ses airs de dur à cuire. Je me tourne doucement, pour l'observer dormir. Elle dors paisiblement, de son côté du lit.

Elle est comme une addiction dont je ne veux pas me défaire, pourtant je sais que si je ne le fais pas, je cours à ma propre perte. L'air est plus doux maintenant, mais je peine à garder une respiration sereine. La savoir si proche, c'est nuisible. Je ne sais pas comment je vais m'y prendre, mais je veux l'avoir.

Calmement, j'écrase ma clope dans le cendrier, mon regard toujours posé sur elle. Je fais ensuite le tour du lit, et vient m'installer. Le lit n'est pas immense, mais elle est partie s'allonger au bord. Tout pour me contrarier, je le sais. Aussi, je ne m'emporte pas.

- Tu es vraiment empoisonnée, j'espère que tu t'en rends compte, je chuchote en replaçant une mèche de ses cheveux.

J'aurais pu me contenter de ça, ne rien dire d'autre. Mais elle se trahi en se crispant doucement. Elle ne dors pas, depuis tout à l'heure elle attend seulement, sûrement que je baisse ma garde, pour se tirer. Un léger sourire naît sur mes lèvres, tandis que mon regard la détaille comme si c'était la première fois que je la voyais. Lentement, je me rapproche d'elle. A mesure que je le fais, tout mon corps s'embrase, mais le sien n'émets aucune réaction. C'est étrange cette sensation qui s'empare de moi, dès que son corps frôle le mien.

Lentement, et comme si je risquais de me brûler, je fais glisser ma main sur sa taille, puis enroule la totalité de mon bras. Elle ne réagis pas, ce qui me fait doucement sourire. Ma jolie rose ne dors pas, mais elle sait jouer la comédie. Calmement, sans faire de mouvements brusques, je colle mon torse à son dos, et plonge mon nez dans son cou. Elle a une odeur si douce, un mélange de coco et de fleur. C'est un étonnant mélange, mais qui lui va merveilleusement bien.

- Eléonore ?

Elle ne réponds pas, pourtant quand mon pouce glisse sur sa peau, je lui décroche un léger frisson. J'essaie de rester concentrer, mais putain je n'ai pas choisi la meilleure technique d'approche. Parce que je sais que si elle reste complètement indifférente, moi je me consume auprès d'elle. C'est toujours comme ça avec elle, pourtant je veux la détruire plus que je ne la veux....enfin je crois ! 

- Je ne sais plus avec toi..., soufflais-je doucement. 

Tout son corps se fige, ce qui me fait doucement sourire. Je pourrais lui dire que je dois la tuer à la fin, mais que son regard sonde mon âme pour en tirer un sentiment qui me répugne en temps normal. Je n'aime pas ce sentiment d'attache d'ordinaire. J'aime me savoir libre, insaisissable et attendu nulle part. C'est un train de vie que beaucoup ne tienne pas, mais moi il me convient mieux que quoique ce soit d'autre. Pourtant, j'aime le fait de savoir qu'elle est là...avec moi. 

Alors que je vais pour ajouter quelque chose de plus, elle inspire grandement et se tourne vers moi. Même dans le noir, son regard me transperce lourdement. Tel un couteau qui s'enfonce dans mon âme, sans douceur, mais d'une délicieuse torture. Il n'y a qu'elle qui sait faire ça. En se tournant ainsi vers moi, son corps se colle au mien, finissant d'avoir raison de moi. 

Bordel, c'est si bon cette promiscuité avec elle ! 

- A quoi tu joues exactement ? souffle-t-elle calmement. 

Je sers les dents, sans savoir quoi lui répondre. J'aimerais vraiment qu'elle baisse les barrières qu'elle irrigue entre nous. Je voudrais avoir enfin accès à ses parts d'ombres, pouvoir jouer avec, pour mon propre plaisir. Je le reconnais, ce qu'elle ne me laisse pas voir m'intrigue, et cette obsession irritante augmente. 

Evil ShadowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant