16 | Héritage.

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MAUD
Le lendemain, 29 octobre 2023, 12h27. Los Angeles, Californie, Etats-Unis.

Quatre jours.

Quatre jours que je n'ai pas quitté cet appartement, maintenant en désordre.

Quatre jours que je n'ai presque pas vu la lumière du soleil.

Quatre jours que je porte le même pull. Celui de mon père.

Quatre jours à attendre que cela ressemble à une mauvaise blague.

Quatre jours consécutifs à recevoir des messages de soutien de mes proches.

Quatre jours qu'Aaron me colle au cul tous les matins afin de savoir si oui ou non je me rends en cours.

Quatre jours que je l'ignore complètement. Il est la dernière personne à qui je veux adresser la parole. Encore plus depuis hier.

« — Tu en as pas marre de toujours pleurer comme un bébé sur ton sort ? Toujours à pleurnicher comme une gamine qui vient de casser sa pauvre poupée préférée. Et maintenant, tu chouines parce que tes parents ne sont plus là pour te couver le soir. Tu as cinq ans ou quoi ? Je me demande bien comment ils ont fait pour supporter ces pleurnichards aussi longtemps. Je me serais suicidé depuis longtemps si j'étais eux », déclare-je violemment, crachant tout mon venin du plus profond de ma gorge.

Je le déteste.

Profondément.

Hélas, je sais bien qu'au fond de moi qu'il a raison. Il a complètement raison. Je suis une pleurnicharde et je le resterai toute ma vie. Toujours à pleurer dans ses bras dès que quelque chose ne va pas. Je ne sais faire que ça. Uniquement que ça.

C'est pathétique. Complètement pathétique.

J'aurais beau m'interdire cette réalité, ces mots sont et resteront entièrement vrais.

Étendue sur mon lit, je décide d'écarter la couverture qui enveloppe mon corps jusqu'au pied du lit à l'aide de mes pieds. Puis, avec une lenteur calculée, je me redresse doucement, déposant mes pieds avec une légèreté feutrée sur le sol.

Le sol, au moment où je me lève entièrement, se révèle froid, voire glacé. Mon esprit ne tient en aucun compte les pantoufles adroitement disposées au pied de mon lit. Ignorant totalement leur présence, je me mets à marcher nu en direction de la cuisine.

J'ai soif. Très soif.

Ma gorge me tourmente au point où chaque déglutition devient une épreuve pénible. J'ai épuisé toute réserve d'eau dans mon corps, au point où ma propre force me fait défaut. Mes pas sont lents, alourdis par cette faiblesse qui nécessite quelques secondes de plus pour atteindre la cuisine.

Gus se repose profondément à l'intérieur du lavabo, propre et vidé. Son sommeil est si profond que sa bouche s'entrouvre légèrement, laissant sa langue à découvert tandis que je me dirige vers le fond de la cuisine.

En contraste avec le couloir sombre, la cuisine est délicatement illuminée par les quelques piètres rayons de soleil à travers le volet entrebâillé, alors que pour l'ouïe, elle se distingue par le calme presque inquiétant qui règne dans l'appartement. Ici, la pluie tambourine violemment contre le volet. Ses éclats résonnent distinctement même à travers la fenêtre fermée. C'est apaisant à entendre.

Après coup, j'ouvre le réfrigérateur et en retire une bouteille d'eau fraîche que je dépose avec précaution sur le plan de travail. Mes pas me dirigent aussitôt vers le placard où sont rangés les verres. J'en saisis un rapidement et le place également sur le plan de travail. Puis, de mes deux mains, je saisis la bouteille et la soulève dans les airs avant de l'ouvrir et de verser le liquide froid dans le récipient. Sans attendre de refermer la bouteille, je porte le verre directement à mes lèvres. La sensation de froid envahit mon palais, rafraîchissant ma gorge. C'est comme une renaissance lorsque la fraîcheur humide rencontre mon estomac.

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