À travers toi [Les frères Ortega 1]

15

Ses sens ne répondaient plus de rien. Il ne la voyait pas mais pourtant il se sentait capable de le faire.
L'imaginant aussi éblouissante que l'image qui le hantait depuis des mois : celle de la superbe femme qui l'avait sauvé.

Lorencio, galvanisé par cette impatience fougueuse de poser de nouveau ses doigts sur les courbes d'une femme, n'imaginait pas un seul instant que ce rapprochement soudain, allait le bouleverser indéfiniment. Le marquer au fer rouge. Le lier irrévocablement à cette douce créature.

Rachel ne trouvait plus d'air, tremblante, elle s'abandonnait tout entière à cet homme qui d'un regard avait fait volé en éclat chaque cadenas scellant son coeur intouchable.

Leur baisé hésitant se transforma sans surprise en un langoureux échange, frôlant passion et duel. Et Lorencio était le maitre en la matière. Les lèvres de l'infirmière demeuraient de loin, les plus délicieuses qu'il avait pu gouter jusqu'alors.

Dans un effort pour paraître moins inexpérimentée qu'elle ne l'était, Rachel osa poser une main derrière la nuque de ce beau brun au parfum envoutant.
Alors Lorencio attrapa son visage en coupe, et l'embrassa comme un homme déterminé savait le faire, faisant totalement perdre la tête à la fragile jeune femme ; cette même jeune femme responsable des tressauts de son coeur.

Et puis dans un effort ultime, alors qu'il n'avait qu'une idée en tête, celle de l'allonger sur ce canapé bon marché, Lorencio s'obligea à donner à cette femme toute la valeur dont elle méritait.

Ce fut ainsi que délicatement et à contre coeur, il la relacha, les privant immédiatement de cette chaleur vivifiante.

La sachant toujours toute proche, le beau brun expira avec profondeur, rassemblant le peu de raison qu'il lui restait.

— Reviens au manoir. Finit-il par lui adresser dans un murmure.

Des frissons se dispersèrent sur sa peau dorée de Rachel. Les paupières à présent entrouvertes, elle contemplait ce beau brun en face d'elle, réalisant à moitié ce qu'elle venait de vivre.

Il venait de la tutoyer. Serrant un peu plus cet organe enfoncé dans sa poitrine.

— Pourquoi? Demanda t-elle avec fragilité.

— Je ne sais pas. Avoua t-il en toute transparence.

Sa réponse ne fut pas à la hauteur de ses attentes. Mais qu'attendait-elle réellement de cet homme?
Rachel n'en savait rien, elle non plus.

— Ma présence à vos cotés ne devrait pas être votre priorité Lorencio. Votre santé par contre...

Il la coupa sans réserve.

— Ma santé s'est nettement améliorée depuis que tu es là. Je me trompe?

Et Lorencio disait vrai. Elle ne pouvait pas le contredire sur ce point.

— Reviens Rachel. Insista t-il cette fois ci en tenant sa main dans la sienne.

Elle se pinçait les lèvres. Et tant mieux, s'il ne pouvait pas la voir. Car si ça avait été la cas, il l'aurai embrassé de nouveau.

— Entendu... Finit-elle par dire, en priant pour ne plus croiser la route de Luna.

Un sourire trouva place sur le visage plein d'inquiétude de Lorencio.

— Je resterai à vos cotés jusqu'à ce que vous n'auriez plus besoin de moi.

— Oublie le vouvoiement Rachel ! Je viens de t'embrasser.