Chapitre 33

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ELEONORE

En rentrant chez moi, je bouillonne. Il faut que tout s'arrête, et s'il faut que je tue Livio...Ma gorge se noue à cette simple pensée, et vient embuer mes yeux de larmes. Putain, j'arrivais enfin à avoir quelque chose à moi, que je construisais sur mes ruines. Mais il faut croire que je ne suis pas assez méritante, car une fois de plus, voilà que tout disparaît du revers de la main.

Ma propre sœur, celle pour qui j'aurais tout perdu, a envoyé un tueur pour m'ôter la vie. Et dans un pêle-mêle que je ne comprends toujours pas, il se trouve que le tueur est celui pour qui j'ai débloqué des sentiments ! Est-ce que c'était calculé de la part de Livio ? Est-ce que je ne suis encore qu'un pion, et que mes sentiments n'ont aucune importance ?

Je m'assois sur le sol de mon salon, la tête contre le mur, et laisse les larmes couler. Encore et encore, j'en ai rien à foutre d'être pathétique en cet instant. Je veux seulement évacuer la douleur que mon cœur endure. Mes genoux se rabattent près de ma poitrine, je les encercle de mes bras, avant d'inspirer profondément. Je ne sais pas comment je fais au quotidien, parfois c'est plus dur que certains jours.

- Pourquoi moi ?

Ma voix est si faible, que personne ne m'entendrait, même en se trouvant dans la même pièce que moi. Je suis franchement seule, et j'ai beau tout faire, je n'arrive pas à tuer cette solitude. Ça me colle à la peau, malgré mes tentatives de m'en sortir. Je plonge ma tête dans mes bras, et laisse mes larmes dévaler mes joues. Le silence vient m'étouffer, mais je suis fatigué de me battre.

- Eléonore ?

Sa voix vient m'asséner un énième coup au moral. Parce que tout ça, c'est de sa faute. De celle de ma sœur.

Je ne bouge pas, essayant de réprimer la chaleur vive qui vient embraser mon cœur. J'aimerais fondre dans ses bras, tout oublier, et croire que le bonheur est enfin à moi. Mais cela devient compliqué. Et je le sens mal.

Ses mains se posent sur mes avant-bras, son souffle chaud balaie le haut de mon crâne, alors que je ferme les yeux pour essayer de me maintenir neutre.

- Hé, princesse...parle-moi, qu'est-ce que tu as ?

Lorsque je redresse la tête, la douceur dans le regard de Livio vient chambouler mon cœur, qui n'arrive pas à rester calme. Les larmes que je retenais depuis tout à l'heure, se mettent à couler sur mes joues. Je suis perdue, et tout s'écroule.

- Parle moi..., souffle-t-il en s'asseyant sur le sol à mes côtés. Eléonore, s'il te plaît.

Je le laisse me prendre dans ses bras, même si la douleur dans ma cage thoracique est insoutenable. J'ai bêtement cru que moi aussi, j'avais enfin le droit au bonheur. Et aussi malsain soit-il, je pensais que Livio serait un bout de ce bonheur si nouveau. Mais non, il est dans le lot de ma destruction, parce qu'il a été envoyé pour ça. Putain, depuis le début, tout est faux ? Ses mots doux, sa douceur, ses regards...il me ment, en espérant que je baisse ma garde, pour mieux me tuer. Je ne suis pas spéciale, ou je ne sais quelle autre connerie. Je suis seulement du fric à ses yeux. Il pense déjà à la prochaine qu'il se tapera, j'en suis certaine.

Je me redresse, incapable de rester plus longtemps contre lui. Il me faut de l'espace, du temps pour réfléchir, ou je vais faire une connerie je pense. Livio m'observe sans rien dire, alors que j'essaie de relativiser. Combien j'ai de chances pour que ma sœur m'ait menti...

- Tu es un putain de menteur, dis-je en passant ma main dans mes cheveux.

Quand je me tourne pour lui faire face, ses yeux sont teintés d'une lueur qui confirme mes soupçons. Je déglutis, en laissant mes larmes couler. Je n'ai plus la force de rien là.

Evil ShadowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant