chapitre 35

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CETTE HISTOIRE NE M'APPARTIENT PAS

Hermione fut conduite par des femmes plutôt âgées par rapport aux autres. Passé environ vingt-cinq ans et des grossesses à répétition depuis l'âge de seize ans, il semblait difficile de leur demander autre chose que de s'occuper du confort des Morgoles. Arriver à une trentaine d'années semblait un exploit en ce milieu hostile. Elles avaient la peau défraîchie, molle et le teint jaunâtre. Leurs corps déformés par un trop grand nombre d'enfantements affichaient la fragilité de château de cartes en plein courant d'air. Toute force vitale les avait désertées. Le cœur d'Hermione se resserra lorsque l'une d'elle fut atteinte d'une quinte de toux comme l'aurait été sa grand-mère de plus de quatre-vingts ans. La « jeune » femme, contrainte d'arrêter de marcher, fut totalement ignorée par les autres qui poursuivirent leur chemin, ne semblant pas se soucier de l'agonie de leur semblable. Hermione s'arrêta pour lui porter secours, s'horrifiant à la vision du sang s'écoulant de sa bouche. Elle commença alors à lui prendre le bras pour la relever mais la malade se laissa tomber comme un poids mort, toussant de plus en plus violemment. Son visage vira au violet alors qu'elle se recroquevillait sur elle-même, incapable de reprendre son souffle. Malgré toute sa bonne volonté, Hermione restait impuissante face à la détresse de la pauvre fille. En désespoir de cause, elle se tourna vers les autres, figées dans son dos.

- Mais aidez-moi à la relever, voyons ! s'exaspéra-t-elle sans aucun effet sur ses interlocutrices.

La Gryffondor s'affaira encore quelques secondes, pensant que les autres allaient enfin sortir de leur léthargie et retrouver un peu de bon sens, mais elle finit par s'immobiliser à son tour, leur lançant un regard plein d'interrogations. La toux de la captive redoublait encore et encore, le sang se répandait sur ses vêtements, dans une hémorragie impossible à stopper. Hermione restait la bouche ouverte, incrédule face à la scène se déroulant devant elle. Si les autres filles s'étaient immobilisées, c'était uniquement parce qu'elle-même, future reine, avait stoppé sa progression, mais à aucun moment, elles n'avaient eu l'intention d'aider la pauvre fille agonisant à même le sol, s'étouffant dans la poussière putride de cet enfer.

« Ah non, je ne renoncerai pas ! » s'efforça de penser la future reine pourtant impuissante.

- Aidez-moi ! Vous ne voyez donc pas qu'elle va mourir ? Aidez-la, il doit bien avoir un moyen de la soigner ?

A terre, le corps fané de l'otage était à présent secoué de convulsions toutes plus importantes et terrifiantes les unes que les autres.

- Aidez-moi ! hurla-t-elle à l'encontre des zombies au regard vide et dénué d'âme se tenant devant elle. AIDEZ-MOI ! cria-t-elle de tous ses poumons. JE VOUS ORDONNE DE M'AIDER ! usa-t-elle dans une dernière tentative qu'elle savait vaine, mais c'est à cet instant précis qu'un silence froid s'infiltra dans le réseau de couloirs, tel une infection fétide. Les larmes aux yeux, Hermione osa un regard à ses pieds où une enveloppe vide traînait comme un déchet non évacué. Elle eut simplement le temps de capter la dernière étincelle de panique chez la victime, le regard plongé dans le sien ; il sembla à Hermione que cette dernière l'avait remerciée sans pouvoir le verbaliser. Mais la future reine savait pertinemment qu'il n'en était rien, cette fille était morte depuis longtemps, seule son enveloppe corporelle venait de rendre les armes après tant d'années de souffrance. Les yeux au bord du cœur, elle tourna son regard vers les autres témoins de la scène. Qu'allait-il se passer à présent ? Elles n'allaient tout de même pas l'abandonner ainsi, comme un chien ? Cette fille avait droit à une sépulture décente ! Elle n'osait plus bouger, de peur que ses propres pensées ne deviennent réalité. Si elle recommençait à marcher, les autres filles allaient la suivre, abandonnant leur camarade d'infortune à même le sol. Non, ça ne pouvait pas se passer ainsi, c'était impossible...

les morgolesWhere stories live. Discover now