14- Arrestations

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Je rumine dans le noir. Les aiguilles phosphorescentes de ma montre m'informe que ça fait déjà deux heures que je suis dans ce souterrain et que la nuit ne va pas tarder à tomber. Je m'ennuie et l'énigme me tape sur les nerfs.

Soudain, j'ai une sorte d'illumination. Je me souviens du paysage que l'on voit de la cabane. Les chemins en pierres claires, forment comme un plan et autour de la villa, ça fait une sorte de croix. Enfin, un peu décalé, juste à la frontière entre la forêt amazonienne et le jardin typique du Viêtnam. Mais biensûr ! Ça doit être ça, j'avais la solution sous le nez mais je n'y avais pas pensé parce que je m'étais fait comme idée qu'une énigme c'est difficile et introuvable ! Ah mais qu'est-ce que j'ai été bête ! Je me redresse d'un coup et commence à danser de joie avec Banzaï jusqu'à ce que des coups donnés contre la paroi de la statue me fige. Ne me dites pas que le souterrain a été découvert !?
Mais non, les coups cessent et la porte s'ouvre. La silhouette voûtée de Sayomi apparaît.

- On peut dire que tu as de la veine ! Il y a eu une série d'arrestations et l'organisation à quasiment été démantelée ! Il ne reste que quelques hommes mais ils ont eu le chef ! C'était cet homme, qui s'était imposé dans la garde de la villa du tigre !

Le père de Jang Hi ? Le chef de l'organisation ?

- Bref, tu peux rentrer chez toi !

Je tends les bras et lui fais un énorme câlin. Sans cette femme, jamais je n'aurais pu survivre !

Puis, je ramasse mes affaires, détache mes cheveux et pars, grâce au souterrain, chez moi. Je marche, dans ce souterrain que je connais désormais presque par coeur. Banzaï a l'air d'être surexcité, comme s'il sentait que après près d'une semaine il allait à nouveau pouvoir gambader dans l'herbe et manger à sa faim ! Je vérifie, grâce à la femme en bleu du tableau, qui est en fait transparente, qu'il n'y a personne dans la salle et vois Jang Hi, sur le lit. Il dort. Je presse la cheville et le tableau s'ouvre. Banzaï s'en va en courant comme un fou dehors, tandis que je pose mes sacs sous le lit et m'assieds près de Jang Hi. Il a l'air tellement désemparé quand il dort. Ses cheveux noirs de jais toujours soigneusement coiffés, sa peau mate, ses traits altiers, son corps musclé, plus grand que moi. Je baillone ma crainte et me penche doucement vers lui. Mes lèvres touchent les siennes et je le réveille. Il passe ses mains autour de mon cou et resserre son étreinte.

- Je t'aime Wena.

- Moi aussi.

Je pose ma tête sur son torse et écoute les battements irréguliers de son coeur. Je glisse la main juste à côté de ma tête. Son poul s'affole encore plus. Alors je me redresse sur un coude et le regarde. Sa peau mate n'est pas assez sombre pour cacher sa rougeur. J'éclate de rire et d'un mouvement souple, je me retrouve debout de l'autre côté du lit.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Attrape moi si tu peux !

Et je pars en courant. Je saute par la fenêtre atterit sans trop de dégâts dehors. Jang Hi est déjà à la fenêtre. Il saute et je n'arrive pas à m'échapper. Dans le noir de la nuit, on roule. J'éclate de rire. D'un coup, je sens une main froide se poser sur ma bouche. J'arrête tout les mouvements. Il y a un craquement qur notre gauche mais je ne peux rien voir, il faut trop noir. Jang Hi se relève en silence et me tire par la main. On court le plus vite possible et on saute par la fenêtre. On ferme toutes les baies vitrées. On retrouve Banzaï couché dans le canapé. On est essoufflés mais on a rien.

- Je croyais qu'ils avaient arrêté tout le monde ?

Je hausse les épaules en signe d'incompréhension et baille. Le ventre de Jang Hi gargouille alors je me moque de lui. Je vais à la cuisine et commence à préparer du Nagasaki, des nouilles chinoises à la crevette. Ma mère en faisait tout le temps. Allèchés par la douce odeur des épices, mes deux chéris s'approchent et viennent tourner autour de moi. Banzaï se couche sur mes pieds et je m'étale la tronche par terre.

- Banzaïïïïï !!!

Ce petit fou ne profite pour me piquer des crevettes et s'enfuir. Jang Hi, plié en deux par un fou rire arrive quand même à me tendre une main charitable. Je lui tire la langue à la manière d'une gamine qui boude et continue à découper soigneusement mes légumes en tout petits dés sans me couper. Ce qui relève du défi ! Mais au bout d'une trentaine de minutes, tout est prêt. Je mets le couverts et appelle mes deux goinfres préférés. Banzaï trimballe son assiette dans toute la salle à manger. On finit tranquillement de manger puis je vais m'assoir dans la canapé tandis que Jang Hi prend la relève pour la vaisselle.

- Aller au dodo ! Mexclamais-je devant Banzaï qui baille (enfin si on peut dire qu'il baille, parce qu'il ouvre la bouche tellement grande que je suis sûre de pouvoir passer ma tête dedans ! )

Banzaï monopolise le canapé, je vais me coucher, me vautrer plutôt dans mon lit. Jang Hi, sort une couverture d'une armoire et la mets par terre.

- Tu fais quoi ?

- Ben y a pas de lit alors je m'en fais un ! Me répond-t-il comme si c'était évident.

- Et ça c'est quoi ? Dis-je en tapotant la place à côté de moi.

Sa réaction me fait rire. Il rougit et baisse les yeux. Alors je me redresse, attrape sa main et me laisse tomber, comme ça il se retrouve couché à côté de moi.

- Oreiller !

Je glisse mes feux mains autour de mon oreille et plante ma tête dedans. Il rit et commence à caresser mes cheveux. Le sommeil arrive rapidement.

Tigre de JadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant