Chapitre 12 - Douce vengeance

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J'ai été naïve de croire que me défouler sur Andrea allait m'aider, ça n'a fait qu'accroitre cette haine en moi. Cette émotion qui me fait perdre totalement la notion de la réalité, comme si la seule chose qui importait était de détruire tout ce qui m'entourait, peu importe les conséquences. Ce n'est pas qu'une colère de passage, en réalité c'est bien plus fort que cela, comme une pulsion que je ne peux pas contrôler. A cet instant la haine fait partie intégrante de mon être, je ne ressens plus rien, ni la tristesse, ni l'angoisse ni la douleur, seulement une rage incontrôlable.

Et cette sensation Andrea la partage, en jouant à ce jeu dangereux on ne fait qu'alimenter notre haine avide de violence. Et aujourd'hui s'il a gagné c'est uniquement parce que je ne sais pas me battre contre lui, en revanche je considère avoir gagné sur le plan émotionnel. J'ai piqué exactement là où ça fait mal et sa seule défense a été de me projeter contre une table en verre... S'il veut détruire la déco du château libre à lui, en attendant il m'a prouvé qu'il a un point faible et que je peux le pousser à bout.

Et je compte bien prendre ma revanche. Je ne supporte plus qu'il obtienne toujours ce qu'il veut de moi, et encore moins qu'il touche une prime pour cela.

Je refuse que lui et mon père me dictent chacun de mes gestes, qu'ils me manipulent pour me façonner à leur manière pour avoir un bon toutou. Il est clair que j'ai des efforts à faire pour réussir à m'échapper, ils ont peut être réussi à me séquestrer dans cette mafia, mais il est hors de question que je leur donne ce qu'ils veulent.

Ils me traitent comme une gamine capricieuse alors qu'ils m'ont retiré ma liberté et arraché à ma propre vie, et je devrais rester calme et obéir comme une gentille petite fille soit disant pour avoir de « l'argent facile ». Qu'ils aillent se faire foutre eux et leur mafia.

Ils veulent que je travaille dans la Camorra, très bien, je vais y travailler, mais à ma manière. Si je dois souffrir à cause d'eux, ils souffriront avec moi. Mais il est évident qu'ils ne vont pas me tuer, sinon ils l'aurai déjà fait depuis bien longtemps, et c'est un avantage dont je compte bien en profiter.

Mais ils peuvent me frapper visiblement constatais-je en observant le sang coulé sur le sol de la douche.

Après l'intervention de Roberto je suis rapidement remontée dans ma chambre, en prenant soin de récupérer la liasse de billets qu'Andrea me devait à titre de dédommagement. Je suppose qu'il est du même avis que moi puisqu'il ne s'y est pas opposé, après tout cet argent me revient de droit, je ne vois pas pourquoi Andrea devrait toucher une prime pour le fait de me supporter.

Au bout d'une demi-heure sous la douche à essayer de me détendre, j'en sors légèrement moins tendue qu'en y entrant et lavée de tout ce sang. Je regarde mon reflet dans le miroir et constate que l'empreinte du consigliere a marqué ma peau, la trace rougeâtre de sa main encercle l'entièreté de mon cou.

C'est tellement frustrant et énervant de savoir qu'il a le dessus physiquement, quand bien même j'arrive à le blesser émotionnellement, lui peut le faire physiquement et je ne peux rien faire contre cela.

Je remonte mon regard pour finir par me fixer dans le miroir, mes yeux habituellement doux sont noircis par la colère, un flash-back du regard d'Andrea me revient instantanément. Ses yeux bruns avaient pris une teinte noirâtre, comme plongés dans la noirceur des ténèbres. Je peux jurer que son âme avait quitté son corps quand il m'étranglait, si Bianca n'était pas intervenue je ne suis pas certaine qu'il serait revenu à la réalité. La rage agissait à sa place, tout comme moi il était incapable de discerner le bien du mal, seule la haine animait nos corps nous dissociant totalement de la réalité.

Je me vengerais, je le promets.

C'est avec cette envie insatiable de vengeance que j'alla me coucher, épuisée par toutes ces émotions.

L'Héritière [ en pause ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant