Chapitre 57

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"You are broken on the floor
And you're crying, crying
He has done this all before,
But you're lying, lying"

Les deux premières phrases étaient adressées à Iris et à moi tandis que les deux autres s'adressaient à Liam et Alessio. À leurs promesses jamais tenues. À leurs mots crus. À leur incohérence. À leur bipolarité.

À la fin de la musique, on se leva et on alla embrasser Sarah et Ava sur scène. Rayan, Noah, Alessio et Liam s'avancèrent vers nous et on leur laissa la place, impatientes de voir quelle musique ils allaient chanter.

On se rassit à la table et on les regarda. Et c'est Car's Outside de James Arthur qui sortit des enceintes du bar. Ils se mirent à chanter les paroles. Au début, Ava et moi ne comprenions pas bien le sens des paroles au vu de notre niveau médiocre en anglais. Nous avions beau l'avoir écouté des dizaines de fois avec Ava, nous ne comprenions toujours pas les paroles. Excepté le refrain et notre passage préféré. Et puis, les garçons n'avaient, pour l'instant, pas l'air de chanter celles-ci pour leur sens. Comme s'ils attendaient un moment précis. Et justement, ils se tournèrent vers nous.

"Oh darling all oh the city lights
Never shine as bright as your eyes
I would trade them all for à minute more
But the car's outside"

Notre moment préféré. Celui que nous reviens d'entendre. Nous nous étions tellement lamentées devant des comédies romantiques, comme quoi tout cela ne nous arriverais jamais. Mais cela nous arrivait. Ils chantaient. Pour nous. Pour nous faire passer un message.

Je n'arrivais pas à y croire. Ça aurait tellement pu être culcul si ça n'avait pas été eux.

Je regardai Ava. Ses yeux étaient embués et elle regardait Rayan avec tellement d'amour que mon cœur se réchauffai. Je fondais littéralement pour leur amour. Pour leur couple. Pour leur complicité. Pour leur confiance l'un envers l'autre. Pour eux.

Quant à moi, je ne savais toujours pas où j'en étais. Où en étaient mes sentiments. J'étais censée le détester ; pour son arrogance. Je devais ne pas les approcher. Je devais ne pas tomber dans leurs filets. Mais regardez-moi. Ils étaient devenus une famille pour moi. Je n'avais jamais été aussi heureuse. Je commençais même à me confier et à raconter mon passé. Alors que je ne me le disais même pas moi-même. Regardez ce que je suis devenue. Je pensai même qu'il serait temps que je leur raconte tout. Il serait temps que je parle à Liam. À Thomas. Il était aussi temps que le reste de la bande sache quel lien nous unit. Il était temps de mettre les choses au clair. Il était temps que tout cela cesse.

Alors que je pensais que la soirée karaoké touchait à sa fin, Liam resta sur scène. Il m'adressa la chanson qui allait suivre. Je ne comprenais plus rien. Je l'avais revu, il y a de ça quelques semaines et malgré le fait que j'avais pardonné à mes amis notre rencontre prémédité, je ne lui avais toujours pas pardonné, à lui. Et même si j'avais continué à vivre dans la même maison que lui, je ne lui avais pas adressé la parole une seule fois. Je n'avais jamais voulu l'entendre. Refusant d'avoir cette conversation qui pourtant, je le savais, serait inévitable.

Lorsqu'il amena le micro à sa bouche, son regard s'ancra dans le mien. Plus un bruit ne parvint à mes oreilles. Comme si tout le monde s'était tut en comprenant l'importance de ce geste. Mes amis ne disaient pas un mot non plus. Leurs regards étaient rivés sur moi ; observant la moindre réaction de ma part. Je savais qu'ils ne comprenaient pas tout. Je savais qu'ils se posaient des milliers de questions. Et je savais aussi qu'ils mourraient d'envie d'avoir ces réponses.

Nos pupilles grises respectives ne se quittaient plus. Cela me rappelait le bon vieux temps. Au temps où tout était encore possible. Au temps où l'insouciance enfantine régnait toujours. Au temps où il était présent et me protégeait de toutes les horreurs du monde.

Lorsque je reconnus les premières notes de Decrescendo de Lomepal, mon cœur se contracta, ma gorge se serra et mes yeux s'emburent de larmes ; comprenant où il voulait en venir. Ses mots vinrent directement heurter ma poitrine. Nous ne nous étions pas adressés la parole depuis maintenant cinq ans. Cinq longues années. Et c'est seulement à cet instant précis que je me rendis compte à quel point il me manquait.

