Chapitre 6 - Hésitation

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Plusieurs jours sont passés depuis ma dernière tentative de fuite et depuis je n'ai pas revu le roi du silence, à mon plus grand bonheur. Quand j'y repense je ris sarcastiquement, j'ai passé la journée immobile dans un canapé à côté de lui.

Et pendant tout ce temps j'angoissais à l'idée qu'il me violente, j'ai failli en pleurer, j'ai vécu ça comme une torture psychologique, alors que j'étais juste assise dans un canapé.

J'aurai très bien pu faire une sieste, mais non, mon cerveau trouvait ça plus intelligent d'envisager mes souffrances et tenter d'élucider le mystère qu'est Andrea.

Désormais j'essaye de rester plus discrète en me faisant oublier, je n'ai plus de « baby-sitter » qui me colle au cul et Roberto ne m'adresse pas la parole, manifestant son désintérêt le plus totale pour sa fille.

D'ici quelques jours il ne se souviendront même pas de moi et je pourrais retourner à ma vie qui m'attend en France, enfin j'espère.

Je me demande si ma famille s'inquiète pour moi, est-ce que ma mère arrive à tenir le coup sans moi ? Ou a-t-elle prévenu la police et se démène pour me retrouver pensant que j'ai été séquestré par un psychopathe ?

Ce n'est pas loin de la vérité... Roberto parle toujours d'accords passés avec des tueurs à gages, de devoir torturer des gens pour obtenir des informations ou de tuer ses ennemis.

Je ne suis pas à l'aise lorsque je l'entends énumérer tous ses problèmes de « travail » alors qu'on est à table. Fort heureusement je suis bien loin de lui, ayant fait exprès de m'installer à l'autre bout de la table. Mais ça me coupe quand même l'appétit, alors que tout le monde rit et mange comme si tout cela était normal.

Pour moi ça n'est pas normal, ce n'est pas mon monde, et jamais je ne pourrais m'y faire. Et je n'ai pas l'intention de m'y habituer. Je vais rentrer chez moi, je me le suis promis et je vais y arriver. Je ne sais juste pas encore quand, ni comment... 

Bianca est la seule ici qui parait normale, elle n'est pas morbide comme les autres.

Je vois beaucoup de prostituées ici qui se droguent et ça me désole de les voir se détruire. Bianca m'a expliqué que plusieurs d'entre elles n'avaient pas eu le choix d'entrer dans la Camorra, elles étaient vendues depuis des années et ne supportaient plus cet enfer quotidien, alors la drogue les aidaient à tenir...

Roberto est monstrueux, il peut arrêter ce trafic d'êtres humains, il en a le pouvoir mais il y contribue. Je trouve ça encore plus horrible que tous ces meurtres.

TOC* TOC* TOC*

- Tu viens ? On va manger, m'invite Bianca en ouvrant la porte de ma chambre.

- J'arrive, répondis-je en la suivant.

On descend les larges marches de ces escaliers interminables pour rejoindre la table à manger où sont déjà quelques personnes. Une fille blonde me lance un sourire timide en me voyant arrivée, je ne l'ai jamais vu auparavant elle doit être nouvelle.

La pauvre, elle ne sait pas où elle a mis les pieds. Je lui rends son sourire en compatissant, l'innocence affichée sur son visage de poupée va bientôt s'envoler en poussière...

Je pars me servir à manger dans la cuisine avant de retourner m'installer à table à côté de Bianca. Puis Roberto et Nicolo arrivèrent à leurs tours en s'installant en bout de table.

- Putain il fait une chaleur de pute ! Peste Nicolo.

Toujours aussi grossier celui-là... Mais il a raison, il fait terriblement chaud dans le Sud de l'Italie. La Camorra est implantée à Naples principalement, là où les étés sont généralement assez chauds.

L'Héritière [ en pause ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant