Chapitre 16 - Papillon et Négociation

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Lundi, jour de réunion.

Je dois avouer que je m'attendais à mieux des réunions entre mafieux, je m'imaginais quelque chose de très mouvementé et hors du commun mais j'ai l'impression d'assister à une réelle réunion d'entreprise, avec le bilan de chaque activité et le détail des comptes. Et c'est très ennuyant je comprends mieux Bianca, ça me rappelle mes cours de comptabilité auxquels j'étais obligé d'assisté, je m'endormais à chaque fois.

Cette fois-ci j'ai été conviée à cette réunion, certainement parce qu'on va me parler de ce fameux Ferrazzi... J'ai beau être présente mon esprit est ailleurs, mon cerveau a enfin réalisé ce qu'il va se passer et c'est compliqué d'encaisser ça. Heureusement je me suis réconcilié avec Bianca ce qui me permet de me sentir moins seule dans cette épreuve. Andrea a beau être le roi des connards mais c'est grâce à lui que la glace a été brisé entre sa soeur et moi, si je n'avais pas perdue à la bagarre jamais de moi-même je ne serais allé parler à Bianca.

Toutefois il nous était impensable de lui donner cette victoire, c'est pourquoi on a simulé une dispute lui laissant croire qu'il a aggravé la situation. Ça peut sembler enfantin et ridicule, mais quand il s'agit de remettre en jeu la fierté maladive du consigliere je m'en contre-fiche de la maturité. Cette petite vengeance aura au moins permis de nous retrouver avec Bianca, notre duo s'est ressoudé, et je me suis rendu compte à quel point j'ai besoin d'elle pour survivre ici.

- Bon passons au plus important, déclare mon père en tirant sur son cigare me sortant de ma rêverie.

Je comprends qu'il fait allusion au contrat qu'il va passer grâce à moi, immédiatement une boule d'angoisse se forme dans mon ventre et les pulsations de mon coeur s'intensifient. Bianca remarque mon stress presque instantanément et enlace ma main sous la table pour me soutenir, je lui lance un rapide regard pour la remercier.

Je me demande si ça a été pareil pour elle en rentrant dans la Camorra, je ne lui ai jamais trop posé de questions sur son travail au sein de la mafia par peur de créer une gêne, j'ai cru comprendre qu'elle est assez mal à l'aise de sa situation. N'est-je pas été trop égoïste en ne pensant qu'à moi depuis le début alors que Bianca souffre également de son travail ? Une question me trotte en tête depuis mon arrivée, est-ce à cause de son frère qu'elle en est là ?

Je tourne la tête discrètement pour jeter un oeil curieux au consigliere mais fut surprise de constater qu'il me regardait déjà. En temps normal dans ce genre de moment la personne prise en flagrant délit détourne le regard, mais lui bien évidemment ne fait rien comme la norme, il ancre ses pupilles dilatées dans les miennes sans aucune gêne. Puis ses yeux descendent lentement jusqu'à ma main qu'il découvre enlacée avec celle de sa soeur sous la table, un petit sourire en coin apparait sur son visage lorsqu'il comprend notre supercherie.

- Comme vous le savez grâce à Katherina on va pouvoir signer un gros contrat cette semaine, un contrat décisif pour l'avenir de la Camorra, reprend Roberto en me regardant lourdement pour me faire comprendre le message.

C'est bon j'ai bien saisis que je ne dois pas me foirer, de toutes façons je n'ai pas vraiment le choix, sinon ma famille meurt... Je le toise avec mépris de ma place pour que lui aussi comprenne que je ne suis pas ravie de devoir faire ça. Mais je me fatigue plus qu'autre chose, il n'en a rien faire de moi ou de mes sentiments, tout ce qui compte pour lui c'est sa Camorra.

Roberto se lève pour faire un long monologue en rappelant toutes les sois disantes valeurs de la Camorra pour introduire doucement le fait que je vais devoir donner mon corps. Mais rapidement il doit faire une pause pour s'abreuver afin de stopper une quinte de toux, c'est alors que je remarque qu'il n'est vraiment pas en bonne santé. Il est en train de cracher ses poumons dans un mouchoir qui se recouvre de sang. Il se rassoit en faisant signe à Andrea de continuer à sa place, puisque son état ne lui permet pas de faire son discours de machiste.

L'Héritière [ en pause ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant