11- Fuite

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Je me réveille et je sens toutes mes articulations craquer. J'ouvre le sac, donne un morceau de poulet et de bacon à Banzaï, il l'engloutit d'un coup. Je mange une tranche de pain. Je m'apprêtais à descendre de notre branche lorsqu'une patte pleine de poils et de griffes se pose sur mon épaule. Je comprends tout de suite qu'il y a un danger au sol. Une dizaine de chiens passent en courant. Suivis par des hommes. Je ne sais pas réellement à quoi mène mon secret mais je trouve que les moyens déployés pour me retrouver sont un peu exagérés !
La meute repasse quelques minutes plus tard et j'entends un homme dire "pas là, on retourne au temple." Alors j'attends quelques secondes et me laisse glisser le long du tronc. Dès que je suis au sol, je claque un gros baiser sur la tête de Banzaï et le laisse sortir. J'ai l'impression qu'il a déjà grandi depuis que je suis arrivée. Malheureusement, le blanc éclatant de son poil va finir par attirer l'attention ! Alors, quand il se met à se rouler dans la boue, devenant peu à peu un gros chien brun, je le laisse faire. Nos deux regards d'émeraude se croisent et je comprends que je peux correspondre avec lui, qu'il ressent mes sentiments, mes craintes, tout ces choses qui servait de source d'information à ma mère, pour comprendre ce que je veux de lui. Je souris et continue à marcher.

- Dis moi, par où on doit aller pour la villa du tigre ?

Ses deux petites oreilles rondes se dressent vers moi puis il sent les alentours et se mets à trottiner ( se qui revient à courir pour moi ) vers le sud. Je le suis et bientôt, on arrive en face de la rivière. De toute la journée, une pensée ne m'a pas quittée. C'est Payling qui m'a reconnu puis trahie ou alors c'est Jang Hi qui m'a dénoncée ? Où est-il ? Est-il amoureux de cette fille ? Mais je n'ai aucune réponse alors je pose le sac sur ma tête et me jette à l'eau. J'arrive la première sur la rive et éclate de rire. Banzaï arrive juste derrière moi. Mais juste avant qu'il n'atteigne la rive, je le vois. Un énorme crocodile, je l'avais pris pour un tronc d'arbre au cours de ma traversée !

- Banzaï ! Il y a un crocodile !

Il se retourne, sens la menace et commence à paniquer. Sauf que ses mouvements beaucoup plus désordonnés que la normale, attirent le crocodile. Banzaï arrive très vite à mon niveau et je l'attrape par les pattes avant. Je le sors rapidement de l'eau et vois le problème. La crocodile est en train de remonter sur la berge et il a réussi à mordre mon tigre, ce tronc d'arbre ambulant ! Banzaï est très blessé, au niveau du flanc. Tout en essayant de ne pas tourner de l'oeil, je palpe la blessure et suis rassurée, la blessure n'est pas meurtrière et n'est pas profonde.

- Banzaï ! On doit y aller.

Il "hoche" faiblement la tête et on commence à avancer rapidement. Mais c'est au dessus des forces de mon tigre. Alors je prends mon courage à deux mains et le prends dans mes bras. Près de 90 kilos de muscles, c'est bien trop lourd pour moi. Déjà que j'arrive à peine à le monter dans un arbre alors le porter parce qu'il se vide de son sang, je ne vais pas pouvoir. Je récupère dans mon sac, une fois qu'on est bien loin de la rivière et tout en retenant mes larmes, j'entoure la blessure très serré dans une bande de toile. Je l'avais prise pour faire une couverture si il faisait vraiement très froid. Il ne fait que quelques minutes pour Banzaï à se relever. Je lui tends un autre morceau de bacon et nous voilà reparti. Malheureusement, en quelques minutes le drap blanc devient rouge et Banzaï ralenti sa course.

- Aller mon gros, on y est presque.

Je croyais vraiment que c'était plus près. Mais soudain, la jungle dans laquelle on est plongés depuis tout à l'heure, qui se résume par des herbes plus hautes que moi, se stoppe brutalement. Banzaï nous a fait passer par la jungle c'est pour ça que c'était plus long ! Mais rudement plus futé ! On se glisse avec aisance dans les fourrés et on finit par arriver sans être repérés dans la villa. Elle est déserte mais rien n'a bougé. Directement, on va à la salle de bain. Mais Banzaï est trop faible et s'effondre inconscient quelques pas avant la porte. Les petites gouttes de sang se transforment en une longue traînée rouge. Je la laverai plus tard. J'enlève le bandage et commence à le recoudre. Décidément, ça commence à être une habitude par ici ! Ma besogne terminée, j'ouvre mon sac de sport, pas trop mouillé par la traversé du fleuve, et en sort les vêtements utilisés. J'en prends plus et des nouveaux. Dans le sac, qui "contenait" Banzaï (juste ses pattes arrières en fait) je mets pleins de fruits secs, de viande séchée, tout ce que je trouve comme nourriture emportable et le referme. Puis je cache les deux sacs sous mon lit et ferme la porte à clef, comme ça personne ne pourra nous trouver. Je me couche et presque naturellement et instantanément, l'énigme me revient en mémoire.

"Sous le roi indien se trouve la clef,

Les dessins sont un plan,

La rizière est la solution,

Le sage est fatigué d'attendre, alors il s'est couché,

Il heureux ce petit parce qu'il porte la deuxième la clef en lui,

Les deux clefs combinées et la solution apparaît"

Mentalement, j'efface toutes les phrases jusqu'à isoler la deuxième. "Les dessins sont un plan" mais comme aucune idée ne me vient, je passe à la suivante. "les rizières sont la solution." et en plus, ma mère m'a dit que la solution était évidente et que je l'ai admirée quand je suis arrivée. Je n'ai admiré aucune rizières sauf celle... Mais biensûr ! La rizière du tableau ! Je cours jusqu'à la chambre de mes parents. J'observe bien le tableau et remarque que le cadre sur lequel est peinte une rizière est bel et bien celle qu'il y a dans ma chambre. La solution était sous mon nez !

Tigre de JadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant