8 | Crise d'angoisse.

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MAUD
Le lendemain, 22 octobre 2022, 7h43. Los Angeles, État de Californie, États-Unis.

À mon habitude, je me retrouve devant ma cafetière à la contempler assise sur le comptoir d'en face tandis qu'un liquide noir se verse dans le fond de ma tasse.

Depuis que je suis sortie de mon lit, une bonne humeur inexplicable m'emporte. C'est la première fois depuis un certain temps que je n'ai pas eu une nuit aussi réparateur. Mon corps est plus léger que d'habitude. Ma conscience semble tranquille.

Une fois que la machine finit de gronder, je descends du comptoir et pars récupérer ma tasse avant de sortir de la cuisine, venant m'installer dans le salon. Assise sur le canapé, je me recroqueville entre les cousins. C'est une première que je ne suis pas en retard.

Malgré tout, je repense sans arrêt à ce marché. Je n'arrive pas à y croire. Je pensais que c'était une mauvaise idée et je le pense toujours. Je croyais que ma moralité serait apaisée en appliquant des règles. Mais je n'ai pas arrêté de me demander si ce n'était pas suffisant, qu'il fallait plus de dogmes. Et c'est ce moment-là que je n'ai pas arrêté de regretter. Un regret perpétuel mais un sauvetage éternel.

Après avoir vérifié mes messages, je constate que je n'ai toujours pas reçu d'appel ou de message de la part de ma mère. Je me relate à croire qu'elle est encore dans l'avion. Cependant, un sentiment d'inquiétude révoltant me frissonne tout l'arrière du dos.

Remarquant l'heure sur le haut de mon écran, je me redresse tout en buvant les dernières gouttes de mon café. Puis part rassembler mes affaires avant de les enfiler. Enfin, je déserte mon appartement.

Arrivée en bas de mon immeuble, je pousse la porte tandis qu'un vent froid me fouette la joue interrompue d'une frémissante chair de poule. Il ne fait pas particulièrement beau aujourd'hui, les arbres dansent alors que les nuages mécontents virent au gris foncé. Je resserre ma veste sur moi, espérant retrouver une chaleur quelque part.

Dans l'immédiat, je décide de m'abstenir de prendre ma voiture. Les informations locales nous avaient prévenus qu'aujourd'hui la circulation allait être compliquée. C'est pourquoi, je m'engage sur le trottoir.

C'est une mauvaise idée vu le temps, je risque de tomber malade avant même d'avoir posé un pied dans le campus. Je me reproche de ne pas porter quelque chose de plus chaud. Hélas, je ne peux plus faire demi-tour, j'ai déjà quitté ma résidence et je serais sûrement une nouvelle fois en retard.

Mes mains sont gelées quand je ramasse mes écouteurs dans la poche de mon sac. Un gémissement irritant sort des bords de ma bouche quand je les vois entremêlés.
Après m'être occupée de ce détail, je les enfonce dans mes oreilles et lance une musique au hasard.

Fanatiquement, j'observe les feuilles mortes encore perchées sur les arbres avant de concentrer mon regard sur mes pieds. Je les balance maladroitement dans les airs avant de les poser au sol.

La musique bourdonne dans mes oreilles tandis qu'un son inhabituel qui n'appartient nullement à la mélodie résonne cycliquement. Je cherche bêtement d'où vient ce son quand je me fais presque surprendre lorsqu'une voiture s'arrête à mes côtés, sur le bas côté de la route. Sans m'en rendre compte, j'accélère le pas. Mon souffle est coupé tandis que je baisse le son de mes écouteurs. Un sentiment familier s'empare de mon corps.

Soudain, je sursaute. Un klaxon a retenti. J'essaye du mieux que je puisse faire pour contrôler ma respiration saccadée. Et avant même que je m'en rende compte, l'individu a descendu la vitre face à moi. D'un réflexe insolite, je sors discrètement mon téléphone portable avant de circuler sur l'application de l'appareil photo, prête à filmer.

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