Tu

Rire

C'est incroyable la manière dont où est relié à lui.

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On est samedi matin, le petit déjeuner est à tes yeux devenu temporairement spécial du fait que tu sois dans la possibilité de manger les gâteaux de ton enfance. Les Petits écoliers sont ton choix du jour, tes préférés depuis l'époque où petite tu vivais encore en France. Récemment, ta mère a fait le voyage jusqu'en terres natales pour rendre visite à ses parents, elle a rapporté beaucoup de gâteaux et de chocolats à son retour. Vivant à l'étranger depuis des années, les produits de marque française te manquaient énormément.

Même dans l'après-midi cette satisfaction d'avoir retrouvé des joies de ton enfance et de ton pays subsiste et affecte positivement ton humeur. Téléphone à la main et Instagram à l'écran, tu écris une note.

"J'adore les petits écoliers (je parle des gâteaux hein)"

Quelques heures plus tard, ta meilleure amie répond à ta note.

"Pédophiiiiiile"

Tu lui réponds.

"Nooooonn"

"Je m'appelle pas Brigitte ;("

Tu ris de ta propre blague. Brigitte, Macron, Brigitte Macron, Emmanuel, petit écolier. Ce n'est vraiment pas la blague du siècle, mais comme tu possèdes un sens de l'humour assez pourri tu es plutôt fière de celle-là.

Si un jour la chance te permette de rencontrer et de te lier d'amitié avec le fameux chanteur qui occupe tes pensées depuis plusieurs mois, et que le contexte et la situation t'en donnent l'occasion, tu pourras peut-être lui faire part de cette plaisanterie. Lui donner un goût de ton humour, osé et parfois trop noir, également un peu nul. Tu as le sentiment inexplicable qu'il puisse aimer ton sens de humour, il se peut qu'il apprécie ce type de blagues au vu de vos nombreux centres d'intérêts partagés et de votre âge rapproché.

Le soir même, il publie en story Instagram un lien menant vers un podcast. C'est une émission radio dans laquelle il a été interrogé lors d'un interview et partagé ses talents de musicien et de chanteur. Il parle de lui, de son parcours, et de ses parents.

Et sa mère s'appelle Brigitte.

Tu rayes immédiatement ta blague de la liste.

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Grosse coïncidence quand même.

Un autre jour, il partage en story son amour pour les films du siècle dernier et en particulier ceux de Louis De Funès.

De Funès, ton acteur français préféré depuis l'enfance. Cela fait un point commun supplémentaire entre lui et toi. Plus tu en apprends sur lui, plus tu réalises à quel point vos goûts se ressemblent. Décidément, il est vraiment fait pour te plaire.

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Des semaines ont passé. Ton projet de fin de semestre te prenait tant de temps et occupait tellement tes pensées que tu n'avais plus la tête à songer à lui. Ton semestre s'achève au final avec une excellente note, ainsi qu'avec une grande fierté et satisfaction d'avoir terminé en beauté ce projet dans lequel tu as investi tant d'effort.

C'est bientôt les vacances d'été, maintenant que tu as du temps pour toi, tu as du temps pour penser... Mais étrangement pas à lui.

En regardant son profil sur les réseaux sociaux comme tu avais tant pris l'habitude de faire, tu te rend compte que ton regard n'est plus aussi contemplateur et affecté par la seule vue de sa personne, et par conséquent, que tu n'es plus aussi passionnée que tu ne l'étais aux début de cette folle montagne russe émotionnelle. Tu es devenue... passive. Ton petit coup de coeur s'estomperait-il déjà ?

Peut-être est-ce lié au fait qu'il ne publie pas grand chose depuis. De même pour elle. Tu te sens bête d'avoir été autant paranoïaque concernant la relation qu'ils entretiennent. Les sentiments passionnés que tu portais à son égard --- pensais porter à son égard --- te semblent désormais bien loin. Une vague impression que ce n'était qu'un simple petit coup de coeur de jeunesse, sans intérêt et sans espoir. Tu te sens bête d'avoir été autant dramatique à ce sujet. En fin de compte, la chose était assez éphémère.

