19- Le trésor

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J'explique à Jang Hi que ma mère me racontait une histoire quand j'étais petite et qu'elle finissait comme ça. Il sourit, puis me regarda avec l'air de me demander s'il pouvait faire quelque chose. J'eus soudain une terrible envie de l'embêter.

- Oui ?

- S'il te plait ! Dit-il, parce qu'il avait compris que je me moquais.

- Que veux-tu ?

- Alléééé ! Tu sais ce que je veux !

- Peut tu l'énoncer plus clairement s'il te plait ?

- Okay, je vois.

Il se mit à marcher vers moi, l'air très sûr de lui, ce qui eu pour effet de me faire regretter amèrement ce que j'avais dit et fait. Il s'approcha de moi et me pris par les hanches avant de me chatouiller un peu. J'en pleurais déjà. Puis il resserra sa prise autour de ma taille, je ne pouvais plus bouger. Il me serra contre lui et je me laissais aller avec plaisir. J'avais tellement eu peur de ne pas pouvoir résoudre cette énigme ! Il approcha ses lèvres des miennes et m'embrassa.

Cela fait une heure qu'ils sont à l'intérieur...

Lorsque on s'est séparés, j'ai vu dans ses yeux le bonheur qu'il ressentait, cette joie, cet amour, je sais que mon coeur ne m'a pas trompé. Depuis, on crie d'émerveillement à chaque coffre que l'on ouvre. Mon coeur est toujours attiré par cette silhouette au fond, mais j'ai peur de ce que je vais trouver en dessous de ce drap blanc. Et puis à un moment, n'y tenant plus, j'appelle Jang Hi et on va se planter devant. Banzaï vient s'assoir près de nous. J'attrape, anxieuse, un bout du drap. Puis expirant le plus fort possible, je tire avec force sur le drap. Il y a un grand claquement dans l'air, et je ferme les yeux. Face au silence de Jang Hi, à sa main qui s'est resserrée autour de la mienne, j'ouvre les yeux. Le cri sort de lui-même. Face à moi, deux énormes tigres de jade, couchés de chaque côté d'un trône merveilleux. Les accoudoirs sont en fait les dos des tigres, le fauteuil semble très confortable, et en guise de dossier, il y a la queue dépliée d'un paon. Les mots pour exprimer ce que je vois manquent et je ne peux que décrire avec des mots simples l'indescriptible. Je regarde Jang Hi, qui me regarde puis, je vais m'assoir sur le fauteuil en prenant une pose princière, les jambes de côté, ma jupe soigneusement pliée sur mes genoux. Tout les deux me regardent, le premier sourit de toutes ses dents, le second se redresse et bondit sur mes genoux. J'éclate de rire mais lorsqu'il atterrit sur mes genoux, je ne peux pas m'empêcher de grimacer, il pèse son poids, Banzaï ! Jang Hi, après s'être moqué de moi, continue notre exploration des malles. On s'est vite apperçu qu'il y avait une formidable logique. Les malles qui étaient empilées contenaient des petits objets et celles qui étaient seules, des gros objets. Jang Hi s'attaqua à une énorme malle, je suis sûre qu'on pourrait tenir à trois dedans sans se toucher le moins du monde ! Je contourne un empilement et ouvre une malle de taille moyenne, elle est remplie de copeaux de bois. Intriguée, je glisse la main dedans jusqu'à rencontrer quelque chose de dur, alors j'écarte les copeaux et tombe nez à nez avec un dragon en bois noir peint de rouge et d'or. Cette statue est juste magnifique, je continue de sonder les copeaux de bois et sens les contour droits et durs d'une boite. Je l'attrape et, tout en veillant à ne pas abîmer les autres "habitants" de la caisse, je le sors. Je l'ouvre et ne peux réprimer un léger cri de surprise. Alignés dans l'ordre de taille des minuscules statues représentants des chevaux, taillées dans du jade, luisent. Je referme la boite, stupéfaite. Des jouets de garçons. Chaque malle ouverte m'informe un peu plus de mes origines. Plongée dans mes réflexions, je sursaute lorsqu'une main s'abat avec force sur mon épaule avec un tintement d'acier. Je me retourne et me retrouve face au roi soleil. La cape bleu roi parsemée de fleurs de lys bordées en doré, les bords cousus de peaux d'hermine blanche, un pourpoint bordeaux, tout ce qu'aurait pu porter le roi soleil, jusqu'à l'énorme couronne, le plastron et les chaussures. Il ne manque que la perruque, et le visage puisque sous ce costume, se trouve Jang Hi. Il éclate de rire alors que je le détaillais de haut en bas puis m'entraine jusqu'à la malle dans laquelle il a trouvé ces vêtements. Je souris puis me jette littéralement dans la malle, Jang Hi partant chercher dans un autre coin. Je finis par trouver LA robe. Elle me faisait penser à cette barbie de Noël que ma mère m'avait offert lorsque j'avais arrêté de trimballer mon lapin en peluche partout. Cette robe est rouge, longue, en velours. Par dessus, il y a un voile de dentelle noire et en plus, une espèce de cape rouge, toute douce, avec des peaux d'hermines blanches sur les côtés. Le bustier, rouge, lui en satin, faisait comme un coeur. Il y avait une ceinture de cuir noire autour de la taille. Je me changeais puis relevais mes longs cheveux noirs en un chignon avant de changer d'avis et de me faire cette large tresse que ma mère m'a apprise à faire. Une fois ça fait, je jette un coup d'oeil aux malles qui m'entourent et en trouve une avec des bijoux. J'enfile rapidement une manchette sur mon avant-bras et une multitude d'autre sur les poignets avant de placer trois rubis gros comme des oeufs, reliés ensembles par des chaînes d'argent vieux et sculptées avec un savoir perdu, sur mes cheveux. Mes pieds nus et ma traîne ne faisant aucuns bruits sur le sol lisse de la grotte, j'arrive à me glisser dans le dos de Jang Hi et à le faire sursauter !

Dans une grande grotte, si bien cachée, qu'en presque quatre cent ans personne n'a su déceler sa présence, un couple souris. Ils sont assis avec élégance et maintient sur un trône de jade, ils sont heureux et cette joie fait comme une aura autour d'eux. A leurs pieds, un grand tigre blanc, tout jeune adulte, semble avoir compris l'importance de sa présence parce que, la tête relevée, il a l'air fier. L'aura de lumière qui baigne le siège dans la clareté se teint peu à peu d'orange puis d'or. Le soleil se couche. Puis soudain, c'est le noir total, mais le couple n'a pas bougé. La fille regarde le garçon et éclate de rire. Son rire semble réveiller quelque chose, parce que la grotte commence à s'illuminer, semblant elle-même sculptée dans la lumière. Les reflets bleutés diffusent une douce clarté dans la pièce, faisant somnoler le couple.

Tigre de JadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant