chapitre 28

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CETTE HISTOIRE NE M'APPARTIENT PAS

A ces mots Ron recracha la gorgée qu'il était en train d'avaler et tous se retournèrent lentement. Harry et Ron bondirent de leur chaise pour aller la prendre dans leurs bras. Le trio était enfin reconstitué. Des larmes et des cris de bonheur retentirent dans la pièce à en étourdir l'amazone qui avait perdu l'habitude de tant d'agitation. Mais dès l'instant où elle se retrouva avec eux, tout était comme si jamais elle ne les avait laissés. Rassurée, elle profita de cet instant inestimable car elle savait que ce n'était qu'un moment de calme avant la tempête. Elle savait que leurs retrouvailles ne suffiraient pas à tout oublier.

Bientôt Ginny les rejoignit dans leur étreinte. Patricia, elle, restait en retrait. Elle était heureuse pour eux évidemment, mais constater le bonheur de Ron lui faisait atrocement mal. Les quatre amis semblaient soudés au point de ne former qu'un cercle très fermé. Pourtant, Hermione prit un peu de distance et remarqua la présence de la jeune femme. Son estomac se resserra alors atrocement. Mais comment lui reprocher ce qu'il s'était passé entre elle et Ron ? Si quelqu'un était à blâmer, c'était bien lui. Elle décida alors de faire le premier pas alors que Patricia semblait absente, les yeux rivés sur le sol.

- Hermione, entendit-elle, l'obligeant à relever la tête pour regarder la main qui lui était tendue.

- Je m'appelle Hermione, enfin tu dois le savoir, lui répéta-t-elle sur le ton le plus amical qu'elle put.

- Patricia, répondit-elle, un peu étourdie, en serrant la main de sa rivale. Je... je crois que tu as laissé tomber quelque chose.

Hermione se retourna brutalement constatant avec effroi qu'il ne lui restait plus que l'enveloppe vide dans les doigts ; mais avant qu'elle ne puisse se baisser pour récupérer la lettre destinée à Drago, Ron avait saisi le petit bout de papier.

- Non Ron, rends-le moi. Et d'un geste irréfléchi, Hermione le lui arracha des mains, provoquant des regards perplexes dans l'assistance et installant un blanc extrême gênant. Les joues de la rouge et or s'harmonisèrent avec les couleurs de sa maison et elle se sentit obligée d'apporter une « justification ». C'est... enfin c'est personnel, un courrier personnel.

Patricia attendait les réactions. Elle savait que, depuis son arrivée, tous les courriers partant de ce « repaire » de l'Ordre du Phénix devaient être approuvés afin de vérifier qu'aucune information, même déguisée, ne pouvait conduire les Mangemorts en ces lieux. Non pas que l'un d'entre eux ne soit suspecté de trahison, mais parfois une information pouvait filtrer involontairement : le nom d'une personne, un sentiment de déception, ou au contraire de joie après la destruction d'un horcruxe... Chacune de ses lettres destinées à ses parents, pourtant oeuvrant aussi pour l'Ordre en France, était validée par plusieurs personnes. Les membres les plus importants de l'organisation eux-mêmes se faisaient relire entre eux, pour véritablement aseptiser la moindre ligne. Alors il en serait forcément de même pour celle-là. Elle assista donc avec une certaine délectation au ping-pong des regards, tout le monde se demandant qui aurait le courage de lui expliquer que maintenant, la notion « d'intimité » était devenue bien relative.

- Hermione, ma chérie, débuta alors Madame Weasley de sa plus douce voix en s'approchant d'elle. Il faut que tu comprennes maintenant que la guerre est déclarée. Nous estimons que Voldemort ne va pas tarder à passer à l'action. Nous avons tous décidé, et ce à l'unanimité, insista-t-elle, de tout partager et aucun courrier ne part d'ici sans avoir été « validé » par un ou plusieurs membres de l'Ordre. Tu comprends ma chérie ? C'est important...

Hermione se rembrunit, écœurée d'être observée comme un rat de laboratoire, ses sentiments et réactions disséqués en public. Elle sentit alors déferler la colère et un fort sentiment d'injustice. Cette nouvelle épreuve eut pour seule conséquence de lui faire ressentir l'absence de Drago. Qui étaient ces étrangers qui la jugeaient ? Qu'avaient-ils donc fait de ses véritables amis ?

les morgolesWhere stories live. Discover now