Oh que oui maintenant je le savais, il me manquait. Et je ne souhaitais rien d'autre que de le retrouver. Alors même si je ne comprenais toujours pas ses actes, je ne pouvais plus me tenir éloignée de lui. Nous avions perdu assez de temps.

Alors avant même que la musique se finisse, je me précipitai sur la scène et courus dans ses bras. Il était d'abord surpris de mon acte mais se ressaisit et il me sera à son tour. Je laissai de lourds sanglots m'échapper et de grosses larmes dévaler mes joues. Je n'en avais que faire de ce que pouvais penser le monde, ma conscience ou bien mes questions. Pour une fois, j'écoutais mon cœur. Et cela faisait tellement de bien. Je ne voulais plus le lâcher, c'était décidé. Je ne le lâcherais plus jamais.

- Vas-tu me lâcher ? rigola-t-il.

- Non, jamais, dis-je un léger sourire aux lèvres. On a cinq ans à rattraper je te rappelle.

- C'est pas faux mais je ne peux pas finir ma chanson d'abord ?

- Oh si pardon, excuse-moi, riais-je.

- Y a pas de problème princesse, me dit-il avec un clin d'œil.

Mon cœur se réchauffa à l'entente de ce surnom qu'il avait l'habitude de me donner. Quelques larmes supplémentaires coulèrent mais je ne les essuyai pas. Liam les aperçut et me répondit pas un sourire doux et réconfortant. Ce sourire sonnait comme une nouvelle promesse. Une promesse qui disait "je ne te lâcherais plus jamais".

Quand je retournai à la table auprès de mes amis, je vis de l'émotion sur leurs visages. Sarah, Ava et Noah pleuraient. Je rigolai et ébouriffai les cheveux châtains et si doux de Noah.

- Pleure pas mon vieux, tout va bien ! rigolais-je.

- Je pleure pas, je viens d'éplucher des oignons, c'est pour ça.

- Mais oui bien sûr. Tu sais que tu as le droit d'être sensible hein ?

- Ah bon ? Ah bah autant tavouer la vérité : c'était pas les oignons.

- Non pour de vrai ?! Sans blague ?

Il rigola et on écouta la fin de la musique interprétée par Liam. Et lorsqu'il termina, je le serrai une nouvelle fois dans mes bras ; ne pouvant m'en empêcher.

Prise d'une soudaine envie de chanter, je me dirigeai vers la scène. Mais pour une fois, je ne voulais pas chanter pour faire passer un message mais simplement pour le pur plaisir de chanter.

Je choisis une musique que j'aimais beaucoup et que je connaissais déjà pas cœur. Lovely de Billie Eillish commença et j'entamai les premières paroles. Je fus surprise de voir qu'Alessio se leva, demanda un second micro et vint se placer à mes côtés.

Lorsque la partie de Khalid arriva, Alessio chanta sa partie. C'était comme si nous faisions un duo ; lui faisant la partie de Khalid et moi celle de Billie Eillish. Les yeux dans les yeux, nous chantions. Et notre duo se rapprochait de la perfection. Pas que nous chantions bien, nous étions loin des voix des chanteurs initiaux, mais la justesse avec laquelle nous l'interprétions était surprenante. Et nos voix se mariaient parfaitement aussi. C'était comme si tout ce qui le concernait s'accordait à ce qui me concernait.

Une sorte de symbiose inexplicable.

Ce qui devait sûrement être la raison de ses peurs à mon égard.

Lorsque nous chantâmes la dernière note, j'eus une soudaine envie de l'embrasser. De ressentir la sensation de ses lèvres sur les miennes une nouvelle fois. Mais je n'en fis rien. J'eus bien trop peur de me faire rejeter pour oser quoi que ce soit. Surtout avec lui et sa bipolarité inexpliquée.

Il m'embrassa le front et me prit la main après avoir rendu les micros. Nous descendions de la scène et j'allai embrasser Ava qui était à la limite de pleurer. Aucun mot. Juste notre télépathie.

Lorsque je regardai Liam, ses yeux étaient remplis de fierté. Je partis le serrer. Oui, encore. Il releva mon menton avec ses doigts et encra ses pupilles grises aux miennes. Nos pupilles si semblables et pourtant si différentes dans ce qu'elles cachent.

- Ma petite sœur m'avait manqué.

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