Chapitre 131

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Mes yeux avaient cessé de cligner, mon cerveau de fonctionne, mon cœur de battre. Je n'entendais que le bruit des vagues se prisant sur le ponton et la respiration d'Addy contre mon épaule. Sacha lâcha ma main et sautilla jusqu'à l'inconnu ; qui n'était plus aussi inconnu que ça.

Ce visage...

Je l'avais revu tant de fois en rêve, ou plutôt cauchemars. Je pris le temps de l'analyser de la tête aux pieds, et il faisait de même.

- Je rêve... Non c'est pas possible.

Je me retournai, ma tête entre mes mains, prête à faire demi-tour.

Non non non non non non non...

C'était uniquement une illusion. Juste une illusion. Mais alors pourquoi sa voix me parvenait si clairement aux oreilles ? Pourquoi je sentais sa main qui me retenait le bras ? Son contact ne me plu pas ; pas du tout. Alors je reculai, apeurée.

- NON STOP ! criais-je terrifiée et perdue.

- Pardon pardon, je ne voulais pas te faire peur je -

Mes larmes brouillèrent ma vue mais je restai à le regarder, n'y croyant pas mes yeux. Mon fils avait sa main dans la sienne, comme si c'était la chose la plus normale au monde.

- Ella... Mon ange...

- Non, non, non, non, pleurais-je.

- C'est moi ! C'est moi !

Son visage, sa voix et maintenant son nom me firent tomber. Je m'écroulai au sol en tenant toujours ma fille contre moi. À genoux, je ne retenais plus mes sanglots. Ma poitrine me faisait atrocement souffrir. Deux mains chaudes et rassurantes dégagèrent mon visage des quelques mèches de cheveux qui y étaient et relevèrent mon menton. Alors mes yeux finirent par rencontrer les siens ; le gris et le marron de nouveau réunis.

- Ella, murmura-t-il.

- Ça peut pas être vrai chuchotais-je en continuant de pleurer. Tu – tu es mort !!!

- Je sais, je sais Mais je suis là maintenant.

Il m'embrassa le front et je perdis toute notion du temps. Il avait posé ses lèvres sur mon front, comme il me le faisait si souvent autrefois. J'avais tant rêvé et espéré retrouver ce sentiment Sacha s'accroupit avec nous et me fit un câlin.

- Pardon maman, mais il a dit qu'il voulait te faire une surprise, je devais pas te le dire...

- T'inquiète pas trésor, maman ne t'en veux pas, lui répondis-je en le serrant en retour.

Mes deux enfants contre moi, je me sentais déjà plus forte pour affronter la situation. Alors je me relevai, encore une fois, mes yeux sur lui. Ses traits étaient reconnaissables mais plus durs encore. Même si je ne l'avais pas vu pendant trois ans, je remarquai qu'une nouvelle cicatrice ornait sa joue et je ne pus m'empêcher de la toucher du bout des doigts. La sensation de sa peau contre la mienne me procura des frissons.

Je remarquai qu'il avait les larmes aux yeux alors que les miens étaient deux fontaines qui coulaient sans arrêt depuis plusieurs minutes maintenant. Un léger sourire se dessina sur son si beau visage lorsqu'il se rendit compte que je me souvenais de son visage et de ses détails ; au point où je savais quelle cicatrice était nouvelle, même après plus de trois longues années. On ne disait rien, on ne faisait que se regarder jusqu'à ce que Sacha prenne la parole :

- T'as vu maman ? Papa est redescendu du ciel et il est rentré à la maison.

Ce fut la phrase de trop qui m'acheva et mes sanglots reprirent. Ses mains toujours sur mon visage, il essuya toutes les larmes qui coulèrent d'un geste tendre.

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