17 | Halloween.

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MAUD
Le jour même, 16h02, 31 octobre 2023. Los Angeles,Etat de Californie, Etats-Unis.

Les mains posées sur le volant, je gare rapidement ma voiture au pied de mon domicile. Mes doigts, empreints d'une mélancolie tenace, tournent lentement le volant avant de glisser sur le levier de vitesse, puis se dirigent vers le frein à main, pour finalement détacher ma ceinture de sécurité. Chaque geste est maladroitement empreint d'une lourdeur inexprimable, amplifiée par la douleur lancinante qui tambourine dans ma tête. Mon esprit est tel une mer agitée, où les vagues des souvenirs et des préoccupations s'entrechoquent sans relâche, exacerbant mon épuisement au point que même saisir mon sac à main sur le siège voisin devient un véritable supplice. En approchant de la massive porte de mon immeuble, chaque pas me semble plus lourd que le précédent, comme si chaque fibre de mon être résistait à l'idée de confronter cet intérieur, chargé de silence et de solitude.

Toutefois, je n'ai pas le temps de m'abandonner à la surprise que mes yeux s'écarquillent à la vue d'Ava, de dos, au milieu du hall. Mon élan s'interrompt si soudainement que la porte se referme complètement sur moi, m'offrant un choc contre mon épaule. Un cri étouffé m'échappe sous l'effet de la douleur qui se propage sur l'ensemble de mon épaule, mais ce son, bien que faible, atteint diligemment les oreilles d'Ava qui se retourne aussitôt.

Son visage se fige tandis que je devine que le mien trahit ma stupéfaction avec une clarté désarmante, sans la moindre réserve. Les émotions se lisent instantanément sur mes traits, chaque nuance de surprise et de douleur exposée à la lumière crue de la réalité. Je suis confuse.

Qu'est-ce qu'elle fait ici?

— Salut ! s'exclame-t-elle avec une joie éclatante, son visage s'illuminant instantanément.

Est-elle venue à la demande d'Aaron ?

Cette pensée me traverse l'esprit comme une flèche, et une vague de ressentiment m'envahit. Si cela s'avérait être vrai, je ne pourrais le tolérer. Ma haine pour lui est si profonde que je considère cette histoire de faux couple comme une idiote et insensée bêtise. J'ai été naïve. Naïve de lui accorder ma confiance. Naïve d'avoir accepté ce marché totalement malsain.

— Salut, réponds-je d'une voix calme, dépourvue de toute intonation.

Je ne suis toujours pas d'humeur à être heureuse. Le poids du deuil pèse hélas trop lourd sur mon cœur.

— Joyeux Halloween, ma belle ! crie-t-elle en sautant de joie, tandis que je m'avance gauchement vers les boîtes aux lettres à ma droite.

Son éclat de rire est si bruyant que je me surprends à lui demander d'un seul jet de faire moins de bruit. Sa voix résonne cruellement dans mon crâne, amplifiant mon mal de tête. Mais elle ne m'écoute pas, continuant de sauter de joie, et je dois balayer son comportement d'un mouvement de tête, exaspérée.

— Cette journée va être incroyablement amusante. On a prévu des tas de trucs avec Thomas. Tu vas voir...

Hélas, je ne la laisse pas terminer et la coupe brusquement :

— C'est Aaron qui t'envoie ?

Elle se calme aussitôt, ouvrant la bouche en forme d'O.

— Quoi ?

Elle fronce les sourcils tandis que je referme presque violemment ma boîte aux lettres, agacée de n'y trouver aucun courrier.

— C'est Aaron qui t'envoie ? Parce que si c'est ça, tu peux partir. Je ne veux pas de ta pitié, ni de la sienne, rajoute-je froidement, complètement irritée.

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