Chapitre 3 - Yeux émeraude

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Je suis frigorifiée, le moindre mouvement ravive la brûlure de ma main et me déchire de douleur.

    Roberto ne s'est pas contenté de me marquer au fer tel un bétail, il m'a également enfermée dans une pièce au sous-sol. Les premières heures je me défoulais contre cette porte en métal, je la martelais jusqu'à en saigner, je criais de toutes mes forces en espérant qu'on me libère.

    Puis je suis tombé d'épuisement, mon corps rampant sur le sol glacial. Et je me mis à pleurer silencieusement, les goûtes perlant sur mes joues désormais humides. Et je ne saurais dire s'il s'agit du sommeil qui m'emporta, ou mon corps qui s'effondra à bout de force, mais je perdis conscience.

    La première fois que l'un des hommes de Roberto ouvrit la porte, je crus mon calvaire finit, mais il venait seulement me balancer une assiette de pâtes et de l'eau. Au début il me donnait aussi des couverts, mais dans un élan de survie je l'ai attaqué avec un couteau pour m'enfuir depuis je n'ai plus de couverts et je n'ai plus revu cet homme non plus d'ailleurs.

    Le second homme, lui ne m'a apporté que des assiettes de riz, que j'ai finis par fracasser contre son crâne. Ce jour-là j'ai réussi à sortir de ma prison, j'ai couru jusqu'aux escaliers au bout du couloir. Mais mon évasion n'aura duré que quelques secondes, avant qu'on me renferme dans ce trou à rat.

    Dès lors, le troisième homme se limita à me lancer des sandwichs.

    Je ne sais pas depuis combien de temps je croupis dans cette cave, il n'y pas de fenêtres, je suis totalement coupé du monde extérieur au point où j'en ai perdu la notion du temps. Je me sens sale, crasseuse et désespérée.

    J'ai perdu espoir de sortir d'ici, la seule chose qui me permet de tenir sont mes proches. Je pense à eux, je me sens obligé de rester en vie pour eux. Je le dois à ma mère, je dois survivre pour elle, et pour Timothé.

    Je me remémore tous nos beaux souvenirs, notre vie, nos projets.

***

- Mais non Katherina, les bouquets sont toujours rose et blanc dans les mariages, me contredit ma mère.

- D'accord, mais moi je veux des roses rouges, je trouve ça plus symbolique et plus joli.

    Ma mère et moi avons toujours eu des goûts différents, et cela se matérialise encore plus pendant les préparatifs de mon mariage.

- Mais le rouge se démarque trop, c'est toi la vedette de la journée pas le bouquet !

- Donc tu insinues que tu trouves un bouquet de rose rouge plus attractif que moi ? La taquinais-je.

    La situation amuse beaucoup Tim qui affiche un sourire éclatant faisant ressortir ses fossettes. Une mèche blonde lui tombe devant le visage lui donnant une allure plus décontractée qu'en semaine. Le soir il rentre toujours du travail dans son costume bleu nuit contrastant avec ses yeux azur, les cheveux plaqués, en râlant contre ses clients de la banque. 

    Je suis fière de nous, de la tournure que prennent nos vies et de la réussite de chacun de nous. Tim a toujours travaillé dur pour assurer la pérennité de l'entreprise familiale. Il m'a soutenu dans mes projets et mes études assez longues, et aujourd'hui j'ai un travail haut placé dans le service juridique d'une clinique médicale à Paris. Il m'encourageait et croyait en moi, même dans les moments où je n'y arrivais pas.

    Aujourd'hui, on vit dans notre belle maison à la campagne et j'ai même pu aider ma mère à trouver un logement plus décent que le vieil appartement miteux dans lequel elle vivait.

L'Héritière [ en pause ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant