Chapitre 19 - Roméo et Juliette

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La veille de la mission

Je suis stressée comme pas possible, même pour mon bac je n'avais pas autant le traque. En même temps je n'étais pas en danger, ni moi ni ma famille. Alors je fais ce que j'ai l'habitude depuis 3 mois maintenant quand je suis stressée, je vais sur mon balcon et j'observe le ciel étoilé. Je ne parle pas comme les autres fois, puisque je n'ai plus rien à dire. J'ai fait mes adieux à Tim, et j'ai pu dire à ma mère que je l'aimais une dernière fois au téléphone.

C'est étrange parce que je fais tout pour sortir de la Camorra afin de retourner à leurs côtés en France, mais pour autant j'ai l'impression de les avoir déjà quitté définitivement. Ma mère occupera toujours sa place dans mon coeur mais elle ne retrouvera jamais la fille qu'elle a élevée. Cette fille-là est morte le soir où on m'a kidnappé. 

Et Tim... Tim a perdu à jamais sa fiancée, je l'aimerais toujours d'une façon, mais je sais que lui n'aimera jamais la personne que je suis en train de devenir. Ce qui faisait notre union était cette capacité qu'on avait à se comprendre. Mais maintenant il ne pourra jamais comprendre ce que je vis, et je ne pourrais pas comprendre sa douleur non plus. Je l'ai perdu.

J'attrape une cigarette dans le paquet que j'ai volé à Andrea et l'allume avec le briquet que m'a donné Milo et aspire une grosse bouffée pour me détendre. Je préfère ne pas penser à Tim, je n'ai pas le temps de faire mon deuil de cette relation, je dois me concentrer sur ma mission.

Cette mission est très importante pour moi. Il faut que je la réussisse à la perfection et même plus encore. Il faut que mon père soit impressionné par mes compétences, au point qu'il me fasse sortir définitivement du réseau de prostitution et me fasse travailler dans les missions. En plus je pourrais leur être beaucoup plus utile dans la gestion de la Camorra. C'est sur cette mission que je dois faire mes preuves parce qu'elle m'assure une promotion. Et elle est cruciale pour mon plan...

Je regarde les hommes de sécurité changer de garde me signifiant qu'il est 3h, le roulement se fait toujours à 3h du matin. J'ai appris à prendre mes marques ici pour me repérer dans le temps puisque je n'ai pas le droit à un téléphone, ni même un radio-réveil ou une montre. Mais il faut que je pense à négocier un lecteur au moins pour pouvoir écouter de la musique, le monde est très pénible sans musique je ne m'en rendais pas compte avant mais c'est très important finalement.

Où est-ce que j'ai mis mon paquet putain...Rohhh fait chier, entendis-je Andrea râler sur son balcon au-dessus du mien.

Un sourire niait se dessine sur mon visage en l'imaginant retourner sa chambre pour le chercher.

Je ne lui parle plus vraiment ces derniers jours, je ne l'évite plus mais je fais en sorte d'être le moins possible avec lui. Il est trop dangereux pour moi, je ne peux pas prendre le risque de m'aventurer dans le méandre de sa noirceur, mes démons sont déjà amplement suffisants pour empoisonner mon âme. Rien que de sentir son regard ardent me brûler la peau cette semaine m'as suffit pour réaliser à quel point sa présence me consume. Je sens quand il me cherche du regard, je sais quand il me fixe, ma peau se couvre de frissons instantanément. Je ne comprends toujours pas comment c'est possible, ses yeux doivent être bioniques. Ça expliquerait son allure parfois robotique...

Oui enfin quand t'étais à califourchon sur lui il n'avait pas vraiment l'air d'être constitué comme un robot si tu vois ce que je veux dire...

Merci pour cette remarque très utile, la prochaine fois tu pourras t'abstenir, répondis-je à la voix dans ma tête. Je ne dois pas non plus penser à ça...

Je ne dois penser qu'à ma mission de demain, et à mon plan que je dois élaborer de A à Z pour qu'il soit parfait. Si je parviens à faire ce que j'ai prévu je pourrais peut-être m'en sortir vivante, mais c'est extrêmement dangereux.

L'Héritière [ en pause ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant