Chapitre 46

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- Alors bichette, qu'est-ce qu'il t'a fait cette fois-ci ? Vous aviez l'air d'être proches tout à l'heure pendant la danse, non ?

- Ouais, tout à l'heure c'était génial. T'imagines même pas. Il m'a dit mot pour mot "Je suis désolé mon ange de t'avoir fait du mal. Cependant, tu n'es pas ma cavalière ce soir alors je vais devoir aller rejoindre Carlapute. Je vais danser avec elle tout le reste de la soirée mais ça sera à toi que je vais penser. À chaque instant"

- Waouh, ça c'est un Alessio qu'on n'avait encore jamais vu. Mais comment ça a dégénéré ?

- Je suis sortie, je me sentais étouffée. Et puis là, je les ai vus.

- Qui ça ?

- Alessio et Carlapute. Ensemble. Genre ils s'embrassaient. Ils se mangeaient la bouche plutôt.

- Oh le connard ! Il joue sur plusieurs tableaux ce con. Il ne sait pas ce qu'il perd.

- C'est gentil Ava mais ce n'est pas vraiment le fait qu'il l'ait embrassé qui me met dans cet état. Ce sont les mots qu'il m'a balancé à la gueule juste après.

- Qu'est-ce qu'il a dit ?

- Que je n'étais personne, que vous ne me connaissiez même pas. Que je faisais des crises d'angoisse pour rien. Il a même dit qu'il s'était senti obligé de s'occuper de moi parce que je n'avais pas de parents pour le faire.

- Mais c'est affreux ! Je suis désolée Ella... Je suis sûre qu'il ne le pensait pas. Ou s'il le pensait vraiment, c'est que ce n'est qu'un gros client qui mérite que des Carlapute dans sa vie. Il aime trop les tortues lui aussi. Mais il ne se rend pas encore compte que les dauphins comme toi sont bien plus rares et qu'il le regrettera.

Je laissai aller ma peine sur l'épaule d'Ava, toujours présente pour moi.

J'étais en train de m'assoupir quand mon téléphone sonna. Ava me passa mon sac et je le sortis.

Non.

Non non non !

Tout sauf ça ! Putain pas maintenant !

- Qui c'est ? Pourquoi tu fais cette tête là ? me demanda Ava.

- Oh rien t'inquiète, dis-je en me précipitant vers le premier balcon.

Mon téléphone en main, je ne pus détacher mes yeux de ce nom qui s'affichait sur l'écran. Mon cœur n'avait jamais battu aussi vite ces derniers mois. Ces derniers mois de pure joie, sans angoisse et sans problèmes étaient désormais terminés.

Ce fut les mains tremblantes et la respiration coupée que je décrochai.

- Eh bien, tu en as mis du temps ! J'ai faillis débarquer dans la salle.

- Bonjour à toi aussi Carter.

- C'est bien, tu te rappelles de moi. Je ne te dérange pas trop ? Tu t'amuses bien en mon absence ?

- Non.

- Ce n'est pas ce que cette soirée me dit. Et puis tu t'es fais des nouveaux amis en plus ? Oh Ella, tu me déçois beaucoup. Et tu sais à quel point je déteste qu'on me déçoive. Alessio Anderson, Noah Johnson, Lenny Adams, Rayan Lopez, Iris Smith, Sarah Jones et Ava Collin c'est bien ça ?

- Quoi ? Co - comment tu sais ça ?

- Tu sais que je suis toujours au courant de tout.

- Pourquoi tu m'appelles ? lui demandais-je froidement.

- C'était juste pour que tu te souviennes de mon existence et te rappeler qu'il ne faut jamais me désobéir.

- Mais je...

- Tu vas t'éloigner de tous ces gens et rentrer à la maison. Tour de suite. Au fait, très belle robe rouge mais dais attention, tu risques d'attraper froid dehors.

Et il raccrocha.

