Chapitre 115

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Iris, Alessio et Noah étaient partis s'occuper de notre géniteur, à moitié mort tandis que les autres étaient rentrés, ayant besoin de repos mérité. Moi, je n'avais pas encore pu bouger. J'étais restée là, contre ce mur au milieu de ce ring, dans les bras de mon frère. Nous avions laissé nos larmes, nos peines et nos remords se mélanger.

Je crois que nous avions simplement besoin de temps ensemble, à se rendre compte de ce qu'avait été notre vie jusque là. Mais surtout, de nous rendre compte de notre soudaine liberté. Parce que même si je n'avais pas été mise au courant, je savais que même de loin, Carter avait fait beaucoup de mal dans la mafia de Liam. Voulant le toucher indirectement.

J'avais fais le choix de ne pas le tuer. Je voulais d'abord qu'il souffre. Alors j'avais simplement demandé à Alessio de le sortir de là et de l'emmener le plus loin possible de moi, afin que je fasse le deuil de mon enfance en toute tranquillité. Au bout d'une heure, Liam me releva, m'embrassa sur le front et me sortit de ces bâtiments, qui explosèrent derrière nous. Nous nous attendions à retrouver notre voiture mais à la place, nous trouvâmes la moto de Lenny.

- Il paraît que tu adores les balades à moto.

- Ça se pourrait bien, souris-je. Mais j'avoue ne pas avoir la tête à profiter de la vie, si tu vois ce que je veux dire. Je vais avoir besoin de temps pour comprendre et passer à autre chose.

- Je sais, ne t'inquiète pas. Je ne te demande pas de t'amuser à fond, juste de souffler un coup. De respirer après toutes ces années d'étouffement et d'absence. Tu peux enfin te retrouver Ella.

Je hochai la tête, sentant de nouvelles larmes descendre le long de mes joues. Il me prit la main et me fit monter sur le devant de la moto. Je mis mon casque mais m'arrêtai sur un détail.

- Pourquoi tu me mets devant ? Je n'ai encore jamais conduis de moto, je ne suis même pas sûre d'en être capable.

- Qu'est-ce que tu racontes ? Tu es Ella Davis. Et Ella Davis peut tout faire. Reprend le contrôle de ta vie, princesse. Tu es aux commandes désormais, ne laisse plus personne prendre cette place. Alors, prête ?

- Plus que prête.

Je souris, attendis qu'il me rejoigne puis démarrai la moto. Le moteur vrombit et l'adrénaline s'empara de mes sens. Je savais maintenant quoi faire. Accélérer. Accélérer et avancer. Une fois sur la route, je pris un moment pour me demander où est-ce que j'allais nous emmener. Mais la réponse fut une évidence. Je savais exactement où aller.

Alors on roula. Roula sous la lumière de l'aube de Californie. Les paysages défilaient, toujours composés de palmiers. C'est ce que j'ai toujours apprécié dans ce État.

Lorsque nous n'étions plus qu'à quelques mètres, je m'arrêtai devant un champ de tournesols. La lumière dorée les éclairait ; j'avais rarement vu un spectacle aussi beau. Liam ne posa aucune question ; il avait confiance en moi. Comme lorsque nous étions petits ; il avait une confiance aveugle. Avant que tout ne parte.

Je fermai les yeux et écoutai la nature se réveiller. Liam se plaça à ma droite et prit ma main dans la sienne ; sa main rassurante qui m'avait tant manquée. J'avais tellement eu peur de ne plus jamais ressentir cette sensation. Mais il était là aujourd'hui, et nous ne nous quitterons jamais plus.

Je me baissai et cueillis quatre tournesols que je lui tendis. On remonta sur la moto de Lenny et on repartit sur les routes. On arriva quelques minutes après. Je stoppai le moteur et me retournai vers Liam. Il se crispa lorsqu'il reconnut l'endroit où nous étions alors je pris sa main et l'emmena vers la porte du cimetière.

- Notre père est un monstre mais il a tout de même pensé à enterrer maman et Sally, murmura-t-il.

- Oui. Tu n'es jamais allé les voir donc je me suis dis qu'il était temps que tu voies où elles étaient.

- Je – je n'ai jamais trouvé la force d'aller voir Sally. Parce que si j'y allais, ça aurait voulu dire qu'elle était vraiment morte, tu vois ? Alors que là, rien n'était vraiment réel. Et maman Je n'ai pas eu le temps d'y aller, je vous ai abandonné avant, dit-il en baissant les yeux.

Je posai ma tête sur son épaule lorsqu'on arriva devant leurs tombes.

- Si ça peut te rassurer, je n'y suis allée qu'une fois : lors de l'enterrement de maman. Il n'y en a même pas eu pour Sally mais de toute façon, j'étais à l'hôpital à ce moment-là. Et pour la suite, tu vois

- Salut maman, commença-t-il, une première larme quittant son il. Je – je me suis imaginé ce moment un grand nombre de fois et pourtant, je ne trouve pas les bons mots à dire. J'espère simplement que tu as pu trouver la paix que tu n'as jamais eu ici. Que tu as pu rejoindre Sally pour ne pas qu'elle soit seule. Vous me manquez ; toutes les deux. Vous ne pouvez pas savoir à quel point. Et mon seul ancrage ; je l'ai lâchement abandonné entre ses mains. Pardonne-moi maman pour ma lâcheté, j'avais besoin de respirer. Je vous aime, toutes les deux. Reposez en paix.

Je lui donnai deux tournesols et en gardai deux.

- Tu vois maman ? Ta fille, c'est la meilleure. Elle a même pensé à t'apporter tes fleurs préférées.

- Ton fils est tout aussi génial maman. Il a su garder son humanité, son cur et sa personnalité malgré toutes ces noirceurs. Il s'est construit tout seul ton fils maman. Il est grand, fort et courageux. Tu peux être fier de lui. Il a même épousé une femme incroyable, je suis sûre que tu l'adorerais. Il est heureux maman, et bien entouré. Je pense que tu peux arrêter de t'en faire, je prends le relais. Je t'aime maman. Et Sally, tu as vu, toi aussi ? Thomas a encore grandi, on se sentirait encore plus petites à ses côtés. J'espère que tu as trouvé tes vingt deux amoureux, que tu as toujours voulu. Je t'aime bichette. On repassera bientôt.

On déposa les quatre tournesols jaune sur la tombe terne. Signe que la vie ne sera que plus gaie désormais. Je ne laisserais plus jamais quelqu'un ruiner ma vie. Je pense mériter un minimum de bonheur maintenant. On ressortit du cimetière, plus légers. Ça y est. On pouvait tourner la page ; laisser toute notre enfance chaotique derrière nous.

- Avant de rentrer, il me semble que nous avions une chose à faire afin de vraiment tourner la page sur tout ça, me rappela-t-il.

- Ah bon ? Laquelle ?

- « Il n'y a que toi, moi et les étoiles ». Il faut qu'on aille chez le tatoueur, tout de suite.

***

On ressortit de chez le tatoueur, sourire aux lèvres. Ce moment frère/sur ne pouvait être plus parfait. Liam me montra fièrement son avant-bras droit, où les lettres étaient encore rougies dû à la fraîcheur de l'encre. Alors je lui montrai mon propre avant-bras droit, lui exposant notre phrase avec autant de fierté. À l'exception près que le mien n'était rempli que de cette phrase, ce qui n'était pas son cas, on peinait à la trouver tant son bras était recouvert d'encre noire.

- Maintenant, on peut rentrer princesse, lança-t-il en s'asseyant sur la moto de Lenny.

- À nous la nouvelle vie !

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