Je me recouche avec la volonté de me reposer pour péter la forme le lendemain, même si il doit être 3 heures de l'après-midi grand maximum. Impossible de fermer l'oeil. Alors je me redresse et observe le tableau en face de moi. Il doit faire 2 mètres de haut, pour 1 mètre de large. Jamais je ne vais pouvoir soulever ce tableau ! Soudain une nouvelle idée me vient. Je prends mon téléphone, fait une photo du tableau dans la chambre de mes parents et revient pour comparer. Il me faut une heure pour trouver la chose qui change. Au dernier plan du tableau, il y a une femme en bleu qui semble ramasser quelque chose. Sauf que la-dite femme n'est pas sur le tableau de la chambre de mes parents ! Ça doit être une sorte de clef, comme la pierre plus colorée dans le Taj Mahal. J'allais poser ma main sur le tableau lorsqu'un bruit bizarre retentit. Les genoux flèchis, prête à bondir sur un agresseur quelconque, j'avance. Pourtant, Banzaï arrive à me surprendre lorsqu'il me saute dessus.
- Aah ! Oh ! Banzaï ! J'ai eu peur ! Bon, viens je crois que j'ai trouvé un nouveau jeu.
Tout content de m'avoir surprise, Banzaï me suit. En le regardant évoluer devant moi, je comprends que son existence est un paradoxe. Il est immense mais ne fait pas le moindre bruit. C'est censé être le plus grand prédateur du continent mais je le caresse comme si c'était un petit chien. Un tigre parle le tigre mais lui non. On arrive devant le tableau. Il se tourne vers moi attend. Le coeur battant, je pose ma main sur le tableau et appuie. Il y a un bruit de frottement et le tableau s'enfonce de quelques centimètres et coulisse sur le côté. Il y a une sorte de tunnel en pierre derrière le tableau. Je me jette à plat ventre sous mon lit, y récupère mes sacs et les dépose dans le tunnel. Maintenant, il faut éteindre toutes les lumières, la nuit tombe et on nous repèrerait beaucoup plus facilement. Banzaï s'enfonce dans le noir du tunnel.
- Revient, on va fermer le tableau !
Il obéit et se couche de tout son long dans mon lit, tachant irrémédiablement les oreillers beiges et verts. Je me blottis contre lui et m'endors.
Dans la nuit,
Je suis réveillée par Banzaï qui me malaxe le ventre. Puis par un bruit, des pas dans la villa. Je saute hors de lit, ouvre le tableau, Banzai comprend, s'y engouffre. Puis je vais vers la porte coulissante et la déverouille en silence. Puis je cours, me jette dans le tunnel et presse une cheville, à l'intérieur même de la pierre pour fermer le tableau. Je me retrouve dans le noir. Je frotte une allumette que j'ai pris le soin d'emporter, elle illumine d'une lueur blafarde et vacillante la grotte. Qui, malgré mon idée préconçue que les grottes sont humides et gluantes, est sèche, chaude, confortable... On marche jusqu'au bout du tunnel, ce qui nous prends une heure et demi je dirais. Puis, une fois devant une porte en bois sombre, je me couche en prenant un sac comme oreiller et me repose. Banzaï me regarde avec une tête que j'analyse comme "tu es encore fatiguée ?" je ferme les yeux. J'ai pas l'habitude de faire des nuits blanches, de me lever à des heures pas possibles, d'être poursuivie par des hommes qui veulent ma peau !
Après quelques heures de sommeil.
Banzaï est étendu près de moi, la langue pendante. Je me redresse, attache mes cheveux en une queue de cheval et me prépare à ouvrir la porte. Banzaï se lève aussi mais je vois que ça ne va pas. Alors je fouille dans les provisions et lui tend un énorme morceau de poulet. Deux secondes. C'est le temps qu'il lui faut pour manger.
- Et ben ! Tu as faim !
Il est à peu près remis d'aplomb et prêt pour l'aventure. Je tourne tout doucement la poignée et me retrouve dans une statue. Une seconde porte est face à moi. Je l'ouvre et me voilà dans une salle de prière. Il y a une vieille femme, vêtue d'une toge blanche. Ses cheveux d'argents sont soigneusement tressés ensemble et retenus par un lien poupre. Son visage marqué par les ans semble si gentil que je n'hésite qu'une fraction de seconde. Le temps de prendre mesure des risques auxquels je m'expose. J'avance d'un pas et sors de la statue et de l'ombre. La femme se redresse. Elle ne sursaute même pas. Elle me regarde droit dans les yeux et comme si j'étais un livre, elle lit mon âme. Puis Banzaï sort de l'ombre et elle devine qui je suis. Elle me tend la main en silence et lorsque j'y ai glissé la mienne, elle m'entraîne avec elle. Derrière nous, la porte de la statue se referme et toute trace disparaît. Bouddha, assis en tailleur, rit de cette farce.
Jang Hi, quand à lui, lorsqu'il a eu fait le tour du temple sans trouver la moindre trace de Halwena, à deviné que Payling l'avait dénoncée. Mais elle était introuvable, comme si la jeune prêtresse avait totalement disparu. Il réunit toutes les informations qu'il avait et su que Halwena était répartie vers la villa, parce que s'il ne connaissait pas le pays, c'est comme ça qu'il réagirait. Alors il marche longtemps. Même après que la nuit soit tombée. Mais lorsque chancelant, il voit cet arbre, avec ses branches basses, il grimpe et s'endort immédiatement sans savoir que une nuit plutôt c'était Halwena et Banzaï qui étaient là. Le lendemain, il repart. En descendant de l'arbre, il trouve quatres longs sillons dans l'écorce, seules des griffes peuvent faire ça.
Deux heures plus tard
Lorsqu'enfin, il parvient à la villa, il ne sait pas qu'Halwena y est encore. Couchée dans le lit, à quelques mètres de lui. Non, toute son attention est concentrée sur les gouttes de sang sur le sol. Puis la flaque. Et les traces parallèles, comme si quelqu'un avait été traîné. Son esprit lui propose alors l'image d'Halwena en train de se vider de son sang sur le sol. Il pose la main sur la poignée de la porte coulissante et suit les traces jusqu'à la salle de bain sans avoir conscience du léger chuintement que fait le tableau.
Halwena est blessée. Cette conviction bat douloureusement en lui.
VOUS LISEZ
Tigre de Jade
ActionComme seul héritage de ma mère, j'ai une villa au Vietnam et un secret. Le secret du tigre de Jade. Je n'ai jamais compris ce que signifiait cette énigme que ma mère me répétait jusqu'à ce que je la sache par coeur... jusqu'à aujourd'hui. Je viens...