En troisième année de journalisme, la vie de Nesmée est parfaitement rangée. Elle sait ce qu'elle veut, quand elle le veut et pourquoi. Rien ne peut la faire dévier de son objectif. Belle, douce et l'une des filles les plus populaires de l'universit...
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Maman sanglote parce que papa est parti et il ne revient toujours pas. Ça fait presque deux semaines. Je le sais parce que j'ai compté. Je suis un peu triste, mais pas trop. Je n'aime pas quand ma maman pleure, ça me rend toujours malheureux.
Elle est dans la cuisine, la tête sur la table et elle ne bouge plus. À part ses épaules parfois. Sans faire de bruit, car elle n'aime pas trop ça, je m'approche d'elle pour la prendre dans mes bras. Quand je suis juste à côté d'elle, j'entends ce qu'elle marmonne et ça me donne beaucoup envie de pleurer car ça veut dire qu'elle ne m'aime pas.
- Seigneur délivre moi du mal, reprends mon fils près de toi si il le faut car avec lui, ma vie est misérable. Que t'ai-je fais pour mériter cet enfant. Est-ce une épreuve que tu m'envoie ? Car si c'est le cas, je n'arriverais jamais à la surmonter.
Je renifle parce que mon visage aussi est tout mouillé. C'est triste que maman veuille que Dieu me récupère, parce qu'une fois, j'ai entendu une maman dire à sa fille qu'elle était le plus beau cadeau que Dieu ne lui ai jamais donné. Moi, on ne m'a jamais dit ça et je suis un peu jaloux.
Mes paupières s'ouvrent et je vois maman me regarder avec un grimace. Elle n'est pas contente mais je ne sais pas pourquoi. Je fais toujours très attention à ne pas faire de bêtise. Je range ma chambre, fais mes devoirs, l'aide à cuisiner et à l'école j'ai arrêté de me battre. Quand j'avais six et sept ans, je tapais quand on se moquait de moi. Maintenant j'en ai huit et je suis un grand, alors finit les conneries, comme disent les adultes.
La maîtresse est fière de moi, elle dit que je suis une petit garçon intelligent. C'est aussi grâce à elle que je suis plus sage. Quand j'étais tout seul avec elle en début d'année, car maman m'avait oubliée, elle a dit qu'elle aurait aimé avoir un petit garçon comme moi. Juste car ma différence est magnifique et que je dois en être fière. Alors je l'ai écouté et j'ai décidé que je serais plus fort parce que je n'étais pas comme les autres. Ce n'est pas toujours facile, c'est même plus souvent difficile. Néanmoins, je continue de me battre.
- Aÿron qu'est-ce que tu veux ? File dans ta chambre je ne veux plus te voir avant plusieurs jours.
- Mais maman tu es triste et je voulais te faire un câlin.
Elle éclate de rire. Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle dans ce que j'ai dit. Je suis sincère. Moi j'aimerais que maman me prenne dans ses bras quand j'ai peur, que je pleure ou que j'ai froid. Elle ne le fait jamais. Parfois, elle me laisse tout seul à la maison le week-end. D'après elle, je suis assez grand pour me débrouiller. Quand elle fait ça, c'est pour retrouver papa quelque part. Apparemment il ne veut pas me voir tant que je ne serais pas un vrai homme. Mon papa est méchant. Et maman, elle devient comme lui.
Avant, elle n'était pas comme ça. Elle était gentille, douce et elle me faisait des gâteaux pour mon anniversaire. J'avais même le droit à un nouveau jouet même si on a pas beaucoup de sous. Avant, elle était fière de dire que j'étais son fils. Maintenant, elle a honte. Mais je l'aime quand même, parce que c'est ma maman. Aujourd'hui, je crois que ça va changer car je sens que maman va dire un truc qui va me rendre très, très triste.
