13 | Adieu.

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AARON
Le même jour, 25 octobre 2022, 17h36. Vexin, Val d'Oise, France.

— ... Le vol est prévu pour demain, à quinze heures sept. Tu devras faire en sorte d'être dans l'avion avant le pilote et les hôtesses de l'air. Tu t'y rendras avec un de nos hommes afin de te trouver une bonne cachette à l'intérieur. Ensuite, à toi de construire un plan pour faire crasher cet avion.

Mes pupilles sont ancrées en lui, enraciné dans cette paire de yeux familière à mon égard. Malgré ça, mes yeux arrivent à s'écarquiller.

— Pardon ? Et Maud ?

Il hoche de la tête avant d'inspirer une profonde inspiration.

— Elle devra vivre sans ses parents. Nous n'avons pas le choix.

Son épouse fait son retour dans la pièce alors qu'elle l'avait quittée quelques instants plus tôt, sollicitée par l'appel d'un de nos fournisseurs japonais.

— Mais...

— Je sais... Mais cela reste ainsi. (Silence) Tu sais, nous l'avons acceptés.

Subséquemment, l'insonorité résonne tel un écho, encapsulant le son refermé sur cet aveu.

L'incrédulité me saisit, m'enveloppant dans un déni que je peine à vaincre. Je ne peux pas y croire. Je n'arrive pas à y croire. Mais malheureusement, cette réalité m'apparaît comme une impossibilité insurmontable. Il m'est impossible de laisser cela se dérouler sous mon nez, que ce soit pour ma propre personne ou pour elle. La privation de l'amour parental est une épreuve déchirante, encore plus quand tu as vécu assez longtemps pour ressentir suffisamment d'amour. On cherchait désespérément à combler ce vide émotionnel chez autrui, sachant pertinemment qu'il est inconcevable de colmater ce gouffre abyssal. Ce vide se montre si néant qu'une fois immergé dans cette vacuité, toute remontée à la surface semble hors de portée.

Hélas, je ne peux désobéir aux ordres. Alors, tout ce que je peux me permettre de faire, c'est la soutenir pendant cette épreuve.

Enfin, soutenir est un grand mot.

***

Les minutes s'échouent péniblement, prenant aussitôt l'apparence d'interminables heures. Je ne sais pas exactement combien de temps j'ai passés dans cette pièce avant que Thomas ne m'appel, m'obligeant à abandonner cet espace chaleureux.

Pour autant, loin qu'on me donne le temps de quitter ce salon, elle m'interrompe dans ma marche alors que j'atteignais  la porte.

— Aaron, attends !

Je me retourne de sorte à être à moitié en face d'elle, la regardant par-dessus mon épaule.

— Tu pourrais prendre ceci ? demande-t-elle tandis que sa main se tend doucement dans ma direction, tenant délicatement une enveloppe.

Inopinément, mes iris d'un marron profond se posent fugacement sur le papier, toutefois un détail m'interpelle. Ce courrier porte un destinataire.

— Je voudrais que tu caches ceci avant de lui donner au moment venue quand tout ça sera terminé, s'il te plaît... poursuit-elle malgré son regard fuyant, ce regard que j'admire tant.

Il montre la même lueur qu'elles...

— Bien sûr, accepte-je alors que je tends à mon tour mon bras loin de saisir l'enveloppe à l'écriture noire. Je te promets de lui donner saine et sauve.

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