Evil Shadow

Chapitre 5

Livio

Putain, qu'elle est joueuse.

Assis dans mon fauteuil, les yeux posés sur l'écran ou plus spécifiquement sur son corps, je ne peux m'empêcher de sourire. La proie parfaite, elle est là. Si au début, je voulais simplement la suivre, lui insuffler la peur, désormais je veux plus. Je veux m'insinuer dans son esprit, tel un poison. Je veux la voir réagir, je veux la voir paniquer. Parce qu'il n'y a que comme ça que je saurais si je dois la tuer lentement, ou rapidement.

Pourvu qu'elle fasse durer les choses. 

Elle est magnifique à regarder, indomptable et grisante. Elle est si forte, et pourtant si fragile. Je pensais que ce serait plus simple, mais au final, j'ai envie de faire dans le compliqué avec elle. Elle semble avoir tout pour elle, pourtant personne ne voit que la fleur est en train de pourrir de l'intérieur, dans un son élégant vase. J'inspire doucement, mon regard caresse ses courbes, pendant qu'elle vit. Je suis pris dans ma contemplation, quand la clé tourne dans la serrure, quelques instants plus tard, Knox est chez moi.

- Tu es flippant, mais ça tu le savais déjà j'imagine !

J'affiche un sourire en coin, laissant ma proie quelques secondes, avant de poser mon regard sur mon acolyte. Il revient les bras chargés de choses à manger, pour mon plus grand plaisir. Je crève la dalle. Je me lève, lui serre la main avant de fouiner pour voir ce qu'il m'apporte. Son regard s'attarde sur mes écrans, plus précisément sur elle. Mais je ne peux pas lui en vouloir, elle est magnifique.

- Elle...Je t'ai déjà vu avec non ? me demande-t-il calmement.

J'acquiesce, tout en sortant les pâtes. Je veux des carbonara.

- Ouais, elle bosse même pour moi, soufflais-je en allant dans ma cuisine. Elle est hargneuse cette nana, tu n'a même pas idée mon pote !

Je fais bouillir de l'eau, cherche ma pancetta, et continue de ranger les courses. Il me rejoint calmement, mais le visage soucieux. Je vois les questions arriver, mais je n'entame pas la conversation. Son serment je m'en passe volontiers si je devrais être honnête. 

- Je croyais que tu ne touchais pas à tes employés...., siffle Knox en croisant les bras.

J'hausse les épaules, avant de me servir un verre de whisky. Il a raison, je ne touche pas à mes employées, je les vois tous les jours, ce ne sont plus des proies, seulement des jouets que je manie comme bon me semble. Elle c'est différent.

- C'est une fille à Vincent, avouais-je calmement. Il l'a malmené depuis pas mal de temps, et j'avais déjà envie de jouer avant de l'embaucher. Rien ne change, elle est ma proie, je suis la chasseur, et doucement, je l'emporte sur mon terrain de jeu.

Knox pâlit, mais il sait que je suis sincère. Elle se faisait tabasser, voir pire avec ce porc. Je lui ai donné une opportunité de fuir, d'avoir mieux, mais je n'ai jamais stipulé que c'était par charité que je faisais ça. Tout était calculé, finement joué, pour l'avoir dans mes filets. Je ne suis pas bénévole, la charité, tout cette connerie, c'est pas mon truc. J'ai déjà ma place en enfer de toute façon, alors autant faire ce qu'il me plaît. Le rôle du gentil au grand cœur, qui secourt tout, ce n'est définitivement pas pour moi. Je laisse cette image à un con. Je préfère mon rôle, je me le suis écrit sur mesure.

- Tu vas bosser avec...tout en la surveillant, s'exclame Knox comme revenu à lui. Tu peux pas faire ça...elle finira bien par comprendre !

Je plonge mes pâtes dans l'eau, remue avec une cuillère en bois, et ignore temporairement mon ami. Évidemment que c'est un risque, une possibilité, mais personne n'a dit que ça allait se produire. Je fais ça depuis longtemps, je sais être subtil. Mais je ne peux pas me résoudre à garder mes distances, c'est là que mon image de patron à mi-temps m'est utile. Je peux jouer sur les deux tableaux, là n'est pas le soucis.