Tigre de Jade

8- Les tombes

La journée étant bien avancée, on repose soigneusement le sabre là où il dormait depuis plusieurs centaines d'années si j'en crois Jang Hi et on va voir les tombes de mes parents. Jang Hi est appelé par son père, du coup je me retrouve seule à grimper ce mont, en pleurant toutes les larmes de mon corps, parce que j'ai perdu mes parents et que je n'ai même pas assisté à leur vrai enterrement. Je gravis le petit chemin qui mène au mémorial. Tout le mont est recouvert de fleur blanches, bleues, rouges et jaunes. La pureté et la paix, la loyauté et le courage, la force et l'amour et la richesse et la bonté. Dans le soleil qui se couche, je repense à tout ces bons moments que l'on a passé ensemble. A rire, à faire les ânes parce que nous connaissions le goût du bonheur. Bonheur qui est maintenant passé. La première tombe est faite en marbre blanc, une dalle reluisante posée à même le sol. Dessus, en lettres d'or est gravée "le femme du tigre". La seconde dalle est en marbre noir, très rare dans cet région du monde il parait. Dessus, comme sur celle de ma mère, est gravé "le mari du tigre". Entre eux se trouve une large bande d'herbe sur laquelle je m'effondre. mes larmes se tarissent au fur et à mesure que ma main caresse le marbre lisse des tombes. Le marbre semble émaner et produire sa propre chaleur, qui me donne l'impression que je tiens la main de mes parents. Soudain, alors que je regarde, assise entre les deux tombes, au coucher du soleil, j'entends une voix me parler, cette même voix qui me répétait l'énigme cette nuit.

"Halwena, il ne faut pas se laisser abattre par le chagrin, cela ne mène à rien et tu le sais. Tout ce qui importe, c'est que tu finisse l'énigme. La solution de la deuxième et troisième phrase, tu l'as admirée pendant longtemps lorsque tu es arrivée. La solution est évidente mais les gens ne la voient pas parce que pour eux, c'est forcément caché et compliqué à trouver une énigme. Nous t'aimons."

Je me secoue et me relève. La nuit est tombée et je n'ai plus rien à faire ici, il faut que j'aille me coucher au plus vite parce que si je me mets à entendre des voix, c'est que je suis très fatiguée ! Lorsque je passe devant la maison de Jang Hi, je vois toute sa famille autour de la table, lui manque à l'appel. Je souris, ils ont l'air tellement heureux. Je continue mon chemin mais une phrase lâchée par le père de Jang Hi me fait me retourner surprise. Je tends l'oreille et écoute le reste de leur conversation.

- Si elle a trouvé le sabre, c'est qu'elle connaît l'énigme. Je donnerais tout ce que j'ai pour la connaitre moi aussi et pouvoir la résoudre et avoir accès aux secrets de la famille du tigre. On dit qu'il y aurait pleins de trésors dans une grotte, tout les trésors de la famille, alors qu'elle dirigeait le Vietnam. Non qu'elle ait été tyrannique, mais que c'était l'âge d'or du pays. C'est cet argent qu'il faudrait pour que le pays sorte de la crise et qu'on ait enfin accès à un président digne de ce nom. S'exclame-t-il en tapant du poing sur la table.

- Tu sais mon chéri, la petite ne sait peut-être même pas résoudre l'énigme. Le calme sa femme.

- Si elle l'a trouvé, ce sabre, c'est bien qu'elle est plutôt douée. Heureusement que Jang est plutôt beau parleur lorsque la peur est là.

- Chéri, je sais que tu ne l'apprécie pas parce qu'il n'était pas ton fils légitime, mais ce n'est pas une raison pour faire ce que tu lui as fait. Chuchote la femme, comme si elle avait entendu que j'étais là. Entre-temps, les autres enfants sont partit.

- Tu sais que sans lui, on ne sera plus rien, ce n'est que grâce à cela que la femme du tigre vous a accepté.

Alors comme ça, le père de Jang Hi est mort. Jang Hi ne doit pas le savoir puisqu'il pense que cet homme, qui si j'ai bien compris, est arrivé comme un cheveu sur la soupe, est son père. Père qui le bat d'ailleurs.

- Il faut vendre la fille aux hommes. Ils n'en tireront rien et nous auront de l'argent.

L'homme déclare cela sans sourciller. Il est horrible ! Il doit être arrivé après le dernier voyage de mes parents, parce que sinon ma mère l'aurait senti. J'entends la femme sangloter. Mais je ne peux rien faire.

Sous le choc de leurs révélations, je me mets à courir. Je suis en danger. Je ne suis à l'abri nulle part. Je cours jusqu'à la villa, je me précipite dedans et sors mon sac de sport de ma valise. Je vais prendre quelques vêtements et disparaître quelques jours, pour qu'ils perdent espoir de me retrouver et de me vendre. Je cours dans la salle de bain et il me faut plusieurs aller et retour pour m'appercevoir de sa présence. Pourtant, les gouttes de sang sur le sol auraient du m'en avertir. Il est couché dans la baignoire mais sa position laisse penser qu'il y est tombé plus qu'il ne s'y soit réfugié.