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Éphémère, c'est ce que tu t'étais dit. Le destin n'a pas l'air d'avoir fini de te faire tourner en bourrique, car au moment où tu pensais avoir tourné la page sur ce malheureux paragraphe de l'histoire de ta vie, la vidéaste mets en ligne une nouvelle vidéo qui réveille inconsciemment ta curiosité. Celle-ci porte sur un sujet qui ne t'intéresse pas vraiment, mais étonnement tu cherches à savoir s'il apparaît dans la dite vidéo comme il a pris l'habitude de le faire dans les précédentes. Alors tu la regardes.

Effectivement, il y apparaît.

Tu ne le vois pas concrètement, tu ne fais qu'entendre sa voix au téléphone, et tu ne peux qu'apercevoir son bras lorsqu'ils mangent ensemble au restaurant (c'est d'ailleurs assez concertant le fait que tu puisse le reconnaître grâce à un détail aussi insignifiant). Mais tu es étrangement plus calme, plus posée de les savoir si proches. Les voir ensemble ne te fait désormais ni chaud ni froid, l'indifférence a finalement pris la place de la panique lorsque tes yeux observent leur proximité. Tu penses réellement que tes sentiments se sont estompés, ce qui est une bonne chose. Rassurée, fière de toi, tu goûtes enfin au plaisir de regarder une de ces vidéos sans l'inquiétude inutile ni la crainte puérile de connaître le véritable statut de leur relation.

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Jusqu'à ce que tu le vois à l'écran remettre une mèche des cheveux de la vidéaste derrière son oreille. Un petit geste très intime qui t'as poussée à lâcher un léger cri plein de surprise et de nervosité.

En réfléchissant avec la tête et non avec le coeur, ça peut être un geste assez commun. Ce n'est qu'un geste dénué de sens, anodin, sans importance, dis-tu pour te rassurer. Et en toute connaissance de sa gentillesse, tu te doutes bien qu'il a commis ce geste dans le seul objectif d'empêcher ses cheveux de tomber dans la soupe, une aide spontanée et naturelle sans arrière-pensées.

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Les jours passent, tu es actuellement en train de dessiner, non pour un devoir mais pour le plaisir de pratiquer une passion que tu avais mise de côté durant le semestre dernier. Te sentant seule dans le vide sonore de ta chambre, tu cherches une once d'ambiance amicale dans l'écoute d'un interview de lui, une fois de plus. Bien que tes sentiments vis-à-vis de lui soient devenus passifs et indifférents, il reste tout de même un artiste talentueux aux chansons inspirantes qui suscitent tout autant ton intérêt. L'interview s'avère être plus intéressante que celles que tu avais déjà écoutées auparavant. Les questions qu'on lui pose sont plus personnelles, elles portent plus sur sa personne et non sur sa carrière. Et tu trouves sa personne vraiment adorable. Tu découvres un petit côté de lui que tu ne lui connaissais pas, et cette nouvelle facette le rend terriblement attachant. Ses réponses révélatrices de sa gentillesse te font chaud au coeur, et tu ne peux t'empêcher de sourire bêtement (amoureusement ?).

Tes sentiments sont une vraie balance, d'un côté s'impose une indifférence légèrement grandissante, de l'autre survit un petit amour en folie. Il ne suffit que d'un petit geste ou de simples mots de sa part pour que ton coeur penche tantôt vers l'un, tantôt vers l'autre.

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Tu trouvais ça pénible d'aimer comme tu le faisais, mais après des mois à te réconcilier avec cette part de toi-même dont tu ne soupçonnais l'existence, tu arrives à y entrevoir un côté comique à toute cette pagaille. Tu es capable de t'affoler pendant une minute pour ensuite rester calme et faire le point avec toi-même la seconde d'après. Tu aimes faire ressortir la logique de la raison dans ces moments de folie sentimentale, ça aide ton esprit à ne pas s'égarer et à se rassurer d'une menace non-existante.

Ces temps-ci, tu te sens à la fois héroïne et spectatrice de cette comédie (presque) romantique. Tu commences même à rire de tes sentiments, de tes rêveries, de tes paniques occasionnelles et inutiles, ainsi que de tes pénibles réactions de collégienne. Tu te trouves toujours autant ridicule, mais d'une manière qui cette fois t'es innocemment touchante.