𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝑽𝑰 - 𝑨𝒄𝒄𝒐𝒓𝒅 𝒔𝒆𝒄𝒓𝒆𝒕

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𝓔𝓭𝓮𝓷 🦋



Je pénétrais l'immense villa aux murs ocres.

Escortée par deux agents de sécurité, je suivais les pas de l'homme resté loin devant moi. Ce dernier ne m'adressait aucun mot depuis mon arrivée... et c'est en ressentant la froideur de son caractère que je marchais, aveuglément, dans son sillage cadré de requins en costumes.

Mon regard explorait les coins du chemin vers l'inconnu.

Apanage du monde contemporain, l'intérieur de la villa contrastait avec l'extérieur. Tel un coffret à la façade provençale, elle révélait en son sein un trésor moderne fait de tableaux et de meubles design.

Oeuvres cubiques, sol de marbre et photos de célébrité passées : L'atmosphère offrait un univers aussi clos qu'insoupçonnable depuis l'étranger. Je reconnaissais certaines pièces dont Gabriel m'avait parlé ; des travaux exposés lors d'expositions fréquentées à Paris les soirs d'hiver.

Nous nous enfoncions dans un couloir aussi profond qu'épais. On aurait cru que la lumière avait peur d'y pénétrer...

Un mystérieux tableau attira mon attention. Il surgit tel un gouffre dans la clarté de la pierre blanche. Sombre, mais gigantesques, ses lignes brutes et marrons dessinaient le portrait d'un homme sévère.

Je n'eus que quelques instants pour l'observer, mais je notais d'emblée la similitude de ses traits avec celui resté muet en tête de cortège. La profondeur de ses yeux verts, la force de sa mâchoire et l'obscurité de ses cheveux se retrouvaient transportés sur la toile immobile. Un seul élément différenciait les deux visages : L'âge...

Le brun ne s'étant toujours pas retourné semblait nettement plus jeune.

Qui était-il ? Allait-il me conduire vers Monsieur Ivanov ? Ma raison me certifiait que ça ne pouvait être lui. Beaucoup trop jeune et simplement habillé, il n'avait pas l'étoffe d'un milliardaire russe à la vie tumultueuse.

Peut-être était-il son fils...

Les hommes que je fréquentais se perdaient dans un spectre identique : Quarantenaire ou quadragénaires en besoin d'une compagnie suffisamment bête, mais jolie d'apparence, pour remplacer leur femme "fanées" par le temps.

Il n'y avait aucune raison pour que cela ne change...

Le portrait de mon futur client peinait à se former dans mon esprit tandis que nous approchions d'une immense porte. Le dos du meneur à l'avant se figea ; celui des agents de sécurité dans le même laps de temps.

Aucun écho n'osait troubler le repos monacal de cette forteresse de pierre. Elle semblait être un infini labyrinthe parcouru de vent...

L'inconnu finit par pousser les panneaux dans un grincement issu de la lourdeur du bois. L'horizon s'illumina dès lors que nous pénétrâmes une pièce aux mille fenêtres. Un courant chaud se baladait dans ce lieu nettement plus lumineux que le reste de la villa.

Ton invitée est là.

La voix du brun se révéla enfin dans ce vaste salon donnant vue sur un jardin. Il faisait plus clair. Quasiment blanche, la salle abritait des meubles fait de verres ainsi qu'un piano confondu dans la virginité du décor. Une femme se tenait assise sur le canapé de cuir ; droite et immobile à l'image d'une poupée.

Son visage tout aussi jeune que celui de l'homme se révélait plus clair, plus amicale, plus souriant. La robe qu'elle portait se fondait avec la blancheur de sa peau et la blondeur hivernale de son chignon serré.

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