Ses derniers mots me firent l'effet d'un électrochoc. Ma peau se couvra de chair de poule et mes poils se hérissèrent.

Le téléphone toujours en main, je regardai dans tous les sens, essayant de l'apercevoir. Quoique, je ne voulais pas le voir.

Complètement tétanisée par sa soudaine réapparition, je m'engouffrai à l'intérieur. Mes pensées fusaient.

Mais quand est-il revenu ? Depuis quand m'espionne-t-il ? Va-t-il leur faire du mal ? Comment va-t-il me faire mal cette fois-ci ?

Je bousculai plusieurs personnes que j'entendis râler derrière mon dis mais rien ne me perturbait. Rien ne me perturbera jamais plus que lui.

Lorsque je rentrai dans la énième personne, celle-ci me retint le bras. J'essayai de la défaire de sa prise, ne supportant pas être touchée de la sorte. Mais lorsque je relevai la tête, je me rendis compte que ce n'était que Rayan et Lenny.
Je stoppai ma lutte.

- Ça va Ella ? Calme-toi, ce n'est que nous.

- Pourquoi on dirait que t'as vu un fantôme ?

- Rien rien, dis-je essoufflée par la crise d'angoisse qui commençait à pointer le bout de son nez.

- T'es sûre ? demanda Rayan, inquiet.

- Oui oui, je suis juste fatiguée. Il faut que je rentre.

- Tu ne veux pas que j'essaye de trouver Al' ? On dirait que tu vas faire une crise d'angoisse là.

Il avait raison. Et la crise qui ne faisait qu'évoluer m'empêcha de lui répondre. Les lumières de la salle commencèrent à tourner et ma vue se flouta. Je ne distinguais plus que de vagues formes.

- Okay là je crois qu'elle fait vraiment une crise d'angoisse, va chercher Al' ou alors essaye de trouver Ava. Je reste avec elle, dit Lenny.

- Je fais vite, répond Rayan.

Je sentis deux mains me tenir par les bras et me forcer à avancer. Mais je ne supportais pas. Je ne supportais pas qu'on me touche. Je me débattis essayant de me défaire de sa prise ; en vain.

- Je veux que tu me lâches, s'il te plaît... Qui que tu sois, lâche moi. On dirait lui. Je ne veux pas qu'il me retouche encore. Je veux qu'il me lâche. Je veux qu'il me laisse tranquille, pour une fois ! criais-je désespérément.

Ne prenant pas en compte mes demandes, la personne me porta et m'emmena loin du bruit. C'est tout ce dont je me rendis compte. Le reste était flou, comme irréel. J'avais l'impression de délirer complètement. Comme si j'étais sous l'emprise de la drogue.

Je me retrouvai dans une salle claire dont les lumières m'aveuglèrent encore plus que ce que je n'étais déjà.

- Arrêtez de me toucher, je vous en supplie. Je veux qu'il me lâche. Il doit me laisser tranquille maintenant. Il m'a fait mal, tellement mal. Maintenant j'ai le droit d'être heureuse, j'ai le droit de vivre non ?

- De qui elle parle ? demanda une voix sur ma gauche.

- Je ne sais pas. Elle ne fait que répéter ces phrases depuis que je l'ai touché.

- Il faut qu'elle avale ça, ouvre lui la bouche.

Je sentis qu'on me maintenait la tête en arrière et qu'on essayait de m'ouvrir la bouche. Je me débattis, pensant être face à une menace. Et lorsqu'un élément non-identifié entra dans ma bouche, je paniquai davantage.

- Non, je ne veux plus qu'on me drogue ! Je ne veux plus avoir à lutter contre je ne sais quel produit ! Laisse-moi tranquille Carter, s'il te plaît, suppliais-je dans le vide, sans savoir à qui je parlais réellement.

Sous la contrainte, je finis par avaler la gélule. Je finis même par m'endormir, fatiguée de me débattre. De me débattre contre mes terreurs, mes démons, les drogues mais surtout, contre moi-même